Gâteaux et bonne année.

One-shot.

(Le personnage s'appelle Soo-min, mais ce n'est pas Soo-min Kim, c'est un Soo-min alternatif que j'ai trop associé à ce prénom pour en changer)

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Il était étrange d'associer un lieu qui pouvait être très douloureux pour beaucoup à son petit coin de paradis, et pourtant, depuis quelques années maintenant, Sangeo Soo-min n'attendait que ce jour chaque année, pour le regretter à la fin de la nuit et espérer que les saisons l'emmènent rapidement au prochain. Ce jour où il pouvait quitter son travail à la hâte, tardivement, pour s'installer avec beaucoup d'avance sur le pont du fleuve Han, un sac de gâteaux fièrement posé sur son épaule tel un drôle de père noël complètement hors période. Il y attendait quelqu'un, guettant d'un œil bienveillant les lieux en quête de personnes dont les pas incertains et démunis pouvaient frôler les ponts du fleuve, et en espérant que l'homme qu'il aimait ne tarderait plus. Ce soir-là, il était nerveux. Il l'aimait, et c'était là un sentiment bien étrange : que savait-il de lui, après tout ? Il ne le voyait qu'une fois par an depuis cinq ans, et généralement Soo-min finissait toujours par énormément se confier, égoïstement, sans prêter l'oreille à Jun-young qui l'écoutait patiemment, avec une attention tellement emplie de douceur qu'il était difficile de retenir les mots qui en découlaient. Aveux après aveux, la nuit atteignait bien rapidement la fin de son petit bout de chemin, et, après s'être enlacés amoureusement, Jun-young le quittait pour repartir de son côté.

Chaque année, il tentait d'en savoir plus sur lui, et chaque année, il échouait lamentablement. Bien sûr, il avait appris quelques détails sur ses goûts, sur ses habitudes, quelques noms des personnes qui composaient son entourage par-ci par-là, mais rien d'assez poussé pour lui permettre de se faire une idée complète de cet homme. Ils ne s'étaient pas même échangé leurs numéros de téléphone, et pourtant, il l'aimait avec une sincérité ardente, un feu qui s'embrasait dans son cœur sans jamais qu'il ne puisse parvenir à l'éteindre. Il ne savait pas si ses sentiments étaient partagés ; Jun-young était très aimant, mais ils ne se disaient jamais de mièvreries ni ne mettaient de mots sur leur relation. Il ne savait même pas si le reste de l'année, il n'avait pas quelqu'un d'autre, quelques conquêtes qu'il rencontrait au détour de son travail. L'homme lui semblait très occupé, mais rien ne lui disait qu'il n'avait pas quelques nuits de libres pour s'adonner à quelques bons plaisir.

Et il n'était pas jaloux ; Jun-young méritait d'être aimé, d'être enlacé s'il en ressentait le besoin ou l'envie. Soo-min, lui, ne voyait plus personne. Réduire ses ébats aussi implacablement avait été compliqué pour sa libido, au départ, mais cela lui avait également permis de se réapproprier son plaisir personnel, et cette unique passion annuelle rendait l'instant magique, irréel, et d'autant plus beau. Ce n'était pas qu'il souhaitait être fidèle envers Jun-young ; ils n'étaient pas vraiment ensemble, ils n'étaient même pas vraiment amis, mais son cœur débordait tellement d'amour pour lui qu'il n'avait plus rien à donner à autrui. Cela lui allait, de ne le voir qu'une fois par an. Son amour ne tarirait pas au fil des mois, et le souvenir de ses yeux envoûtant était ancré dans son esprit à jamais.

Mais ce soir, il allait changer les choses, ou plutôt essayer. Il avait tenté l'année passée de lui proposer d'être son petit ami annuel – un lien tout aussi étrange que leur relation – mais n'y était pas parvenu, s'arrêtant à la dernière minute. Mais cette fois-ci, il s'y était préparé chaque jour, et il comptait bien y parvenir. Il saurait lui demander, et il ferait bien mieux. Ce serait étrange, Jun-young refuserait certainement, mais il ferait preuve d'audace, et il irait au bout.

« J'espère que tu n'as pas grignoté sans moi ! rit une voix qu'il aurait pu reconnaître entre mille. »