Cette nuit, en ouvrant la fenêtre du salon, j'ai constaté qu'elle était là. Elle produisait un son apaisant en tout cas.. Pour moi. Elle faisait son travail en arrosant la ville entière. D'ailleurs, celle-ci était calme, silencieuse... Seul son bruit, celui de la pluie, brisait ce silence de mort. La ville était inanimée à cause de cette eau tombante du ciel, les gens ont tendance à se mettre à l'abris, à la fuir, ou encore à râler quand elle pointe le bout de son nez. Mais moi, je suis content quand je la vois couvrir le ciel beaucoup trop bleuté. Il est deux heures du matin et je sors de chez moi pour aller me balader sous la pluie. J'aime beaucoup la regarder tomber du ciel, écouter le son qu'elle produit, voir les dégâts qu'elle cause à certains endroits mais aussi me balader afin de sentir sa froideur entrer en contact avec ma peau. Bizarrement, elle enlève tout le stress que j'ai en moi lorsqu'elle est là.. Peut-être parce qu'elle me rapproche de lui ? Ou plutôt.. Car j'ai l'impression d'être plus proche de lui lorsqu'elle est là, surtout la nuit. J'ai toujours préféré la nuit au jour et j'ai toujours aimé la pluie mais depuis 2 ans.. Encore plus.
Sous ces millions de gouttes, je repense à notre rencontre.. À notre commencement, à notre histoire, à nos moments inoubliables, à nos souvenirs gravés à jamais, à nos rires, à nos sourires, à nos étreintes, à nos ébats, à nos caresses, puis.. À nos disputes, à nos larmes, et.. À notre fin. Je me demande si je dois regretter d'être sorti sous la pluie ce soir là.. Mais ce questionnement ne reste pas longtemps car, malgré tout ce que ça a causé, je ne regrette en rien notre histoire.
Je me sens seul, tout le temps, mais la solitude que je ressens sous la pluie.. Je l'aime bien. Elle m'apaise, elle me permet de me sentir calme, de me ressourcer. Et surtout... Elle cache les larmes qui coulent sur mes joues. Elle étouffe mes sanglots avec son bruit si plaisant mais elle ne peut cacher mon corps s'éffondrant sur le béton. Malheureusement, elle ne peut non plus couvrir le son de mon coeur qui se brise à nouveau. Je l'entends comme j'entends un quelconque son "normal" mais surtout je le sens.. Je le ressens beaucoup trop même.
Il me manque tellement, cet insolent. Je le détestais jusqu'à l'aimer. Je n'aurais pas dû. Mais je suis tombé pour lui. J'ai si mal putain, je ressens un vide énorme sans sa présence. Le silence qui a prit sa place, je le déteste si profondément. Sa présence me manque terriblement, ses mots doux, ses gestes affectueux, ses "je t'aime", ses regards sur moi, ses conneries, ses baisers, ses mains qui se baladent sur mon corps, sa chaleur apaisante, son sourire, son rire.. Tout ça me manque.
M'as-tu oublié ? Penses-tu à moi comme je le fais pour toi ? M'aimes-tu encore, Park Jimin.. ?
Mon faible corps reste bloqué sur le sol, alors que des sanglots s'échappent de ma gorge. Je ne ressemble plus qu'à un vieux déchet en étant là, comme ça, couché sous la pluie. Et, sans savoir pourquoi, je me mis à dire à voix haute tout ce que j'aimerai lui dire.. Alors que je suis seul.
<<Ton silence raisonne dans ma tête jusqu'à me faire devenir fou. Je me sens si vide, ce jour là tu t'en es allé avec une partie de moi. Partie que tu ne m'as jamai rendue et qui t'appartiendra à jamais. Le creux qui s'était construit en moi pour laisser de la place à ta présence est toujours là.. Il ne daigne pas à se reboucher.. Et j'en souffre tellement. Car je sais que tu es le seul à pouvoir le combler. Je vais devoir apprendre à vivre avec ce vide en moi mais c'est dur.. Je ne sais pas si j'arriverai à être plus fort que le manque de ta présence. >>
Des sanglots de plus en plus bruyants sortent d'entre mes lèvres et ma respiration se fait plus saccadée. L'horrible sensation dans ma poitrine me rends tout fébrile, faible, et il me fait mal. Terriblement mal. La vérité m'a étouffée jusqu'à ce que j'en suffoque, la vérité a écrasé mon coeur jusqu'à ce qu'il se réduise en poussière. La vérité est si cruelle.. Comment un être comme toi à pu me cacher une vérité comme celle-ci.. ? Une vérité destructrice que tu m'as révélée au moment où tu savais que ça me ferait le plus mal. Tu m'as détruit et comme un con je continue de t'aimer avec les millions de petits morceaux qui formaient auparavant mon coeur.
J'ai essayé, j'ai vraiment essayé d'aller mieux mais mes réelles émotions ont finies par me rattraper. De toute façon je ne pourrais jamais leur échapper. Je suis condamné à vivre tout ça. Peut-être que je le mérite, au final. Je veux ne plus rien ressentir, je suis si fatigué.. Si épuisé.. Épuisé de faire des efforts, épuisé de me battre contre des émotions beaucoup plus fortes que moi-même. J'ai l'impression d'étouffer, de marcher dans un tunnel sans fin, qui ne mène à rien. Tu étais censé me guider et me donner la force dont j'avais tant besoin. Mais tu m'as lâché. Et tu ne reviendras pas avant qu'il ne soit trop tard. Je n'aime plus rien, plus personne, je ne m'aime plus moi-même. Tu es le seul que mon coeur aime encore malgré tout ce que tu lui as fais.
J'étais si heureux avant.. Si vif.. Mais c'est fini.
Je me relève et je marche, sans but, sans envie, sans vie, sans émotions.. Je marche.. Sans rien, à part la tristesse et la fatigue.
"Beauty"
Le surnom que tu donnais à notre relation car comme tu disais elle représentait la beauté de l'amour. Alors c'est comme ça que tu prends soins des belles choses.. ? En les brisant comme le vase que tu as jeté contre un mur juste avant de partir.. ?
Je me sens si désolé envers mon corps et mon coeur. Si désolé de ce que je leur ai fait subir par ta faute. Désolé envers mon coeur de l'avoir donné à une personne comme toi. Mon cerveau t'en veut alors que mon organne vital t'aime encore si fort.. Après 10 mois sans toi, sans que tu ne fasses rien pour entrenir son amour pour toi.. Il persiste à t'aimer. À croire qu'il t'aimera jusqu'à ce qu'il meurt.
Je m'installe sur un banc d'un stade et je sors un cutter de ma poche. J'en ai toujours un sur moi pour me défendre en cas de problèmes même si c'est considéré comme une arme blanche. Je fais glisser la lame afin que quelques centimètres de celle-ci sortent de son "boîtier" et je la regarde avec attention avant de sourire. Pour la première fois depuis ces 10 mois.. Je souris. Je prends mon téléphone et j'envoie un message à SeokJin.
{De Yoongi à SeokJin hyung}
"Bonsoir hyung, je voulais juste te faire un petit message pour te dire merci. Merci d'avoir été là pour moi et d'être aussi attentionné. J'aimerais que tu me fasses la promesse de prendre soin de toi et de vivre une vie heureuse. Tu le mérites amplement, s'il te plaît, ne m'oublie pas. Et pense à moi, sans larmes ! Je refuse que tu penses juste à ma fin.. Je veux que quand tu penses à moi, que tu penses à nos moments de joies et de rire. Penses seulement à nos bons souvenirs. Tu es un ami exceptionnel, continue de prendre soin des gens comme tu le fais mais ne t'oublies surtout pas. Je t'aime. Et encore merci."
Je relis le message avant de me lever et d'aller m'installer dans l'herbe après avoir rangé mon téléphone.
Une ouverture sur le bras gauche, un premier pas vers la liberté.
Une ouverture sur le bras droit, un deuxième pas vient se se produire.
Je m'allonge et je ferme les yeux, un sourire aux lèvres : un troisième et derniers pas vient de se faire.
La fin qui marque mon dernier souffle est un sourire qui marque le début d'une libération éternelle.
{Fin.}