Acte II, 12e Épître - Querelles dans les catacombes

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Michaël et Raphaël fouillaient de fond en comble les catacombes du Palais Céleste, à la recherche d'un indice qui les éclaireraient sur les manigances de Satan. Après que le chef des armées ait surpris le Séraphin de jais en compagnie du Prince des Enfers, ils avaient eu une longue discussion afin de définir quelle suite à donner à tout ceci. Leurs échanges furent francs, constructifs, et pour la première fois depuis une éternité, voire peut-être même depuis leur naissance, ils œuvraient à l'unisson pour mener à bien un projet commun. Dans d'autres circonstances, Michaël se serait sans aucun doute réjouit d'avoir l'opportunité d'enterrer la hache de guerre avec son frère, mais la menace que Satan faisait planer sur le Palais et sur ses habitants était bien trop grave pour se laisser distraire par ce type de considération.

Ils s'étaient dans un premier temps appliqués à inspecter les quartiers de Raphaël, cherchant la moindre trace d'un pentagramme, d'un résidu spirituel d'invocation ou de sort dissimulé, voire d'une quelconque technologie inconnue ayant permis une téléportation, mais ils ressortirent bredouilles de cette entreprise. Rien d'étonnant jusque-là, puisqu'il avait très bien pu s'introduire dans ses appartements par effraction une fois entré dans le Palais. Ils s'étaient donc ensuite rendus dans le couloir où Michaël avait croisé le démon, le jour où tout avait commencé. Mais là encore, leurs recherches se révélèrent infructueuses. En désespoir de cause, ils rejoignirent les catacombes, ultime endroit à inspecter et dernière chance pour espérer trouver un début d'explication. Mais après des heures à retourner chaque pierre et grain de poussière, ils commençaient à perdre patience...

« - Tu es bien sûr que c'était ici, Raphaël ? Après tout, ces cryptes se ressemblent toutes comme deux gouttes d'eau...

- Évidemment que j'en suis sûr ! Me prends-tu pour un sot ? D'autant que l'odeur de soufre si caractéristique de ce mécréant plane toujours en ces murs !

- Ne te laisserais-tu pas berner par l'odeur de l'huile des lanternes illuminant ces lieux ?

- Je sais faire la différence, Michaël ! Par tout ce qui est sacré, cesseras-tu un jour de remettre en question chacun de mes propos ?

- Je n'avais nulle volonté de te dénigrer. Je viens à résipiscence. Néanmoins, la perspective que notre quête se révèle vaine pointe à l'horizon... Tu ne peux donc point m'en vouloir de rester sur mon quant-à-soi...

- Nous n'avons pas été mieux loti quand nous avons arpenté ton couloir, mon cher lionceau !

- Certes, mais user de taquinerie ne nous mènera nulle part non plus, n'est-il pas, veau de lait ?

- Aurais-je été maintenue dans l'ignorance de quelques sombres secrets, que je vous retrouve en pleine conjuration des archéologues amateurs ? ironisa Gabriel, avec une pointe d'agacement, en pénétrant dans le caveau.

- Tu ne crois pas si bien dire, en parlant de conjuration, douce Gabriel, rétorqua Raphaël. Mais quelle affaire pressante peut bien t'amener en pareil lieu ?

- A dire vrai, je vous cherchais tous deux, pour des raisons diverses, mais chacune relatives aux récents développements, dont vous vous êtes bien gardés de me faire part !

- Pourrais-tu être plus précise ? s'enquit Michaël, redoutant ce que sa sœur aurait pu découvrir concernant les ingérences de Satan, celle-ci ne portant pas vraiment ce dernier dans son cœur et réagissant souvent avec virulence dès qu'il en était question dans une discussion.

- Fais donc l'innocent, Michaël ! Cela te sied si bien ! Je parle de l'intervention de ce scélérat de Satan et de la sanction qui en a découlé pour Raphaël, bien évidemment ! Vous pensiez que je n'aurais pas vent de tout ceci ? Auriez-vous oublié que j'occupe un rang équivalent aux vôtres, et que de ce fait, cette sinistre affaire finirait bien par arriver jusqu'à mes oreilles ? Je suis outrée à un point que vous ne pouvez imaginer !

DIES IRAE - Cycle I : L'AngicideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant