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C'était elle. Elle m'avait surprise comme son regard, inattendue comme si Dieu l'avait appelé à venir me rejoindre une nuit étoilée, rien que nous deux devant ce ciel si généreux portant en lui tout l'amour du monde, sourd de tout problème, n'écoutant que nous et quelques blondes. Je tenais à placer ce passage pour un instant d'humour pour le jeune public me lisant encore à une heure tardive. Passons. Elle ne parlait pas, pas meme moi. C'est étrange ce qui se passe. J'ai souvent été plus bavard, peut être impressionné par un tel beauté nocturne. Elle enleva ses chaussures devant moi et s'allongea par terre comme une preuve d e courage et de détermination. Pas un mot, ce silence...qui dit tant de choses. Nous étions jeunes, j'étais amoureux, je voulais suivre. Je me suis allongé juste en face d'elle. Presque endormie cette fois-ci, apaisé de sa présence. Je ne voulais qu'elle, pour la nuit, ou une vie entière. Je la regarda, elle me regarda. C'était le début d'une grande vie. Pas eu le temps de lui dire un mot d'amour ou mes sentiments qu'elle me dit « oui ». J'étais conquis, sourd, vivant, aimé enfin après tant de mauvais moments, de problèmes quotidien sur moi, et mes choix personnelles. J'avais enfin une personne simple d'esprit qui ne cherchait pas à appâté la galerie en m'embrassant une nuit pour me larguer le lendemain sous la pluie. Non. Elle était moi. On partageaient, plus que nos salives, nos passions nos vies nos corps et nos cœurs, nous étions unies. Rien qu'un soir inattendue, comme le hasard fait si bien les choses, comme le temps offusque tant de moments pour laisser place à l'amour impossible, pourtant celui que l'on aime tant. Terminé les « je », place aux « nous », au renouveau, mais contre toute attentes il ne fallait que personne ne le sache. Ces proches n'étaient pas très friand des jeunes hommes dans mon genre. Artiste d'un coté, écrivain de l'autre, pas une plume de mes doigts ne devait sortir. Elle n'avait aucun téléphone. Je ne pouvais donc pas la contacter. Seul le numéro de son domicile marchait mais il ne fallait rien dire, pour ne pas se faire prendre, comment devions nous procéder ? Je voulais qu'elle reste avec moi, ne jamais la quitter, l'enfermer dans une cave pour garder nos sentiments, nos envies...

L'amour est irrésistible. C'est un mensonge que l'on croit aveuglement. J'ai lu une pelleté de livres, de grands auteurs déchus de tout amours, j'aurai du les croire vu comment tout cela s'est finie. Mais nous nous sommes dit oui. La distance entre nous n'y faisait rien mais cela posait tout de meme un problème au moment du départ. La nuit était levé, le soleil remontait enfin à la surface. Il était tôt, l'heure de se préparer pour conduire et se garer dans une des rues étroites de Paris. Il n'y avait plus de secrets, c'était l'amour fou. Sans faire de bruit après cette nuit à tomber par terre, nous sommes allés dormir ensemble. Nous avons partagé nos corps le temps d'une nuit. C'était tellement bien. Elle adorait faire l'amour avec moi, j'ai compris que c'était pour toute la vie. Le matin, dès l'aube, nous avons filé prendre un bain ensemble, en douceur sans réveiller les autres, encore pas remis de leur discussion passé. C'était bon. Ce bain moussant avec qui coulait milles sentiments, milles rêves qui sentent bons et qui nous rendent plus fort comme après avoir trouvé une pièce d'or, j'étais heureux. Bien évidemment, tout est allé très vite, on se connaissait à peine qu'on avait déjà partagé notre lit. Nous étions très amoureux, jeunes, insouciant, c'était la belle époque. Cette journée à Paris était sensationnelle. On avait fait croire aux autres que ma famille nous attendait elle et moi pour passer tout le temps ensemble. Main dans la main, depuis quelques heures, chantonnant une musique de Rod Stewart, comme si le temps c'était arrêter, il ne restait plus que nous, il ne restait plus qu'elle. Peut importe ce que pensais les autres, ils pouvaient tous mourir, meme mon ami le plus proche, le plus important à ce moment c'était nous, rien qu'elle et moi. La matinée nous donnaient faim, il approchait du déjeuner, et nous n'avions encore rien mangé. Évidemment, nous n'avions rien mangé, pas meme un centime pour une boisson. Elle n'était pas bête, « ma femme ». On se mit tout deux à une table, dans un restaurant Mexicain où nous n'étions que les seuls clients. On demanda à boire et à manger. Deux bières pour trinquer à notre amour et pour montrer notre maturité, et deux steaks pour donner appétits à nos sentiments, se regardant droits dans les yeux à chaque bouchées comme au premier instant, ce soir, tard allongé cote à cote, c'était un oui. A table, on parla de nous, de nos passions, on se voyait déjà à la tete d'un journal, d'un film, d'une exposition d'art. Je n'avais meme plus besoin de boire, cette fille était ma vie. Ni la serveuse ni le responsable ne parlaient correctement Français, remarqué c'est une chance, on s'est enfuis sans un bruit. On avait encore nos boissons à la main, sirotant en courant, l'air Espagnol dans le vent, c'était comme joué dans un film de Sergio Leone. La soirée se profilait, pas de téléphone, pas de quoi appeler, on était seul, mais nous n'en avions rien à faire des autres, des parents, des amis, autant s'enfuir loin jusqu'au Paradis et crever les yeux dans les yeux, bouches contre bouches, s'aiment une dernière fois devant un magnifique couché de soleil. En plein Paris, à une heure tardive, je suis sur que notre petite troupe était encore à notre recherche. Perdus dans la capitale, autant dormir dehors vu ce qu'on avait. Je me suis souvenu d'un quartier près de la Madeleine où se réfugiait un groupe d'immigré. Pourquoi ne pas frapper à leur porte et profiter de leur générosité ? On a pris le métro pour continuer à pied, on ne se souciait vraiment de rien, vraiment rien n'allait nous arrêter. Arrivé aux portes de ce endroit mal-entretenu par le temps. Habité par des personnes remarquables au grand cœur. A peine avoir salué la population, nous avons été accueilli comme jamais. Il me semble que ces personnes, du moins la plupart venait du Congo, venu en France pour espérer le meilleur, ou le pire...

C'est à ce moment précis que j'ai vu son admiration pour l'inconnu, l'étranger. On entendait rire, jouer de la musique à toutes heures de la journée. Avec peu d'argent en poche, ils réussissaient tous à s'amuser, sans se plaindre de quoi que ce soit. On nous a donné un lit, accompagné de quelques couvertures. Pas la peine de préciser mais elle et moi avons fait l'amour jusqu'à tard dans la soirée, s'aiment trop pour ne pas se coller, se désirant trop pour ne pas s'embrasser. Un des membres du complexe nous avez apporté une petite guitare en guise de générosité, il faut dire que ma compagne avait fait forte impression en arrivant, elle dansait déjà sur le rythme du Sud, en honneur de sa douce enfance, bercé par la danse et les traditions.

Baladons nous en chantonnantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant