Il est assis dans sa cabine
Devant son poste de contrôle
Il a trente ans, s'appelle Amine
A fait quelques séjours en taule
Avant cinq heures, sonne le réveil
Il se verse un café au lait
Un uniforme vert bouteille
Une cravate bariolée
Voilà la journée qui commence
Il monte à l'avant de la rame
Pour une fois, c'est lui qui commande
Pas comme quand il vendait ses grammes
Sa machine, il la connait bien
Ensemble, ils en ont vu des belles
Le pied vissé sur le frein
Il aimerait se faire la belle
Dans le microphone, il énonce
Le nom de la prochaine station
D'un air affable, Amine annonce
Sur sa ligne, les perturbations
Il sermonne les voyageurs
Qui bloquent la fermeture des portes
Agacé par le bruit du moteur
Il rêve de claquer la porte
Comme la serveuse automate
S'en aller cultiver d'la weed
Défaire le nœud de sa cravate
Quitter ce boulot insipide
Mais il a des bouches à nourrir
Et le courage lui fait défaut
Il est destiné à moisir
Dans cette cabine où il fait chaud
Sauf si un jour on le remplace
Il a lu dans un périodique
Qu'à Paris, se mettaient en place
Les premières lignes automatiques
Hier, en gare de Fontenay
Un type s'est foutu en l'air
Il n'a pas eu le temps d'freiner
Le conducteur de la ligne R
