Je crois que la chose la plus difficile à faire lorsque l'on aime est d'oublier. Oublier le temps, les bons moments, les restaurants un samedi soir après le travail, les doux baisés chaque matins, chaque soirs pour nous donner un espoir le temps d'une journée, tout ceci n'est que du passé. L'amour est chienne, l'amour est vive et vous attend dans vos pires cauchemars, dans les pires moments.
Devrais-je oublier si vite après tant d'années de bonheur, de flatterie et d'admiration ? Est-ce la meilleur chose à faire. Je ne sais pas. Au demeurant, je suis seul, abandonné de toutes sources de sentiments attendant patiemment le retour d'une douce et honorable prétendante comme un gamin un soir de Noël. Assis sur ce fauteuil luxuriant, je prend mon calepin afin d'écrire quelques notes pour ne jamais oublié l'homme que j'ai été il fut un temps. La chose la plus facile à faire dans une vie, c'est aimer, le plus difficile reste d'oublier et de ne jamais confondre le temps et l'impossible. Je ne cesse de m'imaginer chaque matins, à un réveil en Grèce aux portes de Santorin, à coté de moi une femme, ce diamant que m'aurai offert la vie si tantôt il avait duré plus longtemps. Je m'imagine encore découvrir le monde à ses cotés, l'Asie, les îles Japonaises et leur culture atypique. Mais rien. Je suis seul, mort, à découvert sans argent, pas de travail à la rue accompagné de mon vieux costume noir. Je n'ai meme plus cette envie soudaine d'écrire à tout moment, cette énergie de recevoir des gens chaque weekend comme un vieux Parisien, plait-il qu'il m'appelle. Non je ne suis plus rien sans femme. Un chien laissé à l'abandon par son maître, un vulgaire objet laissé de marbre en pleine foret attaché aux portes de l'enfer dénudé de sentiments un temps soit peu sincère. Je pense encore à elle, comme si j'avais ce besoin de lui écrire en permanence, de la toucher, de lui parler mais rien n'y fais, le temps ne change pas le passé mais il vous emporte, vous forçant de traverser avec lui ce destin inexorable auquel vous êtes attendu depuis la nuit des temps. J'ai tout écris. Mes folies, mes rages, mes peurs, mes sentiments, j'ai pleuré en écrivant cela, ne sachant que faire d'autres si ce n'est sortir en pleine rue et crier son nom, non pas pour faire l'amour mais plutôt pour la faire revenir à la raison. J'ai été fidèle, aimant comme un amant, un petit garçon. J'étais jeune, au premier coup d'œil je l'ai remarqué, elle et son sourire je prenais déjà mon pied à lui dire une vague de « je t'aime » et d'autres mots passés ringard par la nouvelle génération. Nous étions encore à l'époque où les messages, les réseaux sociaux n'existaient guère, où les lettres d'amours existaient encore, triomphant de baiser et de rencontres inattendues aux abords d'un café ou dans une rue. Je me souviens encore de notre première rencontre. Tout s'est passé alors que j'étais invité chez un ami dans sa maison de campagne en Essonne. J'y allais pour lui, le temps d'un weekend rien d'important, profité de lui, sans pour autant discuter avec les autres convives. A ce moment là, j'étais toujours du genre timide, la personne la plus discrète qui puisse exister je pense, mais l'on m'aimait bien malgré tout. Les heures défilaient, à force de boire, on finit par s'amuser. Je ne suis plus exactement comment tout s'est déroulé, mais je me rappelle avoir dit à une fille que sa copine était jolie, elle avait une certaine prestance qui la rendait presque séduisante. Une femme brune, plutôt mince avec de fines lunettes. Pas très grande à vu d'œil mais elle me plaisait. Évidemment ;les heures passaient, le soleil s'est couché, et j'ai voulu jouer de mes charmes. C'est bien la première fois j'ai envie de vous dire. Elle ne m'avait pas encore remarqué. Alors que les autres discutaient politique Sarkhosyste, j'en ai profité pour m'asseoir à coté d'elle, l'occasion de faire connaissance vous savez et de lui offrir un verre. Surprise de mon acte, elle se mit à rire nerveusement mais accepta mon verres, bien que léger, du moins pour le moment. Son sourire au moment de mes premiers mouvements de lèvres, à lui parler de littérature, de cinéma, d'art et de poésie. J'avais l'impression d'être son père, un saphir brillant de milles sphères dans ses yeux. Je l'aimais tant, rien que pour ça. Plus besoin d'alcool, elle me suffisait déjà. J'avais l'air bavard, beaucoup plus qu'elle en tout cas. Mais elle me répondait sans jugement, sans être lassé de mes paroles. C'était comme une impression de communiquer au travers du regard. Nous avions tout deux bus notre verre en meme temps. Posé sur la table en verre, à l'écart de nos futures politiciens, j'en profita pour me hisser dans leur conversation, histoire de ne pas trop attirer l'attention. Il n'avait meme pas remarqué notre intimité, nos regards, nos pensées, tout allait pour le mieux comme si le ciel veillait déjà sur nous. Mais il était tard. Demain, nous devions passé la journée sur Paris, profité des activités, du soleil et de sa beauté. On monta tous se coucher dans nos chambres respectives. Je n'arrivais pas à dormir. Je suis sortir torse nue dans le jardin à l'air frais, m'asseyant sur un des transat pour contempler les étoiles. Toujours aucun signe de soleil, j'avais presque envie de passer ma nuit ici accompagné d'un verre de vin histoire d'oublier ce qui c'était passé quelques heures auparavant. Une ombre traversait le terrain. Une femme de loin, peut être moi qui fabulait.
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Baladons nous en chantonnant
Short StoryLe retour inattendu de Florian Guérin au sein du monde de la littérature. Après Earned et Scandale, voici un titre plus personnel, beaucoup moins énigmatique qui cherche à explorer les tournants de l'amour au moment de la jeunesse. Le pire et le mei...