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Ezéchiel

Alors que j'allais ouvrir le dressing j'interrompt mon geste et m'assoit sur le lit tout en faisant signe à Mira de me rejoindre. J'attends qu'elle s'installe avant de reprendre :

— Il y a un truc que tu dois bien comprendre, je la regarde dans les yeux pour m'assurer d'avoir son attention et poursuis, si je te touche je le fais parce que c'est mon travail. Juste mon travail, rien de plus. La seule chose qui m'intéresse c'est la rentabilité pas ton plaisir, ni même le mien. Ne te trompe pas Mira, je travaille avec toi mais tu ne m'intéresse pas.

Elle se décompose sous mes mots et je me rends compte que j'ai sans doute manqué de tact. Elle se redresse un peu tout en s'étirant comme pour se redonner une constance avant de me demander légèrement moqueuse :

— Tu m'expliques vraiment tout ça pour moi ou c'est pour te rassurer toi-même ?

Je l'ai bien cherché celle-là, j'espère juste que Mira n'a pas perçu le trouble qu'elle a fait naître en moi. Evidemment que j'avais besoin de ce rappel pour que les choses ne dérapent pas. Qu'est-ce qu'il se passe avec elle bordel ? Je lui réponds cependant :

— Je veux juste que les choses soient claires.

— Elles le sont, tu ne m'intéresse pas non plus t'inquiète pas.

Visiblement elle veut pousser son avantage jusqu'au bout. Je retiens un soupir avant de me lever pour ouvrir le dressing. A mon tour de la mettre mal à l'aise, je la préfère vraiment quand elle peine à prononcer une phrase et qu'elle se retrouve à rougir. Si un portant vide pour le moment remplit les trois quarts du dressing l'espace restant est occupé par une succession de larges tiroirs. Je les entrouvre un à un tandis que Mira m'a rejoint pour regarder le contenu avec une certaine curiosité. La lumière tamisée de la pièce la pousse à finir d'ouvrir les différents tiroirs, elle y jette un bref coup d'œil avant de lâcher :

— C'est quoi ce bordel ?

— De quoi diversifier ton travail.

— Non mais je sais, c'est juste que... Je sais pas je m'attendais pas à autant de choix. T'es sûr de gérer seulement des filles et pas aussi quelques sexshops en plus ?

Donc en plus d'être maligne et plutôt craquante elle est drôle, bordel. Son rire se joint au mien tandis qu'elle fouille un peu plus dans les tiroirs. Ses yeux qui s'agrandissent régulièrement face à sa surprise continuent de me faire marrer et il me faut quelques minutes pour que je me calme. Mira referme les tiroirs avant de se tourner vers moi :

— Donc je vais travailler ici ?

— Oui. Je t'ai présenté John hier, il va passer demain et on verra ensemble plus en détail les prestations que tu proposeras. On fera aussi sans doute quelques photos au passage.

— Du coup je commencerais réellement à travailler après demain ?

— C'est en effet ce qui est prévu mais on en reparlera demain, finit déjà le formulaire pour aujourd'hui.

Pour la première fois de ma vie je crois que je regrette de manipuler quelqu'un. Dans les faits elle ne commencera pas réellement après-demain. Il est hors de question de lâcher sur internet une fille dont personne ne connaît les performances, surtout sans savoir si elle est réellement digne de confiance. Pour pallier à ça John a mis au point un système de simulation où la conversation avec les clients est gérée par certains de mes gars ou par des bots. Les filles rejoignent une vraie plateforme d'échanges seulement quand on les juge prêtes et elles ne savaient jamais exactement à quel moment.

Mira hoche la tête à mes mots avant de rejoindre le salon pour finir de remplir le formulaire. Je reste silencieux pour ne pas la troubler d'avantage mais j'ai hâte qu'elle termine pour prendre congé, elle m'a assez perturbé comme ça pour aujourd'hui. Quand presque une petite heure plus tard elle repose la liasse de papier sur la table je pousse un discret soupir de soulagement. Je me redresse et glisse les documents sous mon bras tout en lui expliquant :

TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant