Chapitre 1 : Boire et déboires

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"Toutes les actions de ce monde commencent dans l'imagination" - Barbara Grizzuti Harrison.

"Toutes les actions de ce monde commencent dans l'imagination" - Barbara Grizzuti Harrison

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Newtam, 3 juillet, 22 heures

Vénus, 18 ans

- Franchement, marmonné-je. Je ne sais pas pourquoi je t'ai suivi.

Après un coup d'œil anxieux vers la foule, je tire maladroitement sur le bout de tissu qui ne cesse de remonter sur mes hanches.

- Tu me fais chier, Vee, grogne ma meilleure amie. Sache-le.

- Tu es vraiment grossière, fais-je aussitôt remarquer, sachant pertinemment que cela l'énervera.

Comme anticipé, Iris se tourne dans ma direction, le visage déformé par une grimace ébahie.

- Sans déconner... s'exclame-t-elle, en retroussant les lèvres dans ce qui pourrait être tenu lieu de sourire. T'es irrécupérable, j'te jure.

Je lâche un rire lorsqu'elle lève son majeur et me gratifie d'un doigt d'honneur éloquent. Quelle tête de mule.

- T'as la grâce d'un mammouth, quand tu jures de cette façon, pouffé-je.

- Ta gueule, renchérit-elle, en me tapant l'avant-bras.

Tout en avançant dans la queue, je tire une seconde fois sur le tissu de ma jupe bleue, tentant discrètement d'en rallonger les extrémités. Nom de Dieu, je dois avoir l'air d'un filet rôti, dans ce truc !

- Vénus, sérieux ! clame mon amie, en esquivant de justesse un groupe de personnes. Faut qu'on se prenne une murge, toutes les deux ! On a notre bac, putain !

Après avoir reçu nos résultats, Iris et moi avons décidé de sortir prendre un coup. D'une part, car nous voulions féliciter nos efforts. Et, surtout, parce que nous ne nous étions pas vues depuis quelques mois.

J'admets que je ne m'attendais pas à venir ici, au Newtam. Je pensais plutôt qu'Iris me traînerait dans un petit bar, non loin de chez nous. Que d'illusions, c'est évident... Le Newtam est une boîte de nuit reconnue pour ses soirées excentriques. La salle sera pleine à craquer, je n'en doute pas une seconde. D'autant que l'on est vendredi.

Et je déteste ça.

J'ai toujours eu du mal avec la foule. Et, en toute franchise, je crois que c'est dû à ma scolarité. De ma primaire à ma seconde, j'ai été... disons, jugée ? Pour des broutilles, cela va sans dire, auxquelles je n'aurais même pas dû apporter de l'importance, mais qui m'ont blessée malgré tout. Mes anciens camarades me faisaient bien comprendre que je n'étais pas à ma place, parmi eux. J'étais trop folle, trop maladroite, trop rousse, trop gentille, trop... Bizarre, simplement.

Je ne saurais dire aujourd'hui si ces constations, aussi grotesques ont-elles été, étaient vraies. J'avoue que je me trouvais souvent dans la lune. Je rêvassais beaucoup. Je m'enfermais dans ma bulle et me mettais volontairement de côté. Mais était-ce suffisant pour me qualifier de... Bizarre ? Je l'ignore. Mais ces remarques m'ont poursuivies jusqu'au lycée. J'ai donc fini par les croire. Comment faire autrement, après tout ? Mes propres amis me crachaient au visage, je n'étais pas censée savoir qu'ils avaient tort. Qu'ils se trompaient à mon propos. Je leur faisais confiance.

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