Partie 3 - Chapitre 11

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Une fois l'adresse et l'heure connue, nous étions prêtes. Émilie m'emmena dans sa voiture jusqu'à un très chic et très caché restaurant italien. Teddy et Federico nous attendaient à la table.

Quand nous nous approchâmes, ils s'arrêtèrent de parler, comme s'ils avaient décidé que leur journée de travail s'arrêtait maintenant.

Federico se leva, salua Émilie et déposa un baiser discret et tendre sur mes lèvres. Je m'attendais plus à une bise ou une poignée de main polie, mais soit.

Teddy lui fit une bise maladroite et me salua comme si j'étais sa petite sœur avec une accolade sur l'épaule.

-      Vous avez passé une bonne journée ? s'enquit Federico.

-      Super, la ville est sympa. Et vous les affaires ? demandais-je.

-      Nous nous en sommes occupé. Tout est réglé.

-      Vous rentrez demain en avion ? continuais-je.

-      Oui, dans la matinée.

-      Et toi Émilie, comment ça va depuis Budapest ? continua Teddy.

-      Très bien écoute, je n'ai pas encore pu divorcer mais c'est en cours, encore faudrait-il que je retrouve sa trace. Aurais-tu des nouvelles Fedz ?

Federico se tourna vers Teddy.

-      Je vais m'en occuper, dit ce dernier. Tu as besoin de quoi.

-      Qu'il signe des papiers quand je les aurais.

-      Ok. Tu me les transmettras.

-      Eh oh, Bonnie et Clyde là, les interrompis-je, on dirait que vous nous jouez un film de gangster à la Al Pacino.

-      On vit pas tous dans un cocon douillet entouré de barbe à papa, Tony, répondit Teddy.

Il m'avait rendu muette. Je regardais sa cicatrice à la joue. Est-ce que, comme avec Émilie, je vivais tellement dans un monde normé et rose que je ne voyais pas la réalité ? Les femmes étaient battues sans impunité, des gens racisés mourraient d'un simple contrôle de police, des jeunes faisaient des overdoses, des enfants étaient harcelés ; la vie n'était pas que celle que l'on voyait. Il fallait gratter un peu sous le vernis pour voir toute la crasse cachée.

Teddy et Émilie étaient en train de parler d'un chanteur, d'un film ou d'un festival qu'elle était allé voir, je n'avais pas réussi à suivre.

-      Je vais devoir aller aux toilettes, je vous rejoins dehors, annonçais-je.

En revenant, Federico m'attendait devant la sortie.

-      Tu veux y aller ? demandais-je.

-      Non, je voulais faire ça.

Il me prit dans ses bras et m'embrassa. Pas le baiser poli de toute à l'heure pour me dire bonjour, un vrai baiser, plein de désir, de fougue. Un baiser qui me donnait envie de retourner dans ces toilettes et de fermer la porte. Mais au bout de quelques secondes je le repoussais, sourire aux lèvres.

-      On sort ? demandais-je.

-      A quelle heure et ton train ? me demanda Federico.

-      Vers 16h.

-      Je vais annuler mon vol. Tu penses pouvoir passer trois heures en ma compagnie ?

-      Ça me paraît très largement surmontable.

Il m'embrassa encore, passa son bras autour de mes épaules et nous nous dirigeâmes vers la sortie. Je cherchais Émilie des yeux, et je la vis, près de sa voiture, en train d'embrasser Teddy.

-      Tu le savais ? dis-je tout bas à Federico.

-      Non, mais je m'en doutais.

-      Qu'est-ce qui s'est passé avec Julian ? Demandais-je, le regardant dans les yeux. Si tu ne me considères pas que comme un plan cul, tu vas devoir me le raconter un jour.

-      Oui. Mais encore une fois je ne m'en suis pas occupé. Teddy s'en est occupé. Dis-toi que justice a été faite, et que à la demande d'Émilie, il n'a pas souffert autant qu'il aurait dû.

-      Je n'aime pas trop ces non-dits. On va dire que je te fais confiance.

Teddy et Émilie s'étaient décolés, et j'avançais vers elle pour monter dans sa voiture.

-      Bonne soirée les garçons, dit Émilie.

J'embrassais Federico sur la joue.

-      Ne me ghoste pas cette fois, lui dis-je.

-      Je confirme, insista Émilie.

Nous rentrâmes chez elle, et je commençais à la cuisiner.

-      Alors, Teddy t'a donné des infos sur leurs « affaires » ?

-      Mmm, non, pas vraiment. Tu t'en doutes.

-      Oui, vous étiez occupés à parler d'autre chose.

Elle se tu avec un sourire coupable sur les lèvres.

-      On était un peu occupés. Tu nous as vu c'est ça ?

-      C'était pas difficile. Du coup ...

-      Je l'aime bien. Il est si gentil, prévenant. Il me fait me sentir en sécurité. Je me sens bien avec lui.

-      Tu as raison. C'est quelqu'un de bien. Tu viendras à Genève bientôt du coup ?

-      Surement !

Le lendemain après-midi, Émilie m'emmena à la gare pour que je ne rate pas mon train pour rentrer à Genève. Je retrouvais Federico devant la porte de mon wagon. Il m'embrassa et me pris mon sac de voyage des mains. Je ne sais pas comment il avait fait, mais il avait la place juste à côté de la mienne.

Il avait des mails à lire, je posai ma tête contre son torse et m'endormis, en le regardant, concentré, taper sur son téléphone et me caresser les cheveux en même temps.

Bien trop vite, nous étions de retour à Genève. Il proposa de me raccompagner chez moi en taxi avant de rentrer chez lui. J'acceptais ce qui me permettait de passer plus de temps avec lui.

Arrivés devant ma porte, il congédia le taxi, et me souhaita une bonne soirée. J'ouvris ma porte, posai mon sac sur la table de l'entrée et retournai le voir. Je l'embrassais avec désir, et je sentis qu'il comprenait mes intentions. Il me rendit mon baiser, et nous fit rentrer dans mon appartement. Je fermais difficilement ma porte alors qu'il embrassait mon cou, mon oreille, et que ses mains parcouraient mon corps.

Je balançai mes chaussures, jetai ma veste, attachai mes cheveux et me délectait de son corps, bronzé, musclé, doux et chaud qui m'avait tant manqué. Il leva ses bras pour oter son tee-shirt et j'aperçus sont tatouage que j'avais pu apercevoir à Budapest. Les trois V alignés à l'intérieur de son biceps.

Je le fis s'asseoir sur mon lit, me mis à genoux au-dessus de lui et l'embrassa jusqu'à ce que nos corps et nos esprits fusionnent de nouveau. Ces semaines sans lui m'avaient fait oublier à quel point nous nous complétions sur ce point ...

La semaine commença, j'allais à mon stage le matin, Federico était parti un peu plus tôt. La journée nous échangions des messages, et je souriais à chaque fois. Le soir, parfois il venait me chercher, me faisait goûter sa pizzeria préférée, m'emmenait en moto dans des endroits magnifiques, me faisait découvrir des bars cachés et pleins d'autres choses encore. Il me dévoilait tous les recoins de sa ville.

Ses parents revenaient le week-end d'après. Federico avait prévu une grande soirée avec ses amis avant leur retour. Et j'étais invitée. J'avais l'impression d'avoir reçu une invitation pour la cage aux fauves. J'étais sur leur terrain, je n'en connaissais pas beaucoup d'entre-eux et je ne savais ce qu'il connaissait de moi. Je ne savais même pas ce que nous étions. J'espère bien l'apprendre à cette soirée...

Laisse tomber j'ai plus malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant