Hvitserk

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Toute l'après-midi, je herrais dans les rues à le recherche d'Ivar. Tout semblait désormais triste. Le monde avait perdu ses couleurs. Le temps au beau fixe, je ne remarquais que les nuages dans le ciel. J'aurais voulu tout casser sur mon passage.
Aller chasser? Je ne connaissais pas le coin, au mieux j'allais me perdre.
Rendre visite à Torvi? Elle avait sûrement autre chose à faire que d'écouter les plaintes d'une adolescente.
Ma tête me brûlait. Que faire? Au fond de moi, j'étais en colère contre Ivar, sans pour autant arriver à me l'avouer. Tout aurait été si simple s'il n'avait pas sur-réagit. J'aimais son tempérament changeant, mais parfois, cela compliquait les choses plus que ça ne l'était déjà. De toute façon, je ne savais pas où il se trouvait.
Peut être pouvais-je aller voir mes chiens? Au moins, eux ils m'écoutaient.

C'est ce que je fis.

***

J'arrivai aux abords de la ville où ma meute était gardée. Le lieu se situait non loin de l'arrière du port où les bateaux en construction attendaient d'être assemblés. Une brume légère recouvrait la surface de la mer, encore calme.
Déjà j'entendais ma meute courir vers moi dans des aboiements joyeux. Fenrir, premier arrivé, se jeta sur moi, me faisant basculer en arrière. Je le pris dans mes bras alors que Sköll et Hati, ce dernier en meilleure forme, me léchaient le visage. Je parvins à me relever tant bien que mal et pris le gros Fenrir dans mes bras.
Passer ma main dans sa fourrure sombre et épaisse m'avait toujours détendu. Il fallait dire que j'avais eu ce chien alors que j'étais très jeune. C'était mon premier chasseur. Je l'avais élevé comme un fils, entraîné à repérer des proies plus grosses que lui et dressé pour qu'il soit obéissant et doux bien avant que les quatre autres ne viennent au monde. Aujourd'hui, c'était un vieux chien couvert de balafres mais toujours aussi affectueux. Sous des apparences de loup sauvage, ce chien avait en fait le tempérament d'un gros nounours.
J'enfouis ma tête dans son cou duveteux et pris Freki, qui arrivait calmement comme à son habitude, dans mes bras. A côté de moi, Geri et Sköll se battaient amicalement. Les voir ainsi me rendait vraiment heureuse.

« Vous savez, aujourd'hui, je me suis disputé avec Ivar... Je sais que vous l'aimez bien... »

Mes larmes remontèrent. Je savais bien qu'ils ne comprenaient pas ce que je leur disais mais peu m'importait. Je serrai le cou de Fenrir en éclatant en sanglots.

« C'est la première fois que ça me fait cet effet. Savoir Ivar en colère... C'est comme si mon cœur se resserrait à chaque fois que je pense à lui. Je ne me suis jamais disputé avec lui. C'est douloureux... »

Le petit Hati me poussa le bras de son museau, les oreilles en arrière, comme s'il comprenait ma peine. Je lui caressai la tête.

« Tu es un bon chien Hati. »

Il n'y avait que devant ces cinq bêtes que j'arrivais à me confier. Ils connaissaient mes vrais sentiments. Désormais, des larmes sincères coulaient sur les joues avant de se déposer dans la fourrure de Fenrir. Un léger vent s'installa, apportant avec lui un froid digne de l'hiver qui venait de se terminer. Les deux chiens qui se battaient vinrent se coller à moi pour se réchauffer.

« Pourquoi lui? Pourquoi vous l'appréciez lui? Vous ne supportez personne mais pour Ivar, vous faites une exception. »

Une rafale balaya Hati qui sauta dans mes bras.

« Il faut dire qu'il est gentil avec vous tous... C'est vraiment un gars en or. J'aimerai tellement qu'il soit ici... »

Cette fois-ci, pour de bon j'éclatai en sanglots. Est-ce qu'il pense à moi en ce moment? Je sais que oui, de la même manière que je pense à lui. Foutue fierté Viking! Ç'aurait été si simple s'il n'avait pas cette jalousie ancrée en lui.

A story of love and swords - Ivar x readerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant