Les premiers jours au sein du régiment de reconnaissance furent éprouvants. J'avais dû subir un rite de passage, tel que l'avaient subi mes camarades, lorsque nos années d'entraînement avaient commencé. J'avais beau y avoir échappé la première fois, cette fois ci, je n'eu droit à aucuns traitements de faveur. Le soir même de mon transfère, je fus convoquée dans les cachots du sous-sol. Je pensais qu'il s'agissait d'un peu de bizutage mais décidai quand même de ne pas prendre de risques et décidai d'y aller. Mais quelle ne fut pas ma surprise, lorsque la porte se referma derrière moi et que je tombai nez-à-nez avec le Major Shadis! Je m'empressai de saluer, un peu maladroitement, à cause de ma stupeur.
-Qu'est-ce que tu essayes de faire, gamine?!, cria-t-il, avant de m'envoyer un coup de boule dans le nez.
-Non mais ça va pas?!!, criai-je à mon tour, en me frottant mon nez douloureux. Vous pensez pas que j'ai encore au moins un peu mal, après les coups que je me suis pris au tribunal?!
-Tu oses me répondre?!, s'indigna-t-il. C'est une grande première!
Je lui lançai un regard plus que furieux avant de prendre une grande inspiration et de lui demander, non sans hésitation:
-Dites, y aurait moyen d'avoir des lunettes, s'il vous plait?
-Des lunettes?
-Oui, les miennes sont tombées, lorsque je suis descendue du mur, expliquai-je. J'ai pas eu le temps de les rattraper et maintenant, je ne vois plus à deux mètres devant moi!
-Comment tu m'as reconnu, alors?, demanda-t-il, surpris.
-Vous êtes a quelques centimètres de moi... Je suis myope, pas aveugle!
Il soupira et appela un de ses subordonnés, à qui il envoya aussi un coup de boule visiblement bien ressenti, puisque le soldat tomba inconscient.
-Donc c'était pas la faute de mon coup... Tu as la tête bien trop dure!, réprimanda-t-il.
-Je sais, répondis-je, un sourire aux lèvres.
-Et tu es folle! Jamais j'avais vu autant de folie dans un seul corps!
-Je sais, répondis-je, toujours souriante.
-Et c'est quoi ce sourire?! T'es complètement débile ou t'es masochiste?
-Mon sourire? Il me permet de vivre! Il m'empêche de pleurer! Il me permet d'avancer! Il m'empêche d'abandonner!
-Tu as un truc en plus, Zoe! Et c'est peut-être bien un grain... Enfin, ici, on en a tous un, de toute façon. Ça rends les soldats de ce corps spéciaux et capable de se battre. Ça nous permets de survivre, même si ça se fait sans le sourire... Enfin! Bienvenue au seins du bataillon d'explorations! Tu as définitivement les tripes pour en faire partie!
-Euh... Merci, répondis-je, hésitante.
-Tu hésites! Ici, il n'y a pas de place pour l'hésitation, cria-t-il, avant de m'envoyer un deuxième coup de boule.
-Dites, vous avez pas mal à la tête, à force?, demandai-je, en me frottant le haut du crâne.
-Si!, répondit-il, avant de commencer à m'imiter. Bon, tu peux disposer! Demain, lever à huit heures!
J'obéis et sortis de la pièce, laissant derrière moi les gémissements de douleur du Major.
-Arg! Elle a vraiment la tête dure!, marmonna-t-il.
Je ris légèrement à cette remarque. Malheureusement, il semblait m'avoir entendu, puisqu'il me cria de m'en aller avant qu'il ne s'énerve. Il avait exactement les même méthodes que mon ancien instructeur. C'était tellement similaire que ça en devenait terrifiant. Peut-être s'étaient-ils connus?
Finalement, je décidai d'obéir aux ordres et de retourner dans les dortoirs, avant d'avoir à "courir jusqu'à en crever", comme disait souvent l'entraîneur. Sur le chemin, je décidai d'arrêter de me poser des questions et marchai sans vraiment regarder où j'allais. Je ne mis pas longtemps à arriver devant la porte et à entrer dans la pièce.
-Salut tout le mond-
Je me stoppai net, en apercevant le corps à moitié nu d'un garçon, en face de moi.
-Qu'est-ce que tu fiches ici?, demandai-je, surprise.
-C'est plutôt à moi de te demander ce que tu fais dans le dortoir des hommes, répondit un autre, en arrivant.
J'avais réussi à me tromper de dortoir... Je n'avais jamais eu un très bon sens de l'orientation, ça, je le savais. Mais à ce point là... Je ne savais pas que c'était possible. Le dortoir des filles était à l'exact opposé du campement. Je ne savais même pas comment j'avais fait pour me perdre comme ça dans une base que j'avais traversée dans son entièreté le matin même.
-Je suis désolée, je me suis perdue!, expliquai-je, dans un rire nerveux. A vrai dire, j'ai complètement oublié où se trouve la chambre des filles! J'étais persuadée que c'était par ici, pourtant...
-Mais dis-moi... Je te reconnais!, s'écria le dernier arrivant. Tu es la nouvelle recrue qui a tué deux titans et vu son camarade mourir!
J'acquiesçai, le regard vide. N'avait-t-il donc pas pu s'empêcher de me rappeler que tout le monde me détestait encore plus qu'avant? Ne pouvait-il pas juste éviter de me rappeler que mon ami était mort par ma faute? Pourquoi n'avait-il pas juste pu se taire? Tandis que toutes ces questions fusaient dans mon esprit, une grande main vint se poser sur mon épaule.
-Sache que ce que tu as vécu ce jour là, tu vas le revivre, déclara l'homme, d'un ton à la fois gentil et triste. Tu as eu bref un aperçu de notre quotidien. Je sais que c'est dur à supporter. Ici, tout le monde le sait. D'ailleurs, personne ne te blâmera d'être sortie afin d'aider ton ami. Personne ne blâmera non-plus ton impuissance. Parce qu'on sait ce que c'est. Et puis, si tu avais sauté directement, tu serais probablement morte, à l'heure qu'il est.
J'acquiesçai, sans rien dire, les yeux rivés au sol. Les souvenirs remontaient tous à la fois dans ma tête. L'odeur du sang, la chaleur des titans, la sensation du sang de titans qui s'évaporait et de celui de Marcus qui s'imprégnait dans mes vêtements. Tout me revenait en tête. Pourtant, je n'arrivais toujours pas à pleurer. Au contraire, je trouvais mon impuissance risible. Après tout, qu'aurais-je pu faire? C'était pourtant simple: je n'aurais rien pu faire. Je n'aurais pas pu le sauver. Tout simplement parce que je n'en avais pas les moyens, je n'en avais pas la force. Tout ce que j'étais capable de faire en cet instant, était de me poser des questions. Un tas de questions.
-Je veux savoir... J'ai besoin de savoir..., murmurai-je. Pourquoi existent-ils? Pourquoi nous dévorent-ils? Pourquoi a-t-on donné ces noms aux murs? Quel est le sens de tout ceci? Je n'y comprends rien... Mais je DOIS comprendre! Est-ce qu'ils respirent? Est-ce qu'on peut les faire souffrir? Ont-ils seulement une conscience? Pourquoi les humains sont-ils leurs seules et uniques proies?
Je me mis alors à rire. C'était un rire fou et complètement incontrôlable. Je ne savais même pas pourquoi je riais ainsi aux éclats. Mais je ne pouvais pas m'en empêcher.
-Vous ne trouvez pas ça risible?, demandai-je, en essuyant les larmes causées par mon fou rire. On se bat contre les titans. On les tue et ils nous le rendent. Mais, on ne sait pratiquement rien d'eux! Si ça se trouve, ils n'ont même pas conscience de nous dévorer! Ou peut-être le font-ils par instinct! Mais pourquoi?!
Les deux hommes ne disaient plus rien. Ils me regardaient avec une profonde tristesse dans le regard. Je les regardai droit dans les yeux, me demandant pourquoi ceux-ci semblaient dire "elle aussi...". Mais, la réponse ne tarda pas à arriver. Je vis mon reflet dans les pupilles de mes interlocuteurs. Je ne m'étais jamais vue comme ça. Mon regard était empli de folie et mon sourire était sadique. J'avais probablement perdu la raison. Mais depuis quand? Je commençai à me poser mille-et-une question, sans même me rendre compte que je me fichais de a réponse. Je voulais juste avoir des questions à me poser. Je voulais juste, un sujet sur lequel me pencher.
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Tout commence quelque part...
FanfictionNe vous êtes-vous jamais demandé comment tout avait commencé pour les personnages de l'attaque des titans? Comment Hansi était devenue folle? Comment Erwin était devenu capable d'envoyer ses camarades à la mort de sang froid? Ou encore ce qu'il étai...