Un pygargue à tête blanche troua un nuage. L'aigle noir survola en un battement d'ailes une immensité blanchâtre, frôlant un troupeau moutonneux et gorgé de pluie. Alors qu'il traversa une fois de plus la croûte nuageuse, une pluie fine s'annonça. L'eau perla sur son plumage noir, imperméable. Il rabattit ses longues ailes contre son corps et se laissa tomber. Ses plumes se plaquèrent contre son crâne alors qu'il se rapprochait dangereusement du sol. Le rapace rouvrit ses ailes, freinant sa chute non sans une certaine brutalité. L'air siffla et dans un battement puissant, il reprit un peu d'altitude.Les serres frôlèrent le bout d'une pique alors qu'il planait, il fit une embardée violente pour éviter l'étendard des Lancélion rouge où rugissait un lion. Il volait entre les lances d'une armée rutilante d'or.
L'aigle lâcha un cri strident lorsqu'il aperçut au loin celui qui était son maître. Battant des ailes vers l'intérieur pour stopper son avancée, il tendit ses membres jaunâtres en avant, se posant sur le bras recouvert de maille dorée de son maître. Il poussa un second piaillement aiguë et le roi tourna le regard vers lui. L'air impérieux, sa barbe fournie et châtain ainsi que sa couronne d'or ornée de rubis ne laissaient aucun doute quant à son identité. Ses yeux bleu glacé ne laissaient transparaître aucun trouble: il était le digne roi de l'armée du lion.
« Ton plumage est trempé Aniki... » Marmonna-t-il.
A ses côtés, un autre homme était assis sur la selle d'une jument bai. Elle était petite et agile, ses naseaux larges et son museau creusé étaient typiques des chevaux du Désert de Kunyûn. L'homme sur son dos était un elfe noir, sa peau était bleu foncé et ses cheveux, une cascade couleur nuit. Ses yeux rouges, couplés à tout cela lui donnaient un air inquiétant. Unique de sa race à appartenir à cette patrie, il était devenu, grâce à son intellect, le grand conseiller royal. Il posa sur son monarque un regard amusé.
« Il pleut, c'est un phénomène naturel que d'être mouillé par l'eau...
-Ferme ton clapet Amil ! Et au lieu de te gausser de moi, fais lancer l'assaut ! » S'écria le roi, visiblement tendu par la bataille décisive qui s'annonçait. Amil acquiesça et exerça une légère pression sur les flancs de sa monture qui n'avança que de quelques pas.
D'où ils étaient, le roi Lancélion, Amil Duran et Aniki pouvaient aisément voir les adversaires qui les attendaient. Des blocs d'argent noirs composaient les armures épineuses des opposants. Les unes à côté des autres, les lignes ennemies étaient composées d'elfes noirs, d'orcs et de diverses autres créatures aux aspects de nuisibles. Ils se regroupaient, collés, tel un mur devant leur chef.Monté sur un magnifique étalon large et musculeux, blanc, aux fanons fournis, Oris Sombreval, bien que derrière la cavalerie,semblait surplomber l'armée entière. Sa peau ne se discernait pas à travers son armure, à cause de sa teinte sombre et ses cheveux blancs lui couronnaient la tête comme l'eût fait une cascade de lait. Gracieux et fin, il était sans doute le plus élégant des soldats et un monarque digne de son titre.
Amil ne préféra pas le regarder. Il se savait considéré comme un traître par tous, en particulier pour Oris qui avait été très longtemps un de ses amis les plus proches. Après une grande inspiration, l'elfe leva doucement le bras, tous les regards étaient rivés sur lui et la tension augmenta d'un cran. L'air était saturé d'animosité. L'armée dorée s'emplit d'une soif de sang bestiale.Les hommes sentaient la bataille venir. Ils frémissaient d'impatience et de terreur. Amil, lui, était pleinement conscient que peu d'entre eux en sortiraient vivants. Il savait aussi quelle confiance absolue ils avaient en leur roi et leur patrie. Cette foi,l'armée adverse aussi l'avait, mais ils ne défendaient pas leur pays.
Amil abaissa le bras.
« Chargez ! ».Les soldats répondirent en canon dans un merveilleux brouhaha :
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Sang d'Elfe
FantasyFils du roi Rodric, Iris Lancélion est le second jeune prince du Royaume de Therberos. Au fond de lui, quelque chose de différent germe, quelque chose qui le pousse à emprunter des chemins peu orthodoxe et semés d'embûches.