Quelle idée avait-elle eu de partir de chez sa meilleure amie en pleine nuit ?
Elle s'insurgea de sa stupidité, l'obscurité dévoilant une partie de son angoisse. Elle aurait pu prévenir ses parents qu'elle ne rentrerai pas ce soir ! Mais non ! Maladroite et inconsciente comme elle l'était, elle avait oublié son téléphone dans sa chambre ! Déterminée et têtue comme une mule, elle avait décidé de rentrer directement, de peur d'inquiéter ses parents. Car avec tout ces meurtres qui ont eu lieu durant ces trois derniers mois à Paris mieux valait inquiéter ses parents une nuit plutôt qu'être retrouvée égorgée sur le béton d'un trottoir.
Non décidément, elle était idiote de s'être montrée si forte devant sa meilleure amie, sachant que cette dernière savait très bien qu'elle était aussi peureuse qu'une poule de compagnie ayant comme propriétaire un boucher. Mais la seule chose qui l'alarmait était le fait de mourir sur un trottoir : c'était pas glorieux.
Elle marchait rapidement, la tête fièrement relevée. Foi de Marinette, elle ne se montrera jamais faible...même si en vérité elle était à deux doigts de s'uriner dessus. La peur lui tiraillait l'estomac. Une nausée la prit de court. La brunette écarquilla ses beaux yeux lagons, étonnée que son effroi lui retourne autant l'estomac.
C'est en s'interrogeant là dessus qu'elle remarqua une odeur nauséabonde, une odeur de pourriture, comme si on avait laissé de la dinde décongelée avec du maroille pendant trois semaines. Une véritable décharge ! Elle se dirigea avec crainte vers le lieu qui empestait, l'impasse où son odorat la menait. Elle imaginait déjà le pire. Dans le pire des cas, elle retrouverait un cadavre et cauchermarderait pendant des mois voire des années ?
_ S'i-il... vous-
Elle sursauta à l'entente d'un faible murmure appelant à l'aide. Décidément pas rassurée, elle composa le numéro de la police. Quitte à avoir halluciné, autant se faire gronder par les cops. Elle osa émettre un faible rire, en entendant le ''s'il vous''. Elle avait mentalement complété son hallucination en disant "Plait-il", ce qui formait ''s'il vous plait-il'' en composé. Elle fut mise en attente : sûrement avaient-ils trop d'appel ? Elle s'avança tout de même, son courage pris entre ces deux mains. Ou sa stupidité, au choix !
Un craquement la fit sursauter, le son d'une planche de bois que l'on brisait en deux. Tremblante, l'adolescente tourna la tête de droite à gauche, voulant absolument découvrir ce dont il en ressortait. Une vieille prélude jouait en boucle dans son téléphone, l'angoissant encore plus qu'il n'était possible. Elle se gifla mentalement et physiquement et le bruit se répéta plusieurs fois en écho dans la ruelle.
Marinette soupirait souvent, mais là elle s'exaspérait elle-même. Il y avait sûrement un meurtrier, et elle, elle faisait le vacarme d'un tracteur bloqué dans un fossé. Elle rit faiblement de sa comparaison : elle habitait à Paris, mais de loin on pouvait croire que c'était une ado vivant dans une ferme depuis des générations !
Une goutte tomba sur sa joue, puis une deuxième et une troisième. Elle râlait dans sa barbe. Super ! Maintenant il pleuvait ! La énième goutte tomba sur sa main, puis plus rien. La jeune styliste fronçait les sourcils, la pluie avait été rapide, certes nous étions en été mais tout de même !
Sa tête se levait d'elle-même au dessus de sa personne. Vérifiant si le nuage était passé. Ses pupilles s'élargissaient d'effroi, des sueurs froides descendaient de sa colonne vertébrale. Dans un élan de terreur, elle courut vers d'où elle venait, sa voix s'étant éteinte tant la peur broyait ses cordes vocales. La styliste tomba à même le sol dans sa course, les larmes aux yeux, le souffle haletant.
Elle se releva brusquement, l'adolescente tremblait de tout son corps. Il ne pleuvait pas en ce beau mois de juin. Ce n'était pas de l'eau mais un liquide rougeâtre et pâteux. Un homme était suspendu par des fils à linges entre les deux maisons. La lune aussi lumineuse que le soleil ce soir-là, en un coup d'oeil elle avait pu voir sa gorge tranchée, ses yeux révulsés et prêts à sortir de leurs orbites, ses traits tirés par la peur de mourir. En un instant, son instinct de survie lui hurla de fuir au plus vite. Son téléphone était tombé, elle ne pouvait plus appeler à l'aide, la police toujours en écoute.
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Le Chat de Nabeshima
FanfictionLorsqu'un tueur sévit, un quatuor décide de mener l'enquête. Entre amour, sunraturel et épouvante. Ils vont devoir faire face à une histoire à s'en tirer les cheveux. Bonne lecture !