Chapitre 11

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     A force de me torturer l'esprit, mes paupières se firent de plus en plus lourdes. Je ne tardais pas à m'endormir...

     Deux jours plus tard, après avoir cette fois-ci visité entièrement Suna, j'étais à court d'idées. Temari, elle, ne se sentait toujours pas chez elle malgré des éléments de son enfance revenus. Les dîners ne se constituaient plus que de conversations nostalgiques entre Kankuro et sa sœur. Gaara et moi n'osions pas nous manifester, de peur de casser l'entente qui régnait entre ces deux-là sans doute...

     Un soir, alors que je tournais en rond, je me levais et sortais de ma chambre. Je déambulais dans les différents couloirs de l'étage jusqu'à m'arrêter devant une salle qui avait retenu mon attention. La porte était d'un jaune moutarde un peu passé et une vitre avec un autocollant collé dessus représentant un chat noir y était encastrée.

     J'ouvrais la porte en la poussant un peu. Je posais un pied à l'intérieur et fus surpris par la propreté de la pièce. Le sol était fait d'un parquet plus souple et de couleur bois. Les lattes étaient disposées en diagonale et formaient en tout une espèce de spirale, ce qui donnait dès le début un côté original au lieu.

     Au milieu trônaient deux tables qui étaient assemblées ensemble et recouvertes d'une nappe rouge pal. Des chaises en bois avaient été disposées autour. Sur le côté gauche se trouvait une bibliothèque, elle aussi réalisée en bois plutôt ancien. Je m'approchais et remarquais qu'il s'y trouvait toutes sortes de livres : certains traitaient de l'histoire du village caché du sable, d'autres de techniques relatives au vent et au mouvement ou encore aux marionnettes.

     L'étagère qui se plaçait au plus près du sol renfermait un certain nombre de contes pour enfants. Je dus m'assoir pour les regarder de plus près. Leurs couvertures étaient variées : sur l'une était illustré un animal mythique ainsi qu'un guerrier aux vêtements rouges tachés d'un sang étrangement jaune, sur l'autre un ciel nuageux d'où se distinguait le soleil, tout en passant par les pois et les rayures aux couleurs de l'arc-en-ciel.

Le nom de certains d'entre-eux me plongèrent dans la nostalgie. Je secouais la tête : je ne devais pas perdre mon temps dans les contemplations de mon enfance.

Je me relevais et ouvrais au hasard un des livres que j'avais déjà aperçu un peu avant. Son titre évoquait les différentes phases de la maîtrise du vent. Sur la couverture intérieure gauche se trouvait une inscription à la plume bleue. Temari No Subaku. Je souris immédiatement en voyant son nom.

Je caressais doucement les pages, les tournant les unes après les autres. Le papier était jauni, comme si le temps avait décidé de marquer son empreinte dessus. Une page avait été déchirée vers le milieu, puis replacée quelques pages après. Elle était pliée en deux, un bout un peu écorché.

Je la dépliais et découvris un schéma détaillé d'un éventail géant. Des annotations, détails et améliorations futures avaient été écrites par ci par là. Certains étaient là pour l'esthétisme, d'autres pour augmenter son efficacité. On pouvait deviné quelle s'était investie dans la confection d'une arme qui lui serait propre. Je souris à cette idée : elle était bien consciencieuse, parfois.

Je replaçais à son emplacement l'ouvrage que je tenais puis me dirigeais vers un autre meuble.

Ce dernier était parfaitement aligné avec les tables du milieu. Il était composé de quatre étagères, reliées par deux planches de bois coupées en biais. De cette façon, les étagères étaient semblables à un escalier.

J'y jetais un coup d'œil et fus interpelé par un plateau de jeu. C'était en effet un jeu de shōgi. Les pions, rangés dans une petite boîte à côté, semblaient usés. Il a du bien servir, cela veut donc dire que quelqu'un sait donc y jouer ici, pensais-je satisfait.

J'attrapais le tout avec adresse et les ramenais sur la table. Je déballais le jeu et étais enthousiaste rien qu'à l'idée de positionner le pion du roi. Je les disposais tous sur le plateau, un par un. Lance, cavalier, général d'argent, général d'or, Roi... Mes pensées dérivèrent alors vers Asuma-sensei ainsi que Kurenai-sensei. Je tâtais ma veste et sortis le briquet qui se trouvait dans ma poche intérieure gauche. Je soupirais, rassuré de ne pas l'avoir perdu dans toute l'agitation des derniers jours.

Je repris mon activité quand j'entendis une voix venant de l'entrée de la pièce.

« Je ne te pensais pas si précautionneux envers un simple jeu. Comme quoi on en apprend tous les jours en te côtoyant, Shikamaru Nara...

- Si tu le dis, Temari No Subaku, dis-je en me retournant, surpris par sa présence.

- Je ne voulais pas te faire peur désolé, dit-elle en feignant de s'excuser.

J'haussais un sourcil et détournais le regard.

- Tu as bien dit que tu étais plutôt fort au shōgi ? reprit Temari quelques minutes plus tard.

J'hochais la tête en guise de réponse, encore vexé d'avoir été surpris et sortis de ma bulle.

- Si je me souviens bien, tu as prononcé ces mots : "personne, à part mon père évidemment, ne m'a jamais battu au shōgi.", imita-t-elle en prenant un ton présomptueux.

- Je ne parle pas du tout comme ça, ronchonnais-je avant de m'asseoir pour continuer l'installation

Elle s'avança, éclata de rire puis me donna un coup de coude afin que je la regarde à nouveau.

- Qu'est-ce que tu as ? demandais-je, mécontent qu'elle ne me laisse pas tranquille.

- Rien du tout, je passais juste dans le coin, c'est tout...

- Je te crois, je te crois, soupirais-je avec ironie.

- Tu n'es pas très joueur dis donc ce soir. Mais je te dis la vérité : je suis passée, j'ai vu la porte entrouverte et j'ai trouvé ça inhabituel. Je me suis glissée à son encadrement et je t'ai vu, ce jeu entre les mains, expliqua-t-elle en pointant le jeu du doigt.

- Mouais, bougonnais-je avant de détourner le regard. »

Je la vis tirer une chaise puis s'asseoir en face de moi. Elle tritura ses doigts pendant plusieurs minutes avant de prendre un pion sur le plateau.

« Que dirais-tu de faire une partie, lâcha-t-elle finalement.

- Tu sais jouer, toi ? ricanais-je silencieusement.

- Peut-être bien, me défia la sunienne du regard.

- Voyons ça... cédais-je. En revanche, ne viens pas pleurer quand tu auras perdu.

- Tu es donc persuadé de gagner ? Tant d'assurance me donne envie de t'enlever ton sourire moqueur de tes ma- fichues lèvres, ajouta mon adversaire.

Je replaçais le pion du roi, passais mon doigt à sa gauche pour enlever le peu de poussière qu'il restait sur le plateau puis remontais mon regard vers son visage, en m'arrêtant plus que je ne le devais sur ces lèvres, jusqu'à me fixer mes yeux dans les siens.

- C'est ce que nous verrons, dis-je en mettant fin à cette joute verbale, un sourire toujours plaqué aux lèvres. »

Elle ne rétorqua rien, et m'intima de jouer en essayant de cacher les regards assassins qu'elle me lançait dû à sa défaite orale.

Mémoire vagabonde [Shikatema]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant