68 - Passé merveilleux, partie V

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Il faisait si bon, même si Aloïs gardait un petit pull sur les épaules, il avait réussit à mettre une chemisette. Il était aux Etats-Unis depuis un mois, déjà, et son départ approchait de plus en plus, alors que la guerre en Europe avait pris un nouveau virage.

« Tu rêve encore ? Demanda Prunelle en s'asseyant dans le sable à ses côté. C'est si beau, ici, non ?

« ça ne le restera pas longtemps, dit Aloïs triste. Les océans seront remplis de bateau, les cieux d'avions...

« Tu n'aimes pas ton époque ?

« Pas vraiment, non, avoua Aloïs. Les moldus détruisent notre planète. Et... on ne fait rien pour la sauver, on reste cacher. J'aimerais faire quelque chose, je crois.

« Toi, tu as trop parlé avec Bob, dit Prunelle avec un sourire.

Bob était un américain très étrange, il était Cracmol, mais avait gardé de liens avec sa communauté de naissance. Il était aussi un protecteur de la nature, vivant dans une petite cabane pas très loin de l'océan. Il avait réussi à éviter de s'engager dans cette guerre qui était pour lui sûrement la dernière. Il avait beaucoup peur pour l'avenir, et Aloïs avait adoré l'écouter parler. Il avait aimé découvrir que même un Cracmol pouvait faire des potions, s'occupait de plante magique ou non. Bob était amusant en plus d'être un idéaliste. Il disait qu'il aimait autant les femmes que les hommes. Aloïs avait été un peu étonné d'entendre si tôt un homme se revendiquait aussi libre, et surtout sûr de lui. Bob était un bon compagnon.

« Il a raison, tu sais, dit Aloïs. Parfois j'ai envie de le rassurer, lui dire que le monde ira mieux, mais... je ne veux pas lui mentir. Lui dire que ce sera la paix, dès la fin de cette guerre.

Prunelle le serra dans ses bras, avec un sourire.

« Trouve déjà la paix en toi, Aloïs, dit-elle avec douceur. Ensuite, tu pourras la propager.

Aloïs sortit sa nouvelle baguette, faite avec Nicolas. C'était une baguette en rosier que Prunelle lui avait offert, venant du jardin de sa famille. Elle était née Rosier, une sang-mêlée, père né-moldu et mère sorcière. C'était une plume d'un oiseau tonnerre à l'intérieur et Aloïs adorait cette nouvelle baguette. Il la sentait plus puissante, plus fiable aussi. Il l'aimait plus que son ancienne. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi.

« J'aimerais rester ici, avec vous, pour toujours, dit-il à voix basse en posant sa tête sur l'épaule de Prunelle. J'aimerais ne jamais rentrer à mon époque.

« Tu ne peux pas arrêter le temps, Aloïs, dit Prunelle. Tu es un garçon courageux. Tu retourna à ton époque, Aloïs, je le sais. Tu fera ce que tu as à faire, parce que c'est toi. Tu sais,Salazar Serpentard attendait beaucoup de ses élèves, dont être courageux, aller jusqu'au bout de leur combat, de leur rêve.

Aloïs n'avait jamais vu la maison de Serpentard ainsi, pour lui, c'était plus la description de Gryffondor que Prunelle lui donnait. Il préféra ne rien dire.

« Le courage peut prendre plusieurs formes, continua Prunelle. Ta détermination de faire tout pour espionner cet élève en fait partie. Tu as su faire face à tes remords, ça aussi c'est courageux.

« J'ai pourtant jamais eu aussi peur, murmura Aloïs.

« Sans peur, il n'y aurait pas besoin de courage, dit Prunelle avec un sourire. Il n'y a pas de honte à avoir peur. Nicolas avait peur de ne pas avoir le temps d'apprendre, de faire de grandes choses. Moi, je ne voulais pas le perdre. Alors nous vivons, encore et encore, coincé dans notre vieil âge.

« Vous faites jeunes, rassura Aloïs en riant. Merci, Prunelle. J'aurais tant aimé vous rencontrer plus tôt.

« Qui c'est, peut-être qu'on se reverra ? Dit Prunelle en souriant. De ce que tu as dit, tu cherches un nouveau tuteur, c'est ça ? Nous attendrons, et en 1996, nous viendrons te chercher, Aloïs. Je te le promets. Et nous garderons un œil sur toi, en attendant.

Aloïs sourit. Il pleurait silencieux, avec un sourire. Il agita sa baguette et de magnifique étincelles roses en jaillir, couleur préféré de sa grand-mère adoptive. Il se sentait si bien.

« Si on allait se baigner ? Lança-t-il en se levant d'un coup.

Prunelle pouffa de rire et regarda le garçon ôté son pull et sa chemisette, dévoilant son bras blessé, dont il n'avait plus vraiment honte. Sur sa pommette, on pouvait voir une petite cicatrice. Il avait repris ses cheveux noirs, un peu éclairci à cause du soleil, et du sort. Ses yeux bleus avaient perdu de leur intensité, mais ils restaient étrangement magnifique. Les moldus qui vivaient à côté étaient tous sous le charme de ce si beau garçon. Prunelle trouvait qu'il avait les yeux de Nicolas, plus doux que ceux de Dumbledore, plus poétique aussi et si mélancolique, rêveur. Aloïs avait déjà décidé de les garder ainsi, pour garder quelque chose des Flamel à son retour. Il ne voulait pas avoir à nouveau les yeux de sa mère biologique.

Le temps passa beaucoup trop vite, et l'heure du départ sonna. Aloïs avait fini par accepter de rentrer à Paris avec Prunelle et Nicolas, retrouvant la maison moyenâgeuse. Il gardait depuis le début du mois de juillet le retourneur de temps autour de son cou, avec chaque soir, la peur de quitter ses deux parents adoptifs sans leur dire un dernier adieu.

Ce fut un soir, peu après un dîner copieux qu'il sentit la chaleur du retourneur. Il ne voulait pas, pas maintenant. Prunelle et Nicolas le serrèrent avec force dans leurs bras, oubliant qu'ils avaient plus de cinq cent ans. Ce fut en larme que Aloïs fut aspiré vers le futur, et que Dumbledore âgé le retrouva dans la maison, en boule.

« Reynard... ? Aloïs ? Ça va aller, murmura le directeur. Tu... Attends, tu vas avoir froid comme ça.

Aloïs voulait retrouver son paradis perdu.

« S'il vous plaît... renvoyez moi auprès d'eux, dit-il la voix étouffée par le chagrin. Pitié... je veux retrouver ma famille...

Le Dernier CorbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant