– Papa est mort.Elle lui avait annoncé d'une traite. En trois mots bien articulés à travers la ligne téléphonique. Sans trembler, sans hésiter, sans sentiments. Et lui, il n'avait rien répondu. Parce qu'au fond, il l'attendait, cette nouvelle. Mourir d'un cancer, ça se préparait. Ça commençait et ça se finissait le même jour : par l'annonce de la maladie, l'hôpital, les innombrables chimiothérapies, la perte des cheveux, la pâleur, la faiblesse, les pleurs.
Ultia avait raccroché quelques silences plus tard, trop fatiguée par l'imperméabilité sentimentale de son frère. Elle n'avait pas la force de la supporter, ni de la confronter. Non, le deuil, c'était ce qui comptait.
Grey avait roulé un joint d'herbe, ouvert sa fenêtre en grand, s'était muré dans un silence qui lui était familier. De son petit appartement, il suivait du regard les passagers dans la rue. D'un œil absent il les observait lutter dans le froid hivernale et se démener contre le vent glacé.
La porte s'ouvrît et Juvia entra. Deux gros sacs de courses dans les bras et des yeux rougies par la tristesse. Elle était son contraire : trop émotive, trop démonstrative. Ses yeux, c'était le reflet de son âme. Les siens, c'était un mur de glace, un puit sans fond. Leurs regards se rencontrèrent dans le silence. Il tira une taffe de sa drogue. Elle enleva son écharpe.
– Ça va ?
C'était les premiers mots qu'elle prononça, sûrement trop directs, pas assez travaillés. Mais il s'en contenta, lui tourna le dos, s'accouda à sa fenêtre et se perdit dans le froid.
– Et toi ?
Juvia soupira. Elle rangea les quelques courses qu'elle avait faite dans le réfrégirateur puis ignora sa question comme il l'avait fait. Silver, c'était avant tout le père d'Ultia, Grey et Léon. Mais c'était aussi un peu le sien, à force du temps et des rires.
– J'ai ramené quelques bières.
La bleutée pensa que boire réconforterait. Elle décapsula deux bouteilles fraîches. Un courant d'air glacé vint à elle. Frissons, tremblements. Elle avisa son ami à manches courtes, le nez rivé vers l'extérieur.
– T'as pas froid, là ?
Elle savait sa question inutile. Parce que Grey, il n'avait jamais froid. Il aimait l'hiver, le mistral, les flocons. Elle le savait, mais elle tentait de combler le vide. De meubler ce silence trop étouffant. Muet, il tira une énième taffe avant de murmurer :
– J'suis bien. Tellement..., bien.
Juvia fronça les sourcils, lui tendit la bouteille, puis s'accouda elle aussi à la fenêtre. Son épaule frôla la sienne. Le froid l'assaillit. Elle aurait dû garder son écharpe. Grey but une première gorgée, amère.
– On sort, ce soir ?
Soupir. Énervement. Juvia était excédée. Grey ne mesurait pas l'ampleur des événements. Il lui fallait du temps pour réaliser, sûrement. C'était un gosse. Un gamin insensible qui avait grandi aux côtés de la Mort. Trop maladroit avec son ressenti, il ne connaissait pas l'attitude à voir.
– Non. Répondit-elle.
Sa voix cassante ne laissait pas place à la négociation. Grey huma l'odeur des cheveux de Juvia. Ils sentaient bons. Un mélange de citron, d'enfance et de nostalgie. Il pensa à elle. Et ça lui fit du bien. Puis il pensa à sortir.
– Natsu et Erza passent dans un quart d'heure.
Les épaules de la bleutée se crispèrent, elle mordilla sa lèvre inférieure, but plus qu'une gorgée de sa bière et avoua :
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La Fièvre
FanfictionGrey, il n'avait jamais froid. Il aimait l'hiver, les flocons, le mistral. Grey n'avait pas peur de la mort. Il était né avec. Mais le jour où elle se rapproche de lui, sournoise, la fièvre de la vie l'emporte. Disclaimer : les personnages appartien...