Tᚺᛖ ᚺᛖᚨᚱᛏ ᚲᛖᛖᛈᛖᚱ The Heart Keeper

Itami

Un silence pesant retomba sur la pièce, la porte une fois fermée. Mes compagnons se regardèrent entre eux, probablement embarassés. Je soupirais et posais mon regard sur la porte où avaient disparus le roi et Nikolaï.
- Bon et bien, la réunion est terminée pour aujourd'hui, déclara alors Mayu, me tirant de mon inertie; je m'excuse que vous ayez dû assister à ce genre de scènes, ça ne se reproduira plus.
Je lui souriait poliment pour  lui signifier que ce n'était rien. Il se leva ensuite, suivi de ses trois camarades.
- Nous allons donc vous quitter pour ce soir, mes amis.
Ils s'inclinèrent poliment, avant de se diriger vers la sortie. Mayu se tourna toutefois vers moi, avant de sortir de la pièce.
- Si vous désirez parler au roi, il sera très certainement dans ses appartements, bonne soirée à vous.
Et ils s'en allèrent. Je regardais mes compagnons, avant de les inviter à aller se reposer. Ils ne rechignèrent point et s'excusèrent auprès de moi. À mon tour, je me levais et quittait la salle.
Déambulant dans les couloirs, je recherchais les appartements du roi afin d'avoir une discussion quant à notre mission. Après de longues minutes à rechercher la porte de sa chambre, je finis par demander le chemin à un garde qui me l'indiquais.
Arrivé devant la porte, je crû percevoir des éclats de voix depuis l'intérieur de la pièce. J'hésitais un instant, craignant de déranger une discussion importante. Après quelques minutes, je prit une grande inspiration et toquait. Les voix retombèrent de l'autre côté. Et la porte s'ouvrit brutalement devant mes yeux.
- Content?! S'exclama une voix que je reconnu aussitôt.
Le roi sembla apercevoir ma surprise et me fit un petit sourire contrit.
- Nikolaï, surveille ton langage face aux invités, je te prie.
Nikolaï se retourna vers moi abruptement et me regarda quelques instants avant de se tourner vers le roi.
- Quoi qu'il en soit, je ne reviendrai pas sur ma décision, Nikolaï, souviens toi de ça. Et ferme la porte en sortant.
Nikolaï s'inclina et s'écarta sur le côté. Je rentrais dans la pièce en le regardant. Il me jeta un regard en coin, que je ne perçu pas comme le plus bienveillant, et sortit, faisant claquer la porte derrière lui. Je regardais cette dernière quelques instants avant de me racler la gorge, me tournant vers le roi. Assis à son bureau, il se massait les tempes.
- Je m'excuse pour la scène désolante à laquelle tu as assisté, déclara t-il.
Je secouai la tête pour lui signifier que ce n'était rien. C'était même plutôt amusant de voir le roi posséder ce genre d'entretiens avec ses hommes. Il m'invita à m'asseoir, et j'obéis silencieusement.
- Alors, quel bon vent t'amène jusque ici? Je pensais que vous seriez déjà tous partis vous reposer, dit-il.
- Je suis venu ici pour vous parler de la mission que vous désirez nous confier..., Soupirai-je.
Il balaya l'air de sa main en riant.
- Ne vous souciez pas de ça, mon ami. Nous avons tout le temps d'en parler, pendant votre séjour ! À quoi bon nous martyriser l'esprit à cette heure-ci en réfléchissant à ce genre de choses !
Quel drôle de personnage.
- Je comprends votre point de vue, Messire... Mais il me paraît évident que cette mission porte une certaine importance et que, donc, il ne faut pas la négliger, lui répondis-je.
Il croisa les bras et se cala dans son fauteuil.
- Tu me contredis? Demanda t-il, amusé.
- Bien sûr que non ! Mais avec tout le respect que je vous dois, la mission est plus importante que le reste.
Un soupir s'échappa de la barrière de ses lèvres, qui s'étirèrent en un sourire.
- Bien, nous allons en parler plus sérieusement, dans ce cas.
- Merci, Messire, dis-je, soulagé.
- Après la fête des hellébores ! S'exclama t-il, un sourire jusqu'aux oreilles.
- La fête des hellébores...?
- Tout à fait, elle aura lieu dans deux jours ! D'ici là, vous aurez la possibilité de vous reposer et de visiter notre magnifique royaume, n'est-ce pas fabuleux ?
Fabuleux n'est pas le mot que j'aurais utilisé, en réalité.
- Et pas la peine d'essayer de me convaincre autrement, ajouta t-il, vous participerez, et rien n'y changera quoi que ce soit. On ne rate pas une fête traditionnelle, tout de même !
Je n'en voyais pas l'intérêt, mais je ne voulais pas le contredire au risque de le vexer ou pire. Alors j'acceptais en soupirant, espérant que ces deux jours passeraient au plus vite.
- Ah, mais qu'est-ce que la fête des hellébores exactement ?
Il parut quelques peu outré, mais se reprit bien vite.
- Les hellébores sont des fleurs qui ne poussent que par chez nous  et les habitants les apprécient tout particulièrement, alors chaque solstice nous les honorons par une fête !
Tout ça pour des fleurs, en plus. Je soupirais de nouveau. Je me levais et m'inclinais.
- Je vais me retirer, Messire, je vous souhaite une bonne nuit.
Il me remercia, me souhaitant la même chose.  Je sortit alors de la pièce, le laissant retourner à ses occupations, et décidai de retourner à ma chambre, me reposer.

Allongé sur mon lit, et installé sur le dos, j'observais le plafond, las. Au bout de plusieurs minutes monotones, et trop longues à mon goût, je me redressai. Jettant un coup d'œil par la porte du balcon, je remarquait que la nuit semblait plutôt claire. Je me levais et me dirigeais vers celle-ci, afin de l'ouvrir et d'aller sur le balcon. Alors que je m'appuyai sur la balustrade je remarquais que de la lumière venait d'en dessous. Quelle ne fut pas ma surprise de voir une chouette en contrebas. Sa chambre était donc en dessous de la mienne.
- Non mais c'est pas vrai...! S'exclama alors Nikolaï.
Je ne sais pas vraiment comment je devais le prendre.
- Oh... Bonsoir? Lâchais-je simplement. Je m'excuse si j'ai pu faire quelque chose qui vous ai déplu, tout à l'heure.
Je le vis s'éloigner de la balustrade et soupirai.
- Ce n'était en aucun cas, une intention volontaire, continuai-je.
Il ne répondit pas, me laissant dans un silence qui me mit mal à l'aise. Je me mit à essayer de faire la conversation mais rien n'y fit, seul le silence me répondait. Pour autant, je n'avais pas entendu sa porte, il devait donc être là, à écouter. Je continuais de "discuter" tranquillement pendant quelques minutes avant de soupirer. Je m'éloignais de la balustrade, et vint ouvrir ma porte. La poignée en main, je regardais pensivement celle-ci.
- Bonne nuit, Nikolaï.
Je rentrais, refermant la porte derrière moi. N'ayant rien d'autre à faire que de dormir, je me dévêtit  légèrement et vint me glisser sous les draps avant de fermer les yeux. Le sommeil ne vint qu'environ une heure plus tard.

Le soleil me réchauffait la peau au point de me réveiller. Je papillonai des yeux quelques instants avant de me redresser et de m'étirer. Je repoussai les draps sur les côtés afin de me lever plus aisément. Saisissant des vêtements quelconques dans l'armoire, je les enfilait hâtivement avant de sortir de la chambre. Me baladant dans les couloirs, je put remarquer à travers les fenêtres que les rues étaient effectivement plutôt dynamiques. Probablement pour cette histoire de fête. Je m'arrêtais de temps à autres pour observer les gens s'agiter comme des fourmis, avant de reprendre ma route. Tout cela n'était qu'une perte de temps.