Histoire courte:
Wang , son taxi et son client n'en demandaient pas tant. L'un veux juste gagner sa vie, la bagnole veux changer d'embrayage et le client veux dessaouler peinard. Mais la nuit part en sucette et c'est le dawa à DongGuan, la ville la...
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Ma nuit s'annonce plutôt misérable, à peine deux cents Kuai, pour un samedi soir c'est franchement minable. Je remonte Dong cheng Da Dao (1) pour prendre ensuite Jiuba Die(2). Les bars à Guilao (3) vont fermer bientôt, avec un peu de chance je pourrais ramasser un ou deux Laowai (4)
Malheureusement quand j'arrive la queue des taxis s'allongent déjà devant les troquets les plus populaires. À l'intérieur, il n'y a pas foule, ce qui en rajoute une couche à ma lassitude. Si même les étrangers s'y mettent !
Je repère le Roadkill, un infâme bar populaire de DongGuan. Je stoppe la caisse derrière celles des collègues, arrête le moteur et descend rejoindre un groupe qui joue aux cartes sur le capot vert et cabossé d'une des Volkswagen Jetta de la file.
« - Wanshang hao(5) ! Ça se passe comment ce soir ?
-Ni Hao(6) Lao wang(7) ! Mauvais il commence à faire froid et personne ne sort.
-Meme les Guilaos ?
-C'est bientôt Shang deng jie(8), ils économisent pour rentrer chez eux. Tu joues ?
-Wo bu yao(9) ! J'ai pas un rond.
-Ayah ! Fait pas ta fiotte balance cinq Kuai (10).
-Non vraiment, c'est à peine si j'ai de quoi payer l'essence.
Un type arrive dans une grosse bagnole, un Chinois dans une BMW. À ses côtés une de ses pauvres petites pétasses qui pensent avoir trouvé le riche couillon qui va l'épouser. Mais ce bellâtre il est plus que certain que ce n'est pas sa bagnole et que ce Wangbadan(11) à déjà grillé tout son salaire dans sa fausse Rolex ou son téléphone portable tandis que sa femme l'attend à la maison. Je le suis du regard se pavaner, méprisant, devant nous.
Qu'est-ce qu'il espère en venant ici ? Impressionner les Guilaos ?
La fille est chaude il va juste se la faire piquer par un des occidentaux qui se tirera avec la poule en laissant la note au crétin.
Mais pour le moment il est tout fier et je l'observe sans envie entrer dans le bar. C'est à ce moment qu'a travers la vitrine je reconnais un gros Guilao que j'ai eu l'occasion de trimbaler une fois jusqu'à une usine de Shenzhen. Une grosse course à six cents Kuai qui occupa une bonne partie de la journée.
Peu de chance qu'il aille visiter une usine cette nuit, mais s'il me reconnaît peut-être me choisira-t-il pour rentrer chez lui ; Jinhu huayuan si mes souvenirs sont exacts.
Ça va chercher dans les vingt-cinq Kuai. J'attends qu'il tourne éventuellement la tête vers moi pour me signaler à lui peut-être me reconnaîtra-t-il.
La chance me sourit effectivement le type me fait un grand signe du bras et sort du bar souriant avec sa bière à la main. Le type ne semble pas complètement ivre, juste comme il faut pour ne pas vomir sur ma banquette.
