Chapitre 7 : L'ombre d'un doute

270 36 42
                                    

"Rien n'est plus triste que la mort d'une illusion". - Arthur Koestler.

00 heures 00

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

00 heures 00

Vénus

Essuyant du revers de la main la fine couche de sueur qui recouvre mon front, je me replie sur moi-même, le regard vissé au mur et le corps vibrant de douleur. Je passe un doigt sur ma lèvre inférieur, tâtant la plaie béante qui l'entaille sur toute la longueur, et fronce les sourcils.

Je n'ose pas imaginer la tête que j'ai...

Gonflée de part et d'autres, du sang séché sur la moitié du visage, des hématomes se formant à diverses endroits, je dois être monstrueuse. Sinon carrément repoussante. Pour le coup, je n'aurais pas eu besoin de combinaison intégrale pour ressembler à un Alien... Et je ne parle pas de mon corps, qui, si j'en crois ma difficulté à bouger, est dans un état déplorable.

Bon sang, j'ai si mal.

Cela doit bien faire deux heures que mes ravisseurs sont partis. Bien deux heures que j'ai les doigts qui tremblent, le coeur qui tambourine, les yeux qui papillonnent et l'estomac retourné.

Bien deux longues heures que je lutte contre la perte de connaissance.

Je me suis sentie partir un nombre incalculable de fois. Mais l'angoisse, mêlée à l'appréhension qu'ils reviennent en découdre, m'a réanimée en sursaut aussi souvent qu'il était nécessaire. J'ai été tentée pourtant... Rien ne me serait plus salutaire que d'être inconsciente - ne plus ressentir de douleur est une perspective tout à fait alléchante - mais je ne suis pas sereine à l'idée d'être si vulnérable. D'être à ce point à leur merci. C'est pourquoi j'ai mordu ma joue toutes les fois où je me suis sentie sombrer.

Et je continue de le faire, encore et encore, me laissant parfois distraire par mes pensées...

J'ai de la peine.

Pour mon chien, Sparkle, un jeune Dalmatien recueillit il y a seulement quelques semaines. Juste avant que je ne quitte ma famille et emménage dans la ville où se trouve mon université, pour être plus exacte. Actuellement, il est seul, sans nourriture et sans eau... Abandonné dans mon appartement, à, sans nul doute, se demander si je compte revenir.

Là, tout de suite, j'aimerais le serrer dans mes bras. Le faire jouer avec sa nouvelle balle, le balader dans le parc ou l'écouter grogner contre la poignée de la fenêtre de chez nous, qui grince un peu lorsqu'il y a du vent. J'aimerais simplement être à ses côtés. Je ne sais pas exactement depuis combien de temps je suis ici, peut-être un jour ou deux, mais je suis quasiment certaine qu'il pense que je l'ai abandonné. Tout comme ses anciens propriétaires.

Et cela me déchire le coeur.

Je ne le connais pas depuis longtemps, mais il m'a apporté plus de bonheur en un mois que certaines personnes en toute une vie.

RÉSILIENCE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant