Après deux heures d'avion, j'atterrissais finalement sur le sol Londonien. Le contrôle des passeports passé, je me dirigeais vers le tapis roulant pour récupérer mes valises. Il me restait ensuite un peu plus d'une heure de métro avant de rentrer ''chez moi''. Alors que je m'étais jurée de ne plus jamais remettre les pieds là-bas, j'en reprenais le chemin. Techniquement, mon serment était honoré, parce que ma famille avait déménagé depuis mon départ, deux ans plus tôt. Je repérais mes deux bagages et les récupérais.
Je regardais le plan de métro pour me remémorer le chemin que Mary m'avait donné, lorsque je lui avais annoncé que je devais rentrer. C'était la première fois que je lui parlais depuis deux ans, et la discussion avait duré à peine deux minutes, entrecoupée de longs silences. Celle qui devait être ma mère essayait en vain de me faire parler sur divers sujets mais je ne voulais pas faire d'efforts pour elle. Pendant deux ans, elle n'avait jamais essayé de me contacter, et là, tout d'un coup, ma vie l'intéressait ? J'aurai été bien bête d'y croire. Si elle avait voulu de moi, elle se serait battue pour que je reste.
J'avais un changement de ligne à faire à Leicester Square, pour récupérer la Northern et descendre à Hempstead. De là, il fallait que je me débrouille avec les plans de la ville pour trouver Rudall Crescent, et trouver le numéro 23.
J'entrais dans la rame du métro après avoir acheté une carte et cherchais mes écouteurs dans mon sac. Je priais pour que la batterie de mon téléphone tienne au moins le temps du trajet. Les musiques s'enchaînaient et les stations de métro défilaient. Un homme qui devait avoir la quarantaine m'aida lorsque je dus changer de station en me prenant l'une de mes valises. Je détestais me faire remarquer, mais à cet instant, j'en fus très contente, étant donné la taille et le poids de mes bagages encombrants. J'aurais mis beaucoup plus de temps si j'avais été seule à traverser les sous-sols, mais dans le même temps, ça me rapprochait encore plus rapidement de ma destination.
Arrivée à Hempstead, je trouvais facilement mon chemin. « Ma » maison était sur deux étages, avec une porte bleue et un petit jardin à l'avant. Elle était jolie, ça serait mentir que de dire le contraire. Vivre ici devait être agréable. Mais pas quand on avait une famille comme la mienne. La maison voisine en était la symétrie totale. Je m'avançais vers l'entrée et sonnait. Personne ne vint. J'attendis encore dix bonnes minutes avant de me dire que, merde, je n'allais quand même pas sonner pour rentrer dans ce que je devrais considérer comme chez moi ! Mon élan retomba lorsque je réalisais que la porte était fermée à clé. Génial. J'allais devoir attendre. Je me laissais tomber sur les marches et observais la rue. Les maisons ne se ressemblaient pas, mais on voyait bien qu'il fallait avoir un paquet d'argent pour pouvoir vivre ici. Et de l'argent, Matt, mon beau-père, en avait. Je ne savais pas si c'était à cause de ça que je me suis toujours sentie à l'opposé de lui, mais c'était évident que son compte en banque faisait partie de notre différence. Ou plutôt de nos différences. Entre nous, c'était simple : aucun ne supportait l'autre. C'était physique. Et très clair pour nous deux. Ces prochains jours allaient être un véritable calvaire. D'ailleurs je m'étais souvent demandée si ma mère l'aimait vraiment, ou si c'était juste pour son argent qu'elle était avec lui. Ça devait être confortable de vivre sans se questionner sur les dépenses.
Une ombre s'arrêta sur moi, et je levais la tête : ma mère venait d'arriver. Elle semblait surprise. Je trouvais qu'elle avait vieillie depuis deux ans : elle avait plus de rides – malgré les nombreuses crèmes anti-âges qu'elle devait utiliser – et ses cheveux blonds étaient parsemés de mèches blanches. Je me levais.
- Salut.
- Bonjour Clélie. Je pensais que tu arrivais plus tard. Tu as bien voyagé ? Me demanda-t-elle avec son air de bourge coincé.
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19 Days
RomanceDepuis des mois, Clélie déménage de foyers en familles d'accueils, après avoir fuit le domicile maternel. Ne sachant plus quoi faire, l'assistante sociale chargée de son dossier lui demande de retourner passer deux semaines chez sa mère, à Londres...