Chapitre 33 : Nuit mouvementée

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Ophélia avait la tête collée sur la vitre de la voiture et elle regardait le paysage qui défilait à l'extérieur. Les affreuses décorations de Noël pleines de lumières n'épargnaient aucun foyer, que ce soit les petites maisons tranquilles comme les grandes demeures à plusieurs millions de dollars. Les Père Noël escaladaient gaiement les murs et les guirlandes lumineuses auraient causé une crise d'épilepsie chez n'importe qui d'un peu trop sensible.

L'adolescente tomba dans un état de somnolence et le trajet sembla durer seulement quelques instants. Elle reprit pied lorsque Pepper ralentit devant la maison. Sa presque belle-mère fit le tour du parterre au centre de l'allée sur lequel reposait une statue qu'Ophélia détestait. Elle avait beaucoup critiqué ce machin au milieu de l'allée et elle avait dit à son père que ce n'était pas parce qu'il avait de l'argent qu'il devait le montrer en se faisant son rond-point personnel. Tony avait toujours fait la sourde oreille à ce sujet. Il trouvait l'œuvre de bronze merveilleuse.

Pepper se gara devant une peluche aussi hideuse que gigantesque qui était adossée à la maison. Ophélia sentit ses yeux s'écarquiller.

-C'est quoi cette horreur? s'exclama-t-elle. Pepper, il va falloir appeler l'hôpital psychiatrique, mon père perd tout son bon gout.

-Je crois que je vais vomir...

Les deux femmes entrèrent dans la maison en retenant leurs mimiques horrifiées.

-Navrée d'être en retard, lança Pepper, j'avais... Quoi? Qu'est-ce que c'est que ça?

Ophélia jeta un coup d'oeil vers ce qui avait interpellé sa belle-maman et vit l'armure de son père installée dans le canapé. Là, ça dépassait les bornes.

-Tu la portes à la maison maintenant? C'est quel modèle, le MARK 15?

L'armure se leva.

-Heu... ouais? Quelque-chose comme ça. Tout le monde a ses petits passes-temps.

-Bon bah je vous laisse, je vais faire mes devoirs! s'exclama Ophélia.

-Tu n'as pas de devoirs à faire, souligna la femme rousse.

-Tu me casses mon joli prétexte! Dans ce cas, je vais m'entrainer à utiliser mes pouvoirs. A ce qu'il parait je peux voler, je veux trop essayer.

-Interdiction de le faire depuis le toit! intervint son père.

Elle lui souffla un baiser du bout des doigts et monta dans sa chambre, histoire de laisser ses parents tranquilles. Elle monta dans sa chambre et déposa son sac sur le lit. Elle se rendit compte un petit peu tard qu'elle avait oublié son carnet dans le salon.

Ophélia n'était pas très organisée en soi, mais elle avait deux carnets dans sa vie qu'elle utilisait quotidiennement. Un rouge et un bleu. Le premier recensait toutes ses idées de créations et d'inventions, les plans, les calculs. Le second était plus récent et était utilisé à propos de ses multiples pouvoirs, des pouvoirs des personnes qu'elle côtoyait et à peu près tout le reste qui touchait à la magie. Une catégorie entière était dédiée à l'instructeur Azamat, surtout pour s'en plaindre, une autre était destinée à Eden, sur insistance de cette dernière, même si elle n'avait jamais mis les pieds dans un sanctuaire de sa vie. Sur la couverture, l'americano-coréenne avait calligraphié "Realta", le nom de super-héroïne qu'elle donnait à Ophélia. C'était ce second carnet qu'elle avait oublié.

L'adolescente redescendit aussi sec en espérant ne pas avoir à supporter une scène de bécotage. Surprise, le salon était vide. La cuisine aussi. Ils étaient au sous-sol? Mais qu'est-ce qu'ils pouvaient bien faire au sous-sol? La curiosité piqua Ophélia qui prit la direction de l'atelier en espérant ne pas faire une grosse erreur. C'était arrivé une fois, avec une fille d'un soir. Elle en faisait encore des cauchemars. Maintenant elle était prudente.

RealtaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant