Chapitre 6: Choisir c'est renoncer

884 62 19
                                    

Quand ils arrivèrent au niveau d'Aragorn, Gimli et Gandalf qui discutaient toujours, Legolas entraîna Elenwë à l'écart, là où il avait posé son sac. Lui demandant de s'asseoir, il se dirigea vers son sac.

Il sortit d'une des poches extérieures une petite boîte ronde avec un couvercle aux motifs de feuilles argentés.

Elenwë écoutait la discussion et ne vit pas que Legolas la regardait avec insistance.

Sans la prévenir, il lui saisit la main.

Elenwë sursauta et se retourna vivement vers Legolas.

— Aïe.. Vous auriez pu me prévenir.. Vous avez éclaté une cloque !

Legolas regarda sa main. Effectivement, en l'attrapant trop brusquement, il avait crevé une cloque.

— Euh.. effectivement, pardon.

Elenwë rougit, navrée de s'être montrée trop surprise.

— Ce n'est pas grave.. Murmura t-elle doucement, rougissant un peu.

Legolas, rougit très légèrement de honte. Puis avec douceur, il appliqua de la crème sur la paume de la jeune elfe.

Elenwë songea soudain qu'il était très près et cela l'embarrassa que Legolas lui tienne ainsi la main.

Elle tenta de se dégager mais Legolas serra la prise autour de son poignet en disant:

— Je n'ai pas encore fini.

Elenwë acquiesça, détournant le regard. Par les Valar.. Que ce moment pouvait être gênant !

L'elfe sylvestre, lui, tentait de se concentrer sur ce qu'il faisait et de ne pas penser à quel point les mains de l'elfine étaient douces.

Alors que cette pensée lui traversait l'esprit, il rougit en secouant légèrement la tête. "Bon sang.. Qu'est-ce qu'il me prend ?"

Il se reprit en sentant Elenwë tenter de retirer encore sa main. Comme un réflexe, il resserra ses doigts autour d'elle.

— Laissez moi encore un instant, c'est bientôt terminé, dit-il maladroitement.

Il termina en quelques secondes supplémentaires et releva finalement le regard.

Alors, il remarqua qu'Elenwë avait l'air tout à fait embarrassée et qu'une légère rougeur apparaissait au bout de ses oreilles.

Il la trouva véritablement adorable avec cette expression gênée sur le visage.

Il attrapa, sans lâcher la main d'Elenwë, un bandage dans son sac. Puis il l'enroula autour de la paume de la jeune elfe.

Il se releva, entraînant Elenwë avec lui.

Elle le regarda et murmura:

Hannon le, Hir Legolas. (Merci, Seigneur Legolas)

A! Là! Legolas. (Ah non ! Legolas.)

Elenwë voulut encore se dégager mais Legolas tenait toujours sa main.

Elle tenta de trouver la situation risible et finit par demander avec ironie:

— Serait-t-il possible que vous me rendiez ma main ?

— Oui certainement, pardon. Fit un Legolas confus.

Elenwë le regarda dans les yeux, sourit et le remercia encore.

Legolas lui sourit aussi et ils rejoignirent les autres.

— Peut-être lui aussi vous a t-il pris pour Saroumane, disait Gimli. Mais vous parlez de lui comme s'il était un ami. Je croyais Sylvebarbe dangereux.

— Dangereux ! S'écria Gandalf. Et moi aussi, je le suis, très dangereux même : Plus dangereux que tout ce que vous rencontrez jamais, à moins que vous ne soyez amené vivant devant le Seigneur Ténébreux. Et Aragorn est dangereux, Elenwë est dangereuse et Legolas est dangereux. Vous êtes entouré de dangers, Gimli fils de Gloïn, car vous êtes dangereux vous-même, à votre propre manière. 

Il s'arrêta un instant, observa les arbres et poursuivit :

— La forêt de Fangorn est assurément périlleuse particulièrement pour ceux qui portent trop promptement la main à leur hache, et Fangorn lui même est périlleux aussi, mais il n'en est pas moins sage et bienveillant. Mais à présent sa longue et lente colère déborde, et toute la forêt en est emplie. La venue des Hobbits et les nouvelles qu'ils ont apportées l'ont fait déverser : Elle se répandra bientôt comme une inondation, mais son flot est dirigé contre Saroumane et les haches de l'Isengard. Une chose est sur le point de se produire, qui n'est pas arrivée depuis les Jours Anciens : les Ents vont se réveiller, et ils se souviendront de leur force.

— Que feront-ils ? Demanda Legolas, étonné.

— Je n'en sais rien encore, dit Gandalf. Je ne pense pas qu'ils le sachent eux mêmes. Je me le demande.

Il retomba dans le silence, la tête baissée, plongé dans ses pensées.

Les autres le contemplèrent. Un rayon de soleil tomba d'entre les nuages rapides sur ses mains, posées à présent la paume en l'air sur ses genoux: elles paraissaient emplies de lumière comme une coupe d'eau.

Enfin, il leva les yeux et regarda droit vers le soleil.

— La matinée touche à sa fin, dit-il. Il faudra bientôt partir.

— Irons-nous trouver nos amis et voir Sylvebarbe ? Demanda Aragorn.

— Non, répondit Gandalf. Ce n'est pas la route que vous devez prendre. J'ai prononcé des paroles d'espoir. Mais d'espoir seulement. L'espoir n'est pas la victoire. La guerre est sur nous et sur nos amis, une guerre dans laquelle seul l'usage de l'Anneau pourrait nous donner l'assurance de la victoire. Cela m'emplit d'une grande tristesse et d'une grande crainte: il y aura beaucoup de destructions, et tout peut-être perdu. Je suis Gandalf, Gandalf le Blanc, mais le Noir est plus puissant encore.

Il se leva et regarda vers l'Est, s'abritant les yeux, comme s'il voyait dans le lointain des choses qu'aucun d'entre eux ne pouvait voir. Puis il hocha la tête.

— Non, dit-il d'une voix douce, c'est parti hors de notre atteinte. De cela au moins, nous pouvons nous réjouir. Nous ne pouvons plus être tentés d'utiliser l'Anneau. Nous devons descendre affronter un péril presque désespéré, mais ce péril mortel est supprimé.

Il se retourna.

— Allons, Aragorn fils d'Arathorn ! Dit-il. Ne regrettez pas le choix que vous avez fait dans la vallée de l'Emyn Muil, et ne parlez pas de vaine poursuite. Vous avez choisi dans le doute le chemin qui vous paraissait le bon : le choix était juste, et il a trouvé sa récompense. Car ainsi nous nous sommes rencontrés à temps, nous qui autrement aurions pu nous rencontrer trop tard. Mais la recherche de vos compagnons est terminée. La suite de votre voyage est marquée par votre parole donnée. Vous devez aller à Edoras et chercher Théoden dans son château. Car on a besoin de vous. Il y a la guerre en Rohan et pire encore: cela va mal pour Théoden.

— Ne devons-nous plus revoir les joyeux jeunes Hobbits, alors ? Demanda Elenwë .

— Je n'ai pas dit cela, répondit Gandalf. Qui sait ? Prenez patience. Allez où vous devez et espérez ! À Edoras ! J'y vais aussi.

Ils sortirent de la forêt et Gandalf siffla un air court et mélodieux.

La fille de la Lune Tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant