Chapitre 26 : La grosse erreur

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J'ouvre les yeux sur un plafond tout gris. Et une douleur lancinante envahit mon crâne.

- Myla, souffle Livye.

Je suis dans ses bras. Elle marche rapidement et me lance un faible sourire.

- Elle s'est réveillé, lance la voix d'Aliwer juste devant nous.

Il s'arrête, m'observe sous toutes les coutures et range une arme dans sa poche de veste.

- Tu as une arme ?

Ma voix rocailleuse révèle ma surprise.

- C'est... Rien. Tu peux marcher ?

Je hoche la tête alors qu'une odeur infâme envahit mes narines. Livye me remet sur mes pieds.

- On a réussi à s'échapper de la cellule. On cherche la sortie grâce à une esclave, mais il se peut que ton père se lance à notre poursuite. Tu as l'air d'aller beaucoup mieux, tu peux te battre, si nécessaire ?

Je regarde Aliwer avec des yeux ronds.

- Je ne sais pas me battre... j'ai des notions de karaté, mais...

- C'est pas difficile, me rassure Yun-Caï. Si tu sais éviter les coups, mettre des coups de pieds dans les bijoux de famille...

La voix de la jeune asiatique me tire de mes questionnements et son lien avec Aliwer me revient en mémoire. Son ex-femme... Rien que d'imaginer ce qu'ils ont fait...

- Tu peux faire apparaître une arme au pire, lance-t-elle en haussant les épaules.

- Heu... Myla n'arrive pas à invoquer des objets. Je ne...

- Bien sûr que si, je réponds en coupant la parole d'Aliwer. J'ai déjà fait apparaître... des coussins.

- Mais tu...

- C'est vrai. J'étais là. On a sauté par la fenêtre à l'hôpital, confirme ma meilleure amie.

- Attends... Tu as utilisé ton don devant des humains ? demande le blond.

- Oui, mais on avait pas le choix.

- Oh non...

- Ils allaient m'arrêter ! Et quand Myla m'a tout raconté, ils ont compris que je n'étais pas humaine. On devait fuir.

Aliwer se colle contre le mur froid du long couloir et se frotte les yeux.

- Les humains voient nos actions d'immortels, articule Yun-Caï en montrant une jeune femme brune et toute frisée. C'est quelque chose qui est punie par l'Organisation.

J'avale ma salive rapidement et croise le regard de mon amie, l'air coupable.

- Je ne pouvais pas le savoir ! Mais c'est pas grave : comme a dit Aliwer, si on ne dit rien ils ne le sauront pas.

- Je pense que tu n'as pas compris, Myla.

Je m'avance vers lui et explose :

- Non, c'est sûr, non ! Je ne comprends rien, c'est vrai ! Mon père est un vrai pourri manipulateur, il nous kidnappe, nous séquestre et nous menace, alors après ça, désolée d'être perdue, merde !

- Je te l'avais dit dès le début : personne ne doit savoir !

- Je fais ce que je peux, ok ? Moi, je n'ai pas trois cent ans d'immortalité dans les pattes, monsieur ! Je te rappelle que c'est toi qui m'a rendu immortelle. Moi j'ai rien demandé et si je ne t'avais pas rencontré ce ne serai pas arrivé !

Il lève les bras et se rapproche, des éclairs dans les yeux :

- Je t'ai sauvé la vie, Myla !

- C'est faux ! Tu m'as privé de vivre normalement ! Peut être que de mourir des mains de Medhan c'est mon destin, à chaque fois, après tout ! Tu m'a figé dans le temps sous prétexte que tu m'aimes, mais ce que tu as fais c'est de l'égoïsme à l'état pur !

- J'en avais assez qu'au moment où tu me choisissais, tu mourrais... alors oui, penses que je suis égoïste si tu le veux. Une chose est sûre : je l'ai fait par amour pour toi. Parce que moi sans toi, je ne suis rien. Et je n'étais rien quand j'attendais que tu te réincarnes. Je rêvais durant cent ans de te retrouver. Que tu sois princesse, duchesse, fille de ministre... Je rêvais de tes yeux bleus comme l'océan, de ta peau douce comme une pêche d'été, de tes lèvres pleines que je chéri d'embrasser. Que tu sois dans une robe de satin, prête à danser sur du Boléro de Ravel dans les bras d'un homme fortuné ou en vieux pyjama dans ta chambre sur de l'éléctro.

- Parce qu'en plus, tu osais même aller la voir dans sa chambre. Quel obsédé !

Nous nous tournons tous d'un coup, sur Medhan qui tient un revolver dans sa main. On est encerclé par des dizaines d'hommes que je devine être immortels, tous armés aussi.

- Medhan, je lance les dents serrées.

- J'en avais marre de jouer au chat et à la souris avec le Maître, annonce le brun, le rictus aux lèvres.

Dans l'ombre, mon père surgit et s'avance avec son portable tendu devant lui.

- Maintenant que ces effusions de sentiments touchantes sont finies, on va discuter. Tu es populaire depuis moins de vingt quatre heures, tu sais.

Je lis son écran :

Deux jeunes filles sautent du sixième étage de l'USC Medical Center et atterrissent sur des coussins magiques.

Il lance une vidéo qui dure deux minutes : je me vois au dessus du vide, les yeux fermés et mes cheveux qui volent au vent. La vidéo amateur, filmée par un téléphone descend vers le sol herbeux et tout à coup, des dizaines de coussins apparaissent sous la stupéfaction des gens qui sont autour. Quelques secondes après, je me vois sauter dans le vide et dégringoler comme une feuille avant d'atterrir en bas sur les oreillers moelleux.
Je crie en direction de la fenêtre et peu après, je vois Livye qui saute, mais mon père arrête la vidéo.

- Tu te rends compte de ce que tu as fait ? Tu as révélé au monde notre nature, censée rester secrète, hurle-t-il.

Avant que je ne dise quoi que ce soit, sa main s'abat sur ma joue, avec une violence inouïe.

Nos Âmes ÉternellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant