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-S'il suffisait qu'on s'aime...

La chanson faisait écho dans la maison. Elle sortait de cette petite radio ancienne et presque morte, elle faisait écho dans ma tête.

-S'il suffisait d'aimer...

Les yeux fermés, sans aucunes pensées ou distractions, j'écoutais.

-Si l'on changeait les choses un peu, rien quand aimant donner...

Et puis je me surpris à penser à nous, Jisung. Avons-nous essayé de changer les choses un peu?

-S'il suffisait qu'on s'aime...

Ah oui, je me souviens maintenant.

-S'il suffisait d'aimer...

On a essayé, de changer les choses un peu, mais on a oublié quelque chose.

-Je ferai de ce monde un rêve, une...

L'amour.

-Réalité.

Et on a tué quelqu'un.

-S'il suffisait qu'on s'aime, s'il suffisait d'aimer...

Je me souviens qu'on avait dit avoir fait ça pour nous.

-Si l'on pouvait changer les choses et tout recommencer...

On l'a fait pour nous. Mais, pour notre bien, ou notre mal?

-S'il suffisait qu'on s'aime, s'il suffisait d'aimer...

Si c'est notre amour qui nous a porté jusque là, je n'en veux plus.

-Nous ferions de ce rêve un monde...

Ce que je voulais, c'est toi. C'est toi, pas cette stupide condition établie par mes parents.

-S'il suffisait d'aimer.

Celle ou je devais te ruiner et te quitter pour que je puisse aller à l'université. 

La musique se finie enfin, et le poste radio s'éteint brutalement. Je pense sincèrement qu'il est entrain de mourir. J'ouvre finalement les yeux, et je te vois en face de moi. Tu me regardes aussi.

Tu as l'air si inquiet, si perturbé et énervé, ça me donne de l'espoir. Tu commences à nouveau à ressentir les choses? Tu m'aideras, Jisung, à ressentir tout ça ?

-Il faut qu'on parte Minho.

Ta voix tremble. Et soudain, nos yeux se rencontrent, et encore une fois, on parvient à faire ce truc où on se parle sans les mots. 

Tu n'as pas l'air de vouloir partir; ton expression te trahie. Ce qui sort de ta bouche ne semble pas être d'accord avec ce qui n'en sort pas.

-Tu es sûr?

Tu ne me réponds pas. Soudain, Seungmin et Felix entrent dans la pièce, et tu changes d'expression. Tu es plus froid.

-Il se fait vraiment tard, -annonce Seungmin-, j'ai des chambres d'amis ici si vous voulez passer la nuit. 

Je te regarde mais tu baisses la tête. Pour une raison quelconque, tu ne veux pas reprendre la route.

-Merci beaucoup. 

Tu relèves brusquement la tête, alors que Seungmin m'indique ou se trouve notre chambre. J'essaye de t'adresser un sourire, mais je n'y arrive pas. 

J'ai voulu te montrer que je t'aime, Jisung, mais je n'y arrive pas.

Pourtant je t'aime.

D'un pas lourd, on arrive dans notre chambre, et on s'installe sur le lit, notre toilette étant déjà faite, sans faire attention à ce qui nous entoure. On ne bouge pas. On devrait dormir, mais si on pense à fermer les yeux, son cadavre apparait devant nous, alors on ne ferme plus les yeux.

-Minho...

Je ne te réponds pas. 

-Tu te souviens de ce que tu as ressenti pour moi la première fois que tu m'as vu?

Je cherche loin, loin dans mes pensées, j'essaye de me rappeler, j'essaye vraiment. Cela me prend un certain temps, mais je vois une image flou.

-Oui...

Et puis tu te tais. J'arrive enfin à me souvenir de l'époque où nous étions jeunes et innocents. Elle me manque.

-Je crois que j'ai ressenti ça aujourd'hui.

Et puis mon coeur se stoppa. C'est la raison pour laquelle tu ne voulais pas partir? Parce que tu as ressenti cette affection immense envers un inconnu? 

Ça faisait mal. Tellement mal. Je savais qu'on était foutu, je pensais, du moins, qu'on était foutu. Alors pourquoi t'arrives encore à ressentir des sentiments?

-S'il suffisait d'aimer...



ƇσмƒσятOù les histoires vivent. Découvrez maintenant