Episode 1: Les tremblements et l'ourson (part 1)

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J'étais au fond du magasin quand c'est arrivé.
Il faisait chaud, c'était une belle journée d'été sur l'Ile de Ré.
Le soleil battait son plein, il était quatorze heures.
Moi et mes parents étions rentrés dans une petite boutique de déco en plein centre-ville.
Et voilà que je me trouvais au milieu des tableaux et des meubles en bois peints, contemplant par la fenêtre le beau soleil, quand tout a commencé.
- Regarde Antoine, comme cette table irait bien dans notre salon!
Ma mère était une femme exceptionnelle. Elle travaillait dur toute l'année, 12h par jour et 6 jours par semaine pour nous permettre de partir en vacances.
De plus, elle était très gentille avec nous, même si sa fatigue la rendait parfois nerveuse.
-Combien coûte-t-elle? Demanda mon père en parlant de la table.
Ce dernier était beaucoup moins bien que ma mère. Il avait plongé dans l'alcoolisme quand j'avais deux ans, il y avait donc douze années de cela.
Depuis, il était agressif et fénéant, si bien qu'il dormait une bonne partie de la journée.
Mais pendant les vacances, il essayait de faire des efforts.

-140 € chuchota ma mère.
Pour moi, ce prix était énorme pour une simple table en bois, mais mes parents semblaient trouver cela raisonnable. Pourtant, nous étions en vacances, et pour eux, pas question de s'encombrer d'une table!
Nous avançâmes un peu plus vers le fond de la boutique, longeant une grande étagère bleu-ciel sur laquelle étaient affichés des oursons en peluche, classés par ordre de grandeur.
Je les trouvais tellement beaux que je ne put m'empêcher de m'arrêter un instant pour les regarder.
Leur poil était tout doux, et ils me donnaient envie de me blottir contre eux. Je me dis que ces ours feraient de très bons oreillers!
-Regarde Antoine! 
Je n'eut pas le temps de me retourner vers ma mère qu'un tremblement secoua violemment les murs et le plafond du magasin.
Mes parents froncèrent les sourcils.
Je n'avais encore jamais senti de telles secousses!
Mais je n'avais encore rien vu: quelques secondes plus tard, des tremblements, encore plus intenses que les premiers, firent tomber des pots de fleurs posés sur des étagères, à l'autre bout de la pièce.
La vendeuse -une femme aux cheveux mi-longs et au teint pâle- grogna:
-Pfff! Saleté de tempêtes! Ces pots ils coûtaient un bras!
A ce moment-là, je me suis raccroché à l'idée que ce n'était effectivement qu'une tempête, et l'attitude de la vendeuse me rassura. Je me suis dit que si vraiment il y avait quelque chose de grave dehors, elle ne serait pas en train de penser au prix de ses fleurs!
Je jetai un coup d'œil à ma mère qui paraissait aussi rassurée que moi.
Nous avons hésité un moment avant de proposer notre aide à la vendeuse.
Cinq minutes s'étaient écoulées , pendant lesquelles nous avons enlevé tous les morceaux de verre éparpillés sur le plancher.
La vendeuse nous remercia d'un sourire et s'adressa à moi:
-Tiens, vas donc te chercher l'un de ces oursons que tu as regardé. Je te l'offre.
Elle ne dut pas me le dire deux fois! Pendant que mes parents avaient insisté pour payer, j'étais retourné devant l'étagère où tous les oursons étaient alignés.
Je remarquai aussitôt qu'aucun d'eux n'avait bougé.
Je réfléchis un moment avant de m'emparer de l'un des plus gros.
Il me paraissait encore plus beau que les autres, pour une raison inconnue.
C'était comme si j'avais été attiré par lui, et que je ne pouvais faire autrement que de le ramener avec moi à la maison.

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