ERREUR D'ENVOI

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La journée toujours déjà à sa fin lorsque je rentre à la résidence, les bras chargés d'un colis que je suis allée récupérer à l'accueil du campus. Je ne sais pas ce qu'il y a dans ce carton de la taille d'une pastèque mais je crois savoir de qui il me vient si je me fie à l'adresse qui est inscrite sur l'étiquette. Le destinataire habite en Australie. Je suis certaine que Lili est l'investigatrice de ce colis surprise. Ce n'est pas le premier que je reçois depuis que je suis rentrée aux États-Unis. La distance entre nos deux maisons ne l'empêche pas de m'offrir de petit cadeau.

En poussant la porte de ma chambre, je suis soulagée de constater que ma colocataire n'est pas là. Je pourrais très bien la supporter mais je suis tout de même bien contente lorsque nous ne nous croisons pas. J'ai du mal à subir ses piaillements quand elle est au téléphone avec l'une de ses nombreuses copines tout aussi snobes et sophistiquées qu'elle. Je n'aime pas non plus sa façon de me parler comme si chaque mot était un effort pour elle.

C'est donc le coeur léger que je referme la porte derrière moi et va me décharger de mon colis sur le lit. Je suis légèrement impatiente de découvrir ce qu'il y a dedans. Je connais ma belle-mère. Je m'attends à tout. Une fois, Lili a eu l'étrange idée de m'envoyer une plante de sa collection en espérant que celle-ci arriverait à survivre sans eau durant les vingt-quatre heures d'avion. Malgré sa bonne intention, la pauvre chose feuillu n'a pas survécu. J'ai pourtant essayé de la sauver en la gavant d'eau. La plante a fini à la poubelle.

J'ouvre donc le carton avec une certaine curiosité. J'arrache le scotch et le roule en boule avant de le jeter sur le sol. Ce que je trouve à l'intérieur me laisse perplexe. Du bout des doigts, j'expire l'une des deux caleçons qui est soigneusement plié.

C'est quoi ce délire ?

N'y comprenant rien, je fouille un peu plus dans le carton. Il y a un sweat-shirt sur lequel est dessiné un kangourou. Au dessus de l'animal, une inscription dit « Les kangourous, c'est cool ! ». Ce genre de trucs ressemble bien à Lili. En revanche, je ne comprends pas ce qu'un lot de caleçon fait là. Il doit y avoir une erreur.

Au fond du colis, je trouve un petit mot disant « Pour te rappeler ton chez-toi ». Ce doit être en référence au pull-kangourou.

Alors que je regarde les caleçons noirs d'un œil perplexe, on vient frapper à ma porte. Je délaisse le colis pour aller ouvrir. Je suis un peu paumée, là. Seulement, je ne suis pas au bout de mes surprises. Je découvre que mon visiteur n'est autre que Gabriel. Il tient dans ses mains un carton semblable à celui que j'ai reçu.

Sans même dire bonjour, il plonge la main dans celui-ci et en sort une petite robe à fleurs.

-Je crois que ma mère s'est trompé de destinataire, dit-il.

Face à l'ironie de cette situation, je ricane.

-Je viens de recevoir une paire de caleçon, rétorque-je.

-Intéressant.

-Et un pull disant « Les kangourous, c'est cool ! ».

-Super. J'espère que tu l'aimes parce que tu as reçu le même.

Sur ces mots, il fouille de nouveau dans son carton et en extirpe un pull identique à celui qui gît sur mon lit. Je manque de m'étouffer de rire. Cette situation est vraiment trop grotesque. C'est comme si le destin était intervenu dans cet échange de colis pour nous réunir, Gabi et moi.

Je me décale finalement sur le côté pour le laisser entrer.

-Je vais te rendre tes caleçons.

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