Le Monstre. Tw

52 11 9
                                    


Je m'en rappelle . Je n'avais alors que sept ans...

Comme tous les étés, nous nous rendons avec mon père et ma mère dans une petite maison de campagne. Cette fois, ma mère n'y est pas. Je ne comprends pas encore pourquoi et qu'elle en est la raison.

Désolée mais mes souvenirs sont flous, J'étais vraiment petite, cette journée je ne l'oublierais jamais. J'allais alors comprendre à quel point mon père m'aime, en tout cas c'est ce qu'il m'a fait croire cette nuit-là...

Nous sommes à table, il m'a préparé des pâtes à la carbonara mon plat préféré, je m'empresse de tout engloutir.

Je suis heureuse, mais ma mère me manque.Je lui demande avec insistance si elle va venir. Il n'a aucune réponse rassurante, ou bienveillante, mais une colère physique terrible celle qui vous fige sur place !

Je vous jure chères étoiles, qu'il m'est encore possible dix-neuf ans plus tard de sentir sa main m'empoigner et tirer mes longs cheveux bruns ondulés, me décollant violemment de la chaise sur laquelle j'étais assise !

Il avait finit par me jeter sur le carlage froid du salon !

- Combien de fois Vais-je devoir te dire que ta mère est morte ! Elle s'en est allée, elle ne t'aime pas. Je suis le seul qui t'aime sur cette terre. Arrête ! Arrête de me poser cette question ! hurle mon père comme, s'il était possédé par le diable en personne ! les sourcils froncés et les dents serrées, il saisit ma gorge de ses grandes mains toutes moites, serrant si fort que mes yeux semblaient sortir de leurs orbites !

- Je n'ai pas fait exprès papa ! disais-je pleurant toutes les larmes de mon corps.

Je reste là assise, les genoux repliés jusqu'au menton. Les bras serant fermement mes jambes, je suis alors comme ce cloporte, cet insecte qui se met en boule pour se protéger lorsqu'un prédateur menace sa survie. Sauf qu'à cet instant, ce prédateur n'était autre que mon père.

Au bout d'un certain temps. Je ne sais plus combien exactement, je n'ai que sept ans, moi.

Il me demande d'aller dans ma chambre.

Je me souviens, avoir mis mon pyjama, j'avais des marques un peu partout sur le corps.

Je me glisse sous les draps, j'essaye de comprendre quelles bêtises j'ai bien pu faire. Je griffe mon visage jusqu'au sang comme pour me punir d'une faute commise, ou peut-être est-ce simplement une manière pour moi, de soulager ma douleur psychologique afin qu'elle me soit plus supportable.

Enfin bref, je n'étais qu'une fillette , je vous en parle avec mes mots d'adultes et les yeux d'un enfant.

Peut-être qu'à l'époque certains souvenirs que je vous raconte, sont ceux d'une petite fille innocente. Il se pourrait qu'ils ne soient pas complets car lointains et déformés par la perception amplifiée qui est celle d'une enfant, voyant le monde plus grand. Ne demandant qu'à en explorer ses moindres recoins, cette enfant encore fragile pas formater par la société et ses normes.

C'est ce qui fait encore des parents les garants de la morale. Celle qui va nous construire en tant qu'individu, et dans certains cas, restera un modèle qui régira notre vie une fois adulte.

- Ambre, je sais que tu as peur, mais ton père est là... ne t'en fais pas je te pardonne. Me chuchote t-il à l'oreille en se glissant sous ma couette.

- Je voulais pas t'énerver papa. Je lui répétais tandis qu'il restait là a me caresser les cheveux, puis minutieusement descendait le long de ma nuque ! Vous m'entendez !

Ambre : De l'ombre à la lumière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant