Chapitre 5

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Suivant sa mère le garçon s'engouffre dans la forêt. La végétation est si abondante qu'ils peinent à se frayer un chemin à travers et leurs vêtements déjà abîmés sont mis à rude épreuve par les branches piquantes et l'écorce griffante qui semblent tenter de déchirer le tissus. Après avoir dévalé une légère pente mousseuse et poussiéreuse la forêt laisse place à une paisible rivière peu profonde coulant entre les pierres lisses qui en recouvrent le fond.
- De l'eau enfin! s'exclame le garçon qui commençait à désespérer d'en apercevoir après cette longue traversée du désert qui lui semblait infini.
- Évidemment, je t'ai dit que j'étais allé remplir les bouteilles mais cesse de crier tu vas faire fuire ce que je veux réellement te montrer.
- Faire fuire?
Lâchant des yeux le cours d'eau, il relève la tête. En effet à une dizaine de mètres d'eux se tiens une biche. L'animal est paisiblement en train de savourer les feuilles d'une fougère à ses pieds. Le garçon n'en revient pas. Ils avaient déjà croisé de petits animaux comme des souris où des rats mais il doutait que des animaux de cette taille aient trouvé de quoi se nourrir depuis la catastrophe. D'ailleurs cette forêt toute entière mis à part la couche inhabituelle de poussière sur le sol semble avoir été épargnée et la vie paraît y suivre son cours comme si de rien était. Soudain, semblant s'être rendue compte de la présence des deux humains, la biche relève la tête dans leur direction. Après un bref instant à les observer, l'animal disparaît derrière les sapins.
- Tu as vu ça maman? s'émerveille le garçon. Je ne pensais pas revoir une biche un jour. Tu te rends compte? Elle se tenait juste à côté de nous!
- Oui effectivement je suis surprise que nous ayons pu en croiser une. Nous pourrions envisager de monter un camp ici nous aurions de quoi manger: il y a des fruits et nous pourrions faire des pièges si il y a d'autres animaux.
- Ca me paraît une exellente idée je vais chercher la tente! Et sans plus tarder il remonte la pente en direction du pick-up.
- Fait attention à ne pas glisser Maxime! lance la mère avant qu'il ai disparu.
Le garçon est content. Cela faisait plusieurs jours que sa mère était froide avec lui, fatiguée et perdant espoir elle n'avait même plus prononcé son prénom depuis longtemps. Il sourit. Elle le cache mieux que lui mais sa mère semble vraiment soulagée d'avoir trouvé cet endroit.

Le soleil se couche. La mère a allumé un petit feu de camp pendant que le garçon a déniché quelques fruits. Pendant la journée, ils ont monté le camp près de la rivière et ont déplacé leurs affaires jusque dans la tente. Malgré le peu d'aide que leur offrait le terrain, ils ont réussi toutes ces opérations sans encombre et se détendent à présent assi devant le feu écoutant le paisible clapotis de l'eau.
- Tu te sens mieux à présent? demande le garçon.
- Oui cet endroit est parfait nous allons enfin pouvoir dormir correctement.
Il hésite à poser la question qui le tourmente depuis un moment mais le besoin de réponse est trop fort et il se lance.
- Pourquoi est tu si tendue avec moi en ce moment? Je sais que la situation est difficile mais elle l'est pour moi aussi.
- Je sais que tu n'y es pour rien, s'excuse-t-elle. Je suis simplement épuisée ces derniers temps et je m'énerve facilement.
- Oui je comprends...
- Mais maintenant ça va aller mieux n'est ce pas? Cet endroit est très bien et nous pouvons y installer quelque chose de durable.
- Oui sans doute.
Il n'ose pas lui dire car il sait qu'elle ressent sans doute la même chose mais cette vie de survie livrés à eux mêmes n'a rien à voir avec celle qu'il a connu et il donnerait tout pour retourner au temps où ils n'avaient qu'à aller au supermarché pour avoir de quoi manger. Mais il doit s'y faire. C'est comme cela maintenant et aucun retour en arrière ne semble possible.
- Bon je suis exténuée je vais me coucher, reconnait la mère.
- D'accord bonne nuit, lui répond Maxime.
- Bonne nuit.
Le paisible silence de la nuit l'apaise et, comme il aime le faire, le garçon reste assis dehors à contempler le ciel étoilé.

Without the civilizationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant