Je me souviens de tout. À une échelle partielle certe, mais je me souviens de tout.
Nous rentrions de soirée. Tu avais bien bu contrairement à moi qui, à mon habitude, n'avait pas consommé une seule goutte d'alcool. Malheureusement, tu étais le seul à posséder le permis de conduire à ce moment-là en plus d'être en charge de ma "sécurité". Et malgré ton taux d'alcool dans le sang trop important par rapport à la moyenne, tu insistais pour me ramener dès ce soir à la maison. Sur ton visage, les traces de l'inquiétude de mes possibles représailles suite à l'heure à laquelle tu me rendrais à ma famille se lisait. Je voyais bien que tu avais peur pour moi, mais moi aussi j'avais peur pour toi:
"Arrête tes conneries! Tu tiens à peine debout! Tu ne crois quand même pas que je vais te laisse prendre le volant?!"
Mais peu importe mon début d'énervement, tu persistais dans ta démarche, tout en essayant furtivement de m'arracher des mains tes précieuses clefs de voiture.
"Regarde ce que l'on peut faire au pire! "
J'ouvris le coffre de ton vieux todis, y rabaissa les sièges arrières passagers et te pointa du doigt, toute fière de moi, cette nouvelle zone dégagée.
"Dormons ici! Mh.. Ok, ce n'est pas le grand luxe mais au moins avec ça nous avons la sûreté de ne faire aucun accident! "
Face à ton air dérouté et dubitatif, je ris.
"Roh! Ne t'en fais pas! Personne n'en saura rien! N'as-tu jamais eu envie de faire du camping à la belle étoile? Alors j'avoue, on est pas en pleine forêt et on a pas de tente mais à la place une voiture qui roule à peine. Mais on a un coffre! Et puis.. Si tu veux, demain, quand tu auras repris le contrôle total de tes esprits, on repartira."
Tu contesta, argumentant le risque que je prenais avec mes parents. Mais avant que tu n'ais eus le temps de finir ta phrase, je saisis ton bras pour te tirer vers l'intérieur du véhicule. Légèrement surexcitée, le cœur battant pour une raison inconnue, je poursuivis:
"Écoute.. Tu m'as dis toi-même que l'on ne vivait qu'une seule fois. Et que si l'on ne vivait pas ses rêves, autant se rendormir. Mes parents, mon quotidien, s'il te plaît, le temps d'un soir, oublions-les. Je n'ai pas envie de me rendormir moi. Puis, est-ce que tu as une meilleure idée à proposer? "
Je repris, têtue comme une mule, ton bras et te tira une enième fois désespérément. Tu ne manqua pas de te prendre le haut de la voiture dans la tête ce qui a eu pour répercution de te faire tomber sur moi. Nous rions. J'en profitais pour fermer la porte du coffre. Et allongée sur le dos, les bras derrière la tête, les yeux fixant le plafond, je m'assurais de ne rien manquer de ce doux moment intemporel d'été. Doucement, je me perdis dans mes pensées. Des pensées quelconques et quelque peu inutiles de personne essayant de faire comme si elle ne t'avait pas remarqué. Pourtant.. Je sentais bien ton regard posé sur moi. Et même sans le voir, je pouvais ressentir toute la bienveillance qui s'en dégageait. Puis sans crier garde, tu m'arracha de mes rêvasseries en profitant de mon inattention pour passer tes grands bras autour de mon corps imparfait qui se refroidissait à température ambiante. J'en sursautis d'étonnement. Nous qui jusqu'à présent prétextions n'être que de simples amis nous retrouvions soudainement très proche l'un de l'autre. Pourtant je n'étais pas gênée, là où, avec quelqu'un d'autre je l'aurais très certainement été. J'étais.. Étrangement bien. Et d'un coup, je me souvenis de tout. À une échelle partielle, mais je me souviens de tout.
De la chaleur émanent de ton corps réchauffant petit à petit le mien. De ta tête posée au creux de mon épaule. De ta main gauche posée maintenant sur mes hanches. Je me souviens de l'étreinte rassurante de ton corps sur le mien. De mon visage tourné en direction de la vitre droite de ta voiture qui donnait sur une ville silencieuse et sur un ciel d'été étoilé d'un milliard d'étoiles inatteignables. Je me souviens de ce vieux luminaires qui éclairait le trottoir sous lequel je pouvais distinguer la danse endiablée de deux papillons de nuit. De cette légère brise que je ne pouvais pas sentir mais qui agitait aléatoirement les branches dans les arbres. Je me souviens de cette forte lumière lunaire hypnotisante. Je me souviens du silence pour le moins intime dans ce véhicule. Je me souviens de tes poumons poussant contre les miens à chacunes de tes respirations. Du battement de ton cœur, légèrement plus rapide que moi, positionné face au mien. Je me souviens de la texture de ta peau sur la mienne. De cette chair de poule qui avait envahie nos deux corps enlacés. De ton souffle contre ma gorge. Et de ton parfum bien trop addictif bousculant tous mes sens. Je me souviens de ce soudain manque d'importance envers le reste du monde. Je me souviens des cliquetis de ma montre à gousset me reconnectant à cette réalité inéluctable qu'est temps. Mais surtout de cet arrêt de celui-ci et de l'espace quand tes lèvres innocentes se sont mises à bouger pour prononcer ces mots réparateurs qu'inconsciemment j'attendais désespérément depuis toujours et de ce dialogue idyllique entre toi et moi:" Je t'aime.
- *ris* Oui, moi aussi.
- Non, tu ne comprends pas. Je t'aime.
- ... Comment ça..? Tu "m'aimes"?
- Je ne savais pas comment te le dire.. Mais voilà, depuis le début, je t'aime.
- D'amitié tu veux dire, hein?
- Non.
- Ah je sais! De fraternité! Tu m'aimes comme ta petite soeur! Je le savais!
- Je t'aime d'Amour, Héléonor.
- Huh..?
- Je ne t'aime ni comme une amie, encore moins comme une sœur, mais je t'aime comme une épouse.
- Ah... Eh bien dis-donc! T'es sacrément saoûle mon cochon! Tu ne sais même plus ce que tu d- "Et avant que je n'eus finis ma phrase, tu t'issa au niveau de mon visage, et en particulier de ma bouche pour venir y déposer le plus inoubliable des baisers. Au-delà de mon premier, celui qui fût le plus passionné, le plus sincère, le plus bouleversant, le plus tendre, le plus magique, le plus beau, le plus désiré, le plus envoûtant, et surtout... Le plus amoureux. Et à cet instant et à jamais je compris que tu n'étais ni devenu fou ou déconnant. Mais bel et bien que ces sentiments refoulés au plus profond de moi, que je tentais tant bien que mal d'étouffer, étaient finalement partagés. Tous mes sens étaient à leurs paroxysmes. Mon cœur me chantait une nouvelle mélodie, celle de l'Amour réciproque. Enfin j'y goûtais. Tu dessaoula aussi sec en voyant mes larmes coulaient le long de mes joues rougies et t'empressa de t'excuser face à cet acte imprévu. Cela sans compter sur ma réponse :
" Je t'aime aussi. D'Amour et j'en suis sûre! "
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Je me souviens de tout.
Short StoryHey! Hey! Hey! Décidemment, toujours pas d'ordre logique de publication, vous m'en voyez désolée! 😜 Cette courte nouvelle que je vous propose aujourd'hui, narre l'histoire de la naissance d'un amour. À travers ces quelques lignes, j'ai essayé de...