ONE

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Je cours. Encore et encore. Je n'en peux plus. Je ne sais pas pourquoi, ni comment je suis arrivé ici. Ça va bien faire quatre heures que je suis là. Je suis avec trois autres gars dont une fille. Ils ont l'air d'avoir l'habitude. Et surtout, ils ont l'air d'en avoir marre de devoir s'occuper de moi. J'ai donc décidé de partir de mon côté. Mauvaise idée. Le psychopathe, parce que oui, y'a un psychopathe, me poursuit en marchant vite depuis près d'épidémie heure alors que moi, je cours comme un dératé. J'en peux plus. Je suis à bout de souffle, à bout de force. Mon esprit tourne à plein régime et est amorphe en même temps. Mon corps surchauffe, mais des sueurs froides le parcours en permanence. Des nausées ignoble me prenne à chaque fois que je me sens ralentir. Je sais que, bientôt, mon corps n'en pourra plus, mon esprit est déjà loin. Je m'en fou de ma famille actuellement. De toute façon, ce n'est qu'une bande de connards misogynes et homophobes... Je veux juste vivre. Survivre. Je cours encore, tourne à droite, passe entre deux voitures et fais tomber une palette, passe par dessus une fenêtre et descend au sous sol de la grange. Merde. Acculé. Je me retrouve acculé. Seul. Acculé par ce psychopathe qui veut clairement ma mort. Je pourrais me cacher dans un placard, mais à quoi bon. Je n'ai pas de seconde sortie. Je suis nul. Inutile. Même pas foutu de sauver ma propre peau.

Le psychopathe entre, et je me sens soudainement épuisé. J'avance d'un pas lent vers lui, alors qu'il s'arrête, comme surpris. Il semble analyser chacun de mes putains de gestes. Je marche d'un pas lent et lourd, les bras balant et les larmes aux yeux. Ça y est, je suis devant lui. Je pourrais le supplier. Mais à quoi bon. Il est clair qu'il veut me tuer. Peut importe ce que je ferais. Je me laisse donc tomber au sol et m'assois en tailleur, les mains sur les genoux, et la tête basse. Je me sens sale. Seul et sans aucun espoir. Les larmes coulent enfin, silencieuses mais traîtres. L'homme s'avance et s'assoit devant moi, dans la même position. Son visage, je ne le vois pas. Il est tellement grand. Il a l'air fort. Il est tout l'inverse de moi. Moi qui suis si chétif, faible, fragile... je me hais. Il lève une main et je ferme les yeux, attendant que les coups se mettent à pleuvoir.

Au lieu de cela, je sens une main ferme et grande, venir soulever mon visage en douceur. J'ouvre les yeux avec difficulté tant je suis épuisé pour faire face à un masque. L'homme porte un masque en plastique fin et souple. Je ne peux que voir ses yeux, mais dans la pénombre ambiante, je ne peux pas distinguer leur couleur... sa main est chaude... c'est troublant... il se penche vers moi, glisse ses mains dans mon dos, et me soulève, de façon à me faire asseoir sur ses jambes. Je me sens étrangement bien. Il sent bon... c'est une odeur rassurante. Je me sens partir doucement vers l'inconscient, alors que je me sens être soulever et porter en mariée.

****

J'ai l'impression d'être protégé dans un cocon de chaleur. Quel étrange sentiment... ça ne m'étais plus arrivé depuis que j'ai annoncé à ma famille que je suis gay. Ça veut dire... que ça ne m'ai plus arrivé depuis au moins six ans. C'est long six ans... une main grande et rugueuse se pose sur ma joue. C'est chaud et réconfortant... j'aime ça. Quand la main s'en va, je l'attrape avec la mienne, et la pose devant mon visage, collant mon front contre celle-ci. La main reste. C'est si agréable... je me sens partir à nouveau vers l'inconscient. Je n'ai pas envie. J'ai peur que ça soit un rêve...

"Dors."

Fait une voix grave et gutturale. Les larmes montent toutes seules alors que je sers un peu plus la main contre mon visage. Je sens alors le lit s'affaisser de par et d'autre de mon corps, et un corps chaud vient m'envelopper avec douceur alors que les larmes se tarissent. Je me blotti d'autant plus contre cette source de chaleur, alors que la main sert la mienne avec délicatesse.

****

Je me réveille pour la deuxième fois. Mais pour le coup, j'ouvre les yeux et regarde au alentour. Je suis dans un genre de cabanon, sur un lit tout rapiécé. Une étagère couverte d'objet en tout genre et de poussière se trouve sur ma droite, un mur et une fenêtre à ma gauche, et un bureau sur tréteaux droit devant. J'y pense mais... Je ne suis pas mort ? Je veux dire... j'étais quand même poursuivi par un psychopathe, et au final, je me retrouve seul, probablement en sécurité, et quelqu'un était là pendant mon bref réveil. Et... cette personne m'a fait me sentir en sécurité... c'était... relaxant et... satisfaisant ? Oui, c'est cela. Je me redresse délicatement sur les coudes, puis m'assois au bord du lit tout miteux. Je me sens reposé et serein. Je me lève en douceur, histoire d'éviter les habituelles chutes de tensions, et me dirige vers la porte. Je l'ouvre discrètement et jette un coup d'oeil au dehors. Un genre de salon cuisine salle à manger me fait face. Ça a beau être dans un salle état, c'est plutôt... chaleureux ? Quoique... c'est du sang sur le mur là-bas ? La tâche d'un brun suspect semble être à la même hauteur qu'une tête humaine. Mais étrangement, je reste plutôt calme. Je pénètre dans la pièce et fais quelques pas avant de sursauter quand la porte claque dernière moi. Je sursaute et me retourne si vivement que ma tête tourne affreusement. Devant moi, je distingue un corps humain de taille plutôt impressionnante qui me rappelle malheureusement le psychopathe... psychopathe qui ne m'a pas tué... peur être n'en à t'il pas eu le temps ?

J'abandonneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant