Le lendemain, nous fûmes réveillées très tôt le matin par la Kameradschaftsälteste. Ses hurlements me firent froid au dos. Nous comprîmes alors que c'était l'heure de la gymnastique. La fatigue était déjà présente car Marthe et moi avions discuté presque toute la nuit, même si l'autre débile rouspétait. Nous enfilâmes notre tenue de sport et sortîmes de notre chambre. Nous qui pensions être les premières, étions en réalité les dernières. Nous nous mélangeâmes à la foule qui avait déjà descendu les escaliers. Mes deux longues tresses tombaient sur mon dos qui frémissait de froid. Sous le ciel encore noir, tombaient sur nous de petits flocons de neige. Frau Eckert était là, et nous hurlait dessus. Après les étirements musculaires, nous devions faire le tour du terrain trois fois. Ensuite, place au hissage du drapeau. Les filles étaient en cercle autour du mât. La Kameradschaftsältestese se plaça au pied de celui-ci aux côtés de Frau Eckert et de son adjointe. Nous levâmes toutes notre bras en direction du drapeau qu'elle hissait. Nous étions peu nombreuses, on était peut-être une vingtaine. Moi qui pensais être logée dans un camp comme l'était ma sœur durant son service, je m'étais retrouvée dans un manoir encerclé de baraquements. Ce n'était pas pire à vrai dire...Nous commençâmes à chanter.
Chanter en l'honneur de notre Führer.
( Traduction à la fin. )
- ... Jugend ! Jungend !
Wir sind der Zukunft Soldaten.Jugend !Jugend !
Träger der kommenden Taten.Führer, wir gehören dir,
Wir Kameraden, dir !- Longue vie à notre Führer ! Cria fièrement la Führerin.
- Heil Hitler ! Répondîmes en retour.
Ensuite, nous nous dispersâmes et montâmes dans notre chambre.
- J'ai si envie de dormir... S'exprima Marthe en s'asseyant lourdement sur son lit. Je regardai ma montre, il n'était que 06h47.
- Pareil... Ajoutai-je.
- Au lieu de parler, vous auriez dû dormir. Dit Anneliese en se déshabillant. Elle prit sa serviette et se dirigea vers la porte.
- Pourquoi tu prends ta serviette ?
Et surtout, pourquoi est-ce que tu es nue...?
- Et vous auriez dû écouter la Führerin. Sans ajouter de mots, elle sortit de la chambre nue.
- Mon Dieu mais quelle demeurée ! Tu as vu ça ? Elle est sortie nue... La douche.
Nous nous précipitâmes vers notre petite commode qui conservait nos affaires. Nous prîmes notre serviette blanche et sortîmes de la chambre. Nous fûmes soudainement étonnées. Anneliese n'était pas folle. Toutes les filles étaient nues. Certaines nous regardaient, riaient et se moquaient de nous.
- Vous devez vous déshabiller à l'avance. Dit une fille au nom d'Annie. Je connaissais son prénom car elle avait souper avec nous la veille. Elle avait l'air d'être gentille.
- Nous sommes obligées de le faire ? Nous ne pouvons pas nous déshabiller dans les douches ? Elle sourit et secoua sa tête.
C'était hors de question, nous allions tout de même pas sortir dénudées de notre chambre. La Kameradschaftsälteste, qui s'appelait Kirsten vint nous voir.
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L'Ange de l'Enfer
Historical FictionC'est l'histoire d'une adolescente dont la naïveté la condamnera à vivre les horreurs de la guerre, et de l'après-guerre. Contrainte d'abord de donner des enfants au Reich par sa pureté raciale, elle découvrira les terreurs d'une maternité, celles...