Le Chêne Blanc

Chapitre 12

     Le lendemain matin, Hiryu grimaça en se levant. Le jeune homme n'était pas très matinal et il ne s'était pas levé même quand il avait senti le milicien sortir du lit. Il avait fait un effort surhumain pour ouvrir les yeux et voir l'homme aux cheveux noirs entrer dans la petite salle d'eau privée que possédait la chambre. Il l'avait ensuite regardé remettre sa tenue austère de milicien :

- Vous êtes bien plus beau sans, annonça alors Hiryu avec un sourire endormi.

Le jeune homme se rendit immédiatement compte qu'il venait de parler à voix haute et il se sentit rougir jusqu'aux oreilles. Le rire d'Asgeir n'arrangea rien :

- Je ne doute pas que tu me préfères avec moins de vêtements, mais il va falloir que tu t'habilles également avant que Mevir ne vienne te chercher.

Hiryu râla mais se leva quand même. Il grimaça en sentant la douleur mordante qui parcourait ses cuisses et le bas de son dos. Ses plaintes firent rire le milicien qui ne se gêna pas pour regarder le corps nu du prostitué. Ce dernier prit son temps pour aller se laver dans la petite pièce d'à côté, savourant le regard d'Asgeir sur lui.
En quelques minutes, le jeune homme avait remis sa tenue légère de la journée. Il discutait avec le milicien quand un coup fut frappé à la porte. Asgeir ouvrit au gérant de la maison de plaisir :

- Pour que Rohen ne se doute de rien, j'ai déjà préparé ton sac, Hiryu, annonça-t-il en entrant. Il faudra juste que tu changes de vêtements avant de rejoindre tes camarades pour le repas. La matinée est assez fraîche alors personne ne fera attention si tu mets une tenue un peu plus chaude.

- Je n'aurai pas le temps de me changer avant de partir ? demanda alors Hiryu.

- Rohen risque de ne pas t'en laisser le temps, répondit Asgeir. Il faut que tu sois prêt le plus tôt possible.

Hiryu acquiesça et se dirigea vers la porte où l'attendait Mevir. Il sentit alors une main ferme lui saisir le poignet. Il tourna la tête vers le milicien qui l'embrassa sans attendre. Il se donna corps et âme à ce baiser qui ressemblait un peu trop à un adieu à son gout :

- Fais-moi confiance, finit par dire le milicien. J'arriverai à temps.

- J'ai confiance en vous, répondit Hiryu avant de murmurer. Je vous attendrai, Asgeir.

Le jeune homme sortit alors à la suite de son gérant, fermant la porte derrière lui.

Hiryu fut soulagé en entrant dans sa chambre sans avoir croisé un des hommes du baron. Il sentait l'appréhension lui prendre à nouveau le ventre même si Mevir lui parlait de sujets légers. Ce dernier s'arrêta cependant lorsque le jeune homme fut habillé :

- J'aimerai pouvoir faire plus, laissa tomber le gérant en s'asseyant à côté de son protégé sur le lit.

- Tu fais ce que tu peux, je le sais, répondit Hiryu avec un sourire un peu forcé. Tu ne pouvais pas savoir que des gens mettraient tout en œuvre pour te voler Le Chêne Blanc.

- J'aimerais pouvoir empêcher ton départ mais je ne...

- Nous savons tous les deux que c'est le seul moyen alors ne t'inquiète pas, ça ira, annonça alors Hiryu pour rassurer Mevir. Même si je ne suis pas fort, que je ne manie pas l'épée, j'ai plus d'un tour dans mon sac. Tu nous formes à bien des choses, pas qu'à nous servir de nos corps.

Le gérant de la maison ne répondit pas mais sourit au jeune homme. Il avait raison, Hiryu avait plus d'un tour dans sa manche et il arrivera sans doute à s'en sortir. Le fait que Kalyan soit à ses côtés et qu'Asgeir s'occupe de l'enquête le rassurait également.
Mevir finit par se lever avant de poser un baiser sur le front de son protégé :

- Allons rejoindre les autres en bas, et faisons comme d'habitude.

Hiryu acquiesça. Il avait une tenue assez confortable et assez chaude pour le voyage jusqu'à la capitale. Il avait également préparé un petit sac avec quelques effets personnels que Mevir confierait à Kalyan avant leur départ.

Les deux hommes descendirent jusqu'à la salle commune. Hiryu profita pleinement du repas avec ses camarades, mangeant un peu plus que d'habitude pour se donner assez de force pour la suite de la journée.

Cette dernière arriva et elle fut aussi désagréable que le jeune prostitué l'avait imaginé.