Un temps pluvieux et un étrange chauffeur

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J'avais froid. C'était un lundi matin de novembre, et comme tous les jours, je me rendais à l'arrêt de bus de la rue voisine de la mienne. Mais ce matin-là, une pluie fine et glacée effaçait peu à peu ma bonne humeur habituelle. J'étais seule, car ma voisine commençait une heure plus tard, et un brouillard épais m'enveloppait, ou plutôt m'étouffait. Le ciel était gris, sombre et menaçant. Autour de moi, les arbres dépourvus de feuilles paraissaient tristes. Des gouttes d'eau glacée perlaient de leurs branches dénudées. Je continuai tout de même à marcher. Sur le trottoir, un chat noir aux yeux couleur argent me regardait. Il était très beau. C'était le chat de mes voisins. Je m'approchai pour le caresser, mais il courba son dos, et ses poils se hérissèrent. Sans doute était-ce le mauvais temps qui le mettait de mauvaise humeur...

Je m'arrêtai à la station de bus. Au bout de quelques minutes, le véhicule arriva. Je montai à l'intérieur en même temps que d'autres élèves en lançant un « Bonjour ! » au chauffeur. Mais il ne me répondit pas...

Le bus roulait lentement, et un silence anormal alourdissait l'atmosphère. Dehors, le temps restait inchangé. Soudain, le bus bifurqua de son trajet habituel.

«-Monsieur, c'est pas par là ! » dit un jeune garçon au chauffeur. Mais le chauffeur ne l'entendit pas, ou peut-être ne voulut-il pas l'entendre...

A l'extérieur, le paysage changeait. Tout était désert... Je commençais à me sentir mal à l'aise. Alors que je me levais pour aller parler au chauffeur, le bus s'arrêta dans un grincement lugubre. Mes jambes se mirent à trembler ; j'étais vraiment très troublée, rien ne m'était jamais arrivé d'aussi étrange : j'avais l'impression d'être dans un autre monde.

Le chauffeur se leva lentement. Mon estomac se noua ; il y avait dans ses gestes quelque chose d'inquiétant, d'effrayant même. Alors, aussi lentement qu'il s'était levé, le chauffeur tourna la tête vers moi. Je pouvais voir qu'il était très âgé, malgré sa tête baissée recouverte d'un bonnet. Je pris mon courage à deux mains et fis trois pas vers l'avant. Ma gorge était sèche :
« -Euh... Excusez-moi... Monsieur ? »

L'homme releva la tête. Un frisson me parcourut. Sa peau était extrêmement bizarre, elle était comme chiffonnée sur ses joues et son front. Ses yeux, eux, étaient cachés dans leurs orbites. Sur son menton et son cou, on aurait dit qu'un enfant avait gribouillé, puis déchiré son dessin, pour ensuite le recoller, comme un puzzle qu'on aurait abandonné.

Cette vue m'inspirait la pire épouvante. J'eus envie de sortir du bus en hurlant, mais aucun de mes muscles ne répondait.

Au bout de quelques secondes, un râle lugubre sortit de sa bouche, suivi d'un : « -Oui ? » prononcé d'une voix si chevrotante qu'on eut cru qu'elle allait se briser.

Le nœud dans mon estomac commença à se dénouer.

« -Vous... Vous vous êtes trompé de chemin, ce n'est pas par là le collège L**** B******... dis-je d'une voix hésitante.

-Je sais, je sais, ne t'inquiète pas, je vais faire demi-tour... » me répondit-il d'un air tranquille.

« Ouf ! » me dis-je, soulagée. Puis je le remerciai. Je fis volte-face pour retourner à ma place, quand j'entendis le chuintement d'une lame sortant de son fourreau...

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Et voilà ! C'est la fin du premier chapitre de cette nouvelle !
J'espère qu'il vous aura plu! N'hésitez pas à me donner votre avis en commentaires!
Je publierai sûrement le deuxième chapitre la semaine prochaine !
Bonne journée, bonne soirée, ou bonne nuit à tous !

L'homme au visage déchiréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant