𝟏𝟐 - 𝑙𝑒𝑠 𝑐𝑎𝑛𝑎𝑟𝑑𝑠.

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Richiko examinait le corps de Baji, étendu sur sol, avec un froncement de sourcils déstabilisé. Elle attendait une réponse de sa part, même minime, avant d'elle-même avoir la légitimité de réagir. Elle bredouillait difficilement, tordant son visage en une grimace incomprise, puis elle essayait de trouver ses mots, en dévisageant étrangement le dos du jeune homme, où gisaient ses cheveux noir profond éparpillés.

Keisuke était énervant, Keisuke était différent.

Sa famille, enfin non, ses liens de parenté. Jusqu'ici, au sein de son foyer, il y avait eu elle et son père. Puis il y avait eu d'autres personnes de passage, auxquelles elle s'était attachée, mais qui avaient rapidement déserté. Ses proches allaient et venaient, comme dans un moulin.

Richiko avait le coeur ouvert en grand, peut-être parce qu'il n'était pas assez rempli, ou bien peut-être parce qu'il grandissait de jour en jour. Dans tous les cas, cette nouvelle pièce détachée... Elle saurait être accueilli comme il se doit, avec un sourire affable et euphorique.

Cette fusion lui était apparue comme une évidence.

Le brun, ayant lui aussi entendu la révélation, voulut se relever avec hardiesse, mais ne parvint pas à sortir de son infirmité. Alors, il restait le visage contre le sol, les dents serrées de colère. Il était accablé par toute cette injustice, qui lui coulait entre les doigts. Putain... S'il pouvait lui fermer sa bouche, il le ferait, en lui arrachant la langue.

"Ce que tu ressens est le plus important, Keisuke."

Alors, il lui déchiquèterait le visage, lui brisant les dents, et lui crèverait les yeux. Parce que c'est ce qu'il voulait, ce qu'il ressentait comme un désir essentiel. La soumission, ce n'était vraiment pas son truc.

— J'vais te latter la gueule sale bâtard ! s'égosilla-t-il en faisant jaillir des veines noueuses de sa chair.

— Pour quelle raison t'en as après moi, au juste ?, s'exaspéra l'homme avec un regard de pitié irritant. Parce que je vous ai révélé la vérité ? Ou parce que t'as du mal à l'accepter ? Je suis pas ta mère à qui tu peux faire un caprice.

— Mais ferme-là ! aboya-t-il, en convulsant d'un trop plein de haine.

— Même Taïga s'est résigné après la première séance de dressage, confessa l'homme en secouant la tête d'ennui. Est-ce que tu as besoin de te faire corriger encore une fois ?

Neto dans son coin souffla d'appréhension, à l'entente de cette menace.

— Non, c'est bon, affirma Richiko avec détermination. Il va se calmer.

Baji se retourna sauvagement, comme possédé par un regain d'aigreur, en lançant à la plus jeune, un regard qui disait "mais de quoi tu te mêles ?". Elle déglutit, en ressentant pour la première fois cette animosité brute, dans sa forme la plus primaire. Si son empressement jovial, à elle, était sincère, alors pour lui, c'était ce rejet qui lui était naturel.

Il était à sa place, dans un équilibre plus fragile qu'il ne le pensait.

Ils avaient toujours été deux. Et son coeur, contrairement à sa "demie-soeur" était comblé de bonheur. Junko n'avait eu que son fils pendant des années, sans jamais qu'ils aient remis en cause cet équilibre, sans jamais qu'ils aient pensé à l'éventualité qu'il puisse y avoir d'autres personnes.

Il était sa plus grande fierté, et parfois son plus grand fardeau ; ils en avaient vécu des épreuves, pour survivre. Le père effacé était disparu, il avait toujours été mort. Les deux abandonnés, c'était lui et sa mère. Pourquoi d'ailleurs, hein ? Et c'était trop injuste qu'elle soit devant eux, avec cette légèreté qui lui était insupportable.

science infuse | tokyo revengersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant