CHAPITRE 5 - Lise [3|6]

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Cette nouvelle réminiscence disparut à son tour et une autre vint la remplacer, bien plus sombre que toutes celles auxquelles j'avais assisté. La nuit semblait être tombée depuis bien longtemps dans les bois. Je discernai au bord d'une étendue d'eau deux silhouettes assises sur des rochers. Je reconnus sans mal Lise et Rex qui parlaient à nouveau tous les deux.

— Tiens prends-ça, annonça le jeune garçon en tendant à l'autre moi un petit objet. Je te le confie.

— Non, Rex, ce n'est pas à moi de l'avoir. C'est à toi qu'il l'a confié. Garde-le s'il te plaît.

Ce dernier se leva et se retourna, prêt à partir, avant de lâcher :

— Je ne veux pas le perdre, Lise. C'est quelque chose de très important et je sais qu'il nous sera utile un jour... Je ne veux pas que ce qui s'est passé les jours derniers se reproduise. On a eu de la chance de l'avoir à nos côtés. Sans lui, qui sait ce qui se serait passé ? Garde-le et ne dis rien aux autres. Tu sauras quand il sera temps de t'en servir, Lise, je te fais confiance pour ça...

Le souvenir s'envola, encore une fois. Les alentours changèrent à nouveau et laissèrent place à un couloir totalement blanc. Je suivis des yeux les néons pendus au plafond et aperçus loin devant moi trois silhouettes. Je reconnus celle de Zoé, mince et frêle, et celle qui était apparemment la mienne. Mais pas la dernière.

L'enfant – un garçon – possédait de jolis cheveux blond clair et paraissait manifestement le plus petit du groupe. Ils marchaient tous trois en silence et avançaient avec prudence. Où se trouvaient-ils ?

L'endroit me semblait bien moins rassurant que tous les autres lieux que j'avais pu découvrir jusque-là et je sentis que la crainte qu'ils éprouvaient n'était pas sans raison. La forêt, malgré ses recoins sombres, se révélait bien plus apaisante à côté de ce lieu. Le couloir qu'ils suivaient se sépara tout à coup en deux directions.

— Et voilà les emmerdes ! déclara Zoé sans aucun filtre.

— Moi je peux m'en sortir, ne t'en fais pas, petite Zoé. Mais toi, je m'en voudrais s'il t'arrivait quoi que ce soit. Tu pars avec Loan, décida celle que j'avais dû être à un moment donné.

Je ne me souvenais pas de cet instant et me rappelais seulement l'angoisse sourde qui s'était emparée de moi. L'enfant était donc ce fameux Loan, celui que Rex avait mentionné une autre fois. Je cherchai au fond de ma mémoire des souvenirs liés à lui, mais je ne pus me remémorer que le sourire qu'il arborait au campement.

Je suivis d'instinct l'autre Lise, tandis que Zoé et Loan partaient dans l'autre sens et s'éloignaient déjà. Elle continua son chemin, silencieuse. À force de la suivre, je pris conscience qu'elle semblait chercher quelque chose, mais je ne savais pas dire quoi. Et il y avait toujours cette tension dans l'air que je comprenais pas... Elle traversa des couloirs, ouvrit des portes avec la plus grande précaution, sans jamais faillir, sans jamais laisser la panique l'envahir.

Moi, la peur m'avait déjà rongé depuis bien longtemps, car je ne savais ni à quoi m'attendre, ni quel était le danger qui semblait planer au-dessus de nos têtes.

L'autre Lise passa une dernière porte. À peine mit-elle un pied à l'intérieur qu'une dizaine d'aboiements féroces braillèrent dans nos oreilles. L'une comme l'autre, nous eûmes le même réflexe : les mains couvrant le bruit que ces chiens engendraient, nous ressortîmes aussi vite que nous étions entrées.

À peine partie, l'autre Lise retira la plaque d'un conduit d'aération et s'y glissa à l'intérieur. Je ne compris pas immédiatement la raison de son geste. Quelques secondes plus tard, je perçus les chuintements de rangers contre le sol. Mais au moment où la silhouette se découpa au bout du couloir, les images devinrent floues, ne me laissant pas voir la menace en question.

SIGMA ENERGY - T2 - Le Brasier de la RébellionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant