Chapitre 5

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Et me voilà de retour avec le cinquième défi, qui consiste à écrire un texte à la première ou deuxième personne. Puisque que la deuxième personne apportait un bonus de point, je suis partie la dessus !

En espérant que ça vous plaira !

XxX

Le réveil sonne, bruyamment, soudainement, mais toi, ça fait longtemps que tu es réveillé. En fait, tu ne t'es même pas endormit. Tu ne dors plus. Tu n'y arrives plus.

Tu te tournes. À côté de toi, dans le lit, ton mari se lève. Il a encore l'air fatigué, ses cheveux sont en bataille, et ses yeux aussi rouges que sa chevelure. Il a encore pleuré. Tu le sais. Tu étais là. Tu l'entendais. Tu le voyais. Mais tu n'as pas pu le réconforter.

Il marche vers la cuisine, tu le suis. Vous ne vous dîtes plus bonjour. Il sort de quoi faire le petit déjeuner. Toi, tu n'entres pas dans la pièce. Tu sais qu'il ne prépare qu'un repas, pour lui. Et ton cœur te fait mal, très mal.

Tu restes debout dans le couloir. Tu as envie de pleurer. En fait, tu pleures déjà. Tu as l'impression de ne plus faire que ça.

Ton mari finit de manger, débarrasse la table, part vers la salle de bain. En te croisant, il ne tourne pas la tête, ne dit rien.

Tu ne dis rien. Les larmes bloquent ta gorge. Et tu restes là, debout, raide comme un piquet, à pleurer.

Puis l'homme que tu aimes revient, près à sortir. Il enfile ses chaussures, mais avant d'ouvrir la porte, il se retourne. Il regarde vers toi. Tu lui souris, même si tu pleures encore. Lui aussi à l'air triste. Il ne sourit pas. Tu le vois serrer les dents. Puis, il parle, la voix tremblante.

« J'y vais, chéri. »

Pas de réponse. Il baisse la tête. Tu l'entends renifler. Et il s'en va. Aujourd'hui aussi il rentrera tard. Comme tous les jours depuis celui de l'attaque.

Tu ne lui en veux pas. Tu comprends. Il se noie dans le travail pour ne pas penser. Tu le connais. Tu sais que s'il prend le temps d'y penser, il va craquer. Alors tu ne dis rien. Tu lui laisses de l'espace. Tu espères que les choses finiront par s'arranger. Tu te dis que le temps soigne toutes les blessures. Tu te dis qu'être près de lui, c'est le meilleur réconfort que tu puisses lui offrir.

Alors aujourd'hui encore tu passes la journée à la maison. Tu lis, tu regardes par la fenêtre, tu pleures, tu regardes les photos de vous. Mais surtout tu l'attends.

Tes yeux s'arrêtent sur un mur. Il est plein de photos, amassés au court des années. Certaines avec votre classe du lycée, la même pour trois années. Certaines de votre mariage. Tu souris. Tu t'étais coupé les cheveux pour l'occasion et tu avais même pensé à les teindre. Mais il t'a dissuadé. Il a toujours adoré tes cheveux blonds.

Puis tes yeux passent sur les autres cadres. Tu croises le regard d'un vieil ami. Comme il a l'air chétif, celui qui est devenu le héros numéro un. Ton sourire s'agrandit alors que tu continues ton observation. Vous avez tous beaucoup changé, tous grandit.

Arrive la nuit, et toi, tu l'attends toujours. Tu guettes son arrivé par la fenêtre, tu t'inquiètes. Et s'il avait eut un accident ? Mais comme tous les jours, la porte finit par s'ouvrir. Il rentre, l'air épuisé, toujours triste. Il mange seul. Toi, tu restes dans le salon.

Il revient, il s'assoit dans le canapé, à côté de toi, et il allume la télévision. Il écoute les informations, le regard vide. Tu te rapproches. Il ne réagit pas.

Puis la télévision se met à parler de l'attaque. Il se crispe et éclate en sanglot. Un cri lui échappe.

Cette attaque, ça fait presque trois semaines qu'elle s'est produite. Pourtant, tout le monde en parle encore comme au premier jour. Il faut dire que les malfaiteurs n'ont pas encore été arrêté. Car ce jour-là, un centre commercial a été attaqué. Les entrées bouchées, les clients et vendeurs prit en otage et quand les héros sont arrivés et ont réussit à entré, des explosifs ont fait sauté les fondations et le bâtiment. Il n'y a eut aucun survivant.

Pas même toi.

Toi, tu es mort ce jour-là, en essayant de sauver les innocents pris au piège.

Et depuis, chaque jour, tu les passes dans cet appartement. Et tu regardes ton mari pleurer, crier, te supplier de revenir. Tu ne peux rien faire, même pas le toucher.

Ce soir encore, tu essaies de le prendre dans tes bras, de lui parler. Il ne te sent pas, il ne t'entend pas. Toi aussi tu fonds en larmes. Tu voudrais tant lui parler. Tu voudrais tant le toucher. Tu voudrais tant le réconforter.

Mais ce soir encore, tu resteras impuissant, tes doigts passeront aux travers de ses bras, et tu hurleras sans que personne ne t'entende.

Et pourtant, demain tu seras toujours là. Car tu refuses de le laisser seul. Car tu refuses de laisser ses mots se perdre dans le vide. Car tu refuses de l'abandonner.

Et toi, petit fantôme, jamais tu ne le laisseras seul.

Sous les pétales pourpresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant