Chapitre 19

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     La nuit avait été d'une longueur insoutenable. Hiryu n'avait pas réussi à fermer l'œil et personne n'était venu le voir, même pour lui apporter le repas du soir. Cependant, même si la fatigue se faisait sentir dans les moindres nerfs de son corps, le jeune prostitué se força à se lever et à faire quelques pas dans sa cellule lorsque les premiers rayons du soleil apparurent. Il savait qu'il ne devait pas trop penser, que Mevir, Asgeir et Kalyan feraient tout pour convaincre le roi, cependant, il ne pouvait pas s'empêcher d'être inquiet.
Une heure passa encore lorsque qu'Hiryu entendit des bruits de pas pressés se dirigeant vers lui. Il se tourna alors vers les barreaux de sa cellule, un mélange d'espoir et de crainte se mélangeant dans son esprit. Mais c'est une peur brute qui se saisit de lui lorsqu'il vit le baron Rohen apparaître devant sa cellule. Le noble semblait être dans une colère noir et son regard haineux fit reculer Hiryu jusqu'au fond de sa prison. Que faisait-il là ? Le roi avait-il rendu son jugement ? Cette dernière question ne lui sembla cependant pas aussi importante lorsqu'il vit Rohen tendre la main vers un garde de la prison qui le suivait. Ce dernier lui remis les clés et Hiryu entendit sans problème l'ordre que lui donna le baron :

- Monte la garde, je ne veux pas que l'on me dérange.

Le jeune prisonnier vit du coin de l'œil le soldat partir mais toute son attention se focalisa sur l'homme qui venait d'entrer dans sa cellule. Il savait qu'il était en danger mais malheureusement, il ne faisait pas le poids contre Rohen. Il n'avait aucun moyen de s'enfuir...
Hiryu avait tous ses sens en alerte ce qui lui permit d'éviter le coup de poing du baron. Il se jeta sur le côté tout en essayant de garder un maximum de distance entre lui et le danger que représentait l'homme devant lui :

- Vous n'avez pas le droit d'être là, commença Hiryu qui aurait voulu son ton plus assuré. Seul le roi a le droit de rendre un jugement...

- Le roi, le coupa Rohen avec une pointe de dégoût. Il a reconnu l'affaire sans suite faute de preuve. Tu sembles avoir réussi à charmer le chef de la milice et le neveu du roi car ils ont fini par convaincre le roi de ne rien retenir contre toi. Tu dois réellement être un bon coup...

Le baron ne finit pas sa phrase et se jeta sur Hiryu qui ne put l'éviter. Les deux hommes s'étalèrent par terre et le jeune prostitué sentit ses mains être entravées par la poigne de fer de son agresseur :

- Lâchez-moi ! Au secours ! cria Hiryu aussi fort qu'il put.

- Personne ne viendra te sauver cette fois, répliqua Rohen. Je ne cache pas que je suis très heureux d'avoir enfin hérité du titre de mon père, mais qu'il soit assassiné par un moins que rien comme toi me révolte... et de savoir que tu t'en sorts sans rien par-dessus tout...

- Je ne l'ai pas tué ! Essaya de se défendre Hiryu.

- Foutaise ! Tu as voulu te venger pour tout ce qu'il t'a fait, répliqua Rohen. Je sais très bien que mon père était un pervers et qu'il violentait souvent les femmes et les hommes qu'il baisait. Tu l'as tué pour cette raison.

Hiryu resta silencieux. Les paroles de Rohen étaient....

Le jeune prostitué ne put y penser davantage qu'il sentit la poigne de son agresseur se resserrer sur ses poignets. Le baron déchira alors sa chemise sans ménagement avant de le forcer à se tourner sur le ventre en lui tordant un bras dans le dos. Hiryu avait mal là où Rohen l'empoignait avec violence. Il appelait à l'aide mais bientôt, la voix lui manqua tant il était essoufflé après s'être autant débattu contre son agresseur. Le jeune homme aux yeux violets sentit alors la main du baron sur ses cuisses, l'obligeant à les écarter. Il cria à nouveau lorsqu'il sentit son pantalon glisser jusqu'à ses genoux :

- Non ! Ne me touchez pas, se débattit Hiryu qui n'avait plus de doute sur les intentions de son agresseur.

Le jeune prostitué paniqua et se débattit de toutes ses forces. Il se figea cependant en entendant le bruit d'une épée que l'on sort de son fourreau. Il attendit un coup mais ce dernier ne vint pas. A la place, il entendit du boucan derrière lui et la voix de plusieurs personnes. Le poids de son agresseur disparut en une seconde et il sentit une présence familière à côté de lui :

- Mevir... souffla Hiryu en reconnaissant son gérant.

- Tout va bien maintenant, nous allons retourner chez nous, annonça l'homme avec un regard doux.

Mevir aida le jeune homme aux yeux violets à se redresser tout en l'aidant à remettre ses vêtements en place. Hiryu remarqua immédiatement la présence de plusieurs miliciens dont l'un d'eux venait de tirer Rohen hors de la cellule sans ménagement :

- Ôtez vos salles pâtes, s'énerva le baron. Vous n'avez aucun droit sur moi !

- Vous avez été pris en flagrant délit de tentative de viol, annonça alors Kalyan en s'avançant. Je ne doute pas que la milice se chargera de cette affaire.

- En effet, laissa tomber Asgeir sur un ton sec. Emmenez-le.

Sur ces mots, les miliciens emmenèrent le baron malgré ses protestations. Mevir et Hiryu sortirent alors de la cellule et ce dernier posa son regard sur le chef de la milice :

- Le roi reconnait cette affaire sans suite, annonça Asgeir. Tu es libre de rentrer chez toi Hiryu.

- Sans suite ? interrogea le jeune prostitué.

- Les indices que nous avions n'ont rien donné, répondit l'inspecteur. J'ai perdu la trace de nos suspects et malgré ce que nous pensions, rien ne semble mener à Rohen. Mais cela n'a plus d'importance.

- En effet, reprit Kalyan avec un sourire. Le roi et sa cours n'ont pas vu en toi un meurtrier et ils n'ont donc pas souhaité ta mort, même pour faire un exemple. Rohen a également perdu nombre de ses soutiens à présent. Il ne devrait plus pouvoir faire quoi que ce soit.

- Surtout avec ce qui vient de se passer, souffla Asgeir avec une pointe de colère. Il ne s'en tirera pas facilement.

Un court silence suivit l'annonce du milicien. Hiryu sentit le soulagement faire vaciller sa stabilité et il dut se retenir au bras de son gérant pour ne pas tomber :

- Merci infiniment, souffla-t-il.

- Nous allons rentrer chez nous, annonça alors Mevir.

- Je vais vous faire raccompagner par deux de mes hommes, annonça alors Kalyan en invitant Mevir et Hiryu à le suivre.

Le jeune prostitué lança un regard à Asgeir et lui sourit :

- J'espère à bientôt, inspecteur, murmura-t-il dans un souffle avant de presser le pas pour rattraper Kalyan et Mevir qui se dirigeaient vers la sortie de la prison.

En cet instant, Hiryu aurait parié avoir entendu la voix du milicien lui répondre...

« J'y compte bien ».

Le Chêne BlancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant