¤ Chapitre 4 ¤

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Léa

Le repas fini, Eva et moi nous dirigeons vers notre salle de classe. Notre prochain cours est allemand, donc Maeva n'est pas avec nous puisqu'elle suit le cours d'espagnol. Je crois que Matthieu aussi suit ce cours, mais je n'en suis pas vraiment sûre. Ce matin, lorsqu'il est entré dans la salle de classe, j'ai pensé qu'il était froid, voir arrogant, mais maintenant que j'ai mangé avec lui ce midi, je lui ai découvert une personnalité lumineuse, même s'il me paraît toujours aussi difficile à approcher. Il n'a parlé qu'à mes amis et moi depuis le début de la journée.

Je ne ferais pas l'hypocrite en niant mon manque de communication avec le reste de l'humanité. Cependant, je considère que parler avec plus de cinq personnes régulièrement est nécessaire pour entretenir une vie sociale active.

Ça ne fait qu'une matinée qu'il est dans l'école..., me souffle ma conscience.

Ma réflexion intense sur l'importance des relations sociales me poursuit jusqu'à ma salle de classe. Arrivée à celle-ci, je me dirige vers Matthieu pour faire plus ample connaissance, mais une fille, dont je ne connais même pas le prénom, me passe devant sans me voir. Si elle m'avait vu, vous pouvez me croire, elle m'aurait laissé passer devant, car tout le monde le sait dans ce lycée, je suis très facilement irritable et je suis légèrement violente quand quelqu'un m'énerve, et ils imaginent que ne pas me donner la priorité me mettra dans une colère noire. C'est idiot, mais je ne peux pas les empêcher de penser ça. Pour tout vous dire, j'ai déjà ouvert l'arcade sourcilière de mon frère, car il m'avait pris mon livre préféré alors j'imagine que ça en dit long sur mon caractère impulsif...

Je ne suis pas des plus faciles à vivre. Je suis susceptible, impulsive, je m'énerve très facilement pour des choses futiles, je suis impatiente, je suis une personne solitaire, qui n'aime que l'on fasse le travail à sa place, qui ne peut pas déjeuner avec quelqu'un qui parle trop fort sinon je deviens désagréable et je déteste par-dessus tout avoir tort. Donc je peux affirmer que je suis insupportable, mais attention, moi et moi seule peut exprimer ce genre de choses insultantes sur ma personne. Je ne laisserai personne s'en prendre à moi à coup de critiques plus déplacées les unes que les autres.

Je pourrais m'étendre sur ce sujet toute la journée, mais nous ne sommes pas là pour ça.

La fille, qui est blonde et plutôt petite, se dirige donc vers Matthieu en lui faisant des yeux de biche et en se penchant bien en avant pour mettre en valeur le décolleté très plongeant qui laisse apparaître son inexistante poitrine. Ne vous méprenez pas, je porte également une tenue assez provocante quoique nullement vulgaire à la différence de mademoiselle. Mais il y a, en portant ce genre de tenues, une attitude et une posture à avoir. C'est ce que ma grand-mère et ma mère m'ont toujours répété, en tout cas. Je suis persuadée que la tenue n'est pas en elle-même vulgaire, c'est simplement l'attitude que nous avons, filles comme garçons, qui la rend vulgaire. Chacun son style, et je dois bien avouer que sa tenue pourrait être jolie si elle ne minaudait pas comme une fille qui recherche de l'attention. Je hais ce genre de comportement. Matthieu ne semble pas non plus apprécier ces minauderies puisqu'il lui jette un coup d'œil puis souffle et lève les yeux au ciel, agacé, ce qui me permet d'ajouter une information supplémentaire à son sujet : il n'est pas complètement idiot, il sait choisir ses conquêtes.

— Salut Matthieu, l'interpelle 'Bambi' avec une voix qui se veut suave, mais n'est absolument pas séduisante, plutôt affreusement masculine et forcée.

— Oui ? On se connaît ?

— Non mais on pourrait apprendre à se connaître..., elle réplique en clignant des yeux, faisant se coller entre eux ses cils lourds de mascara.

— Je ne suis pas intéressé, merci...

— Mais...

— Eh 'Bambi', je la coupe en souriant malicieusement suite à ma provocation.

— Qu'est-ce que tu veux toi ? Tu ne vois pas que nous sommes occupés ?!

Tiens, vu sa façon de me regarder, elle ne m'aime pas.

— Nan je suis aveugle, et désolée de te décevoir, mais je ne compte pas partir.

Bambi me regarde avec des fusils à la place de ses yeux superficiels et Matthieu me regarde en faisant les yeux ronds comme on regarde un enfant qui dit des bêtises.

— Arrête, s'il te plaît, ça n'en vaut pas la peine avec des gens comme ça, il me demande en la désignant d'un regard avec un sourire réconfortant, dévoilant ses dents blanches avec un léger écart entre ses deux incisives.

Adorable.

Un nouveau bon point pour toi, Matthieu...

— Tu as entendu ? Il ne veut pas de toi ici, alors maintenant, tu nous laisses tranquilles, sale grosse !, elle m'attaque avec un sourire vainqueur, n'ayant sûrement pas compris qu'il parlait d'elle et non de moi.

Le poids des mots est plus fort que tout. Sa remarque me touche, je n'ai beau pas avoir de problèmes de surpoids ou de confiance en soi, ce n'est jamais agréable de se faire insulter de « grosse » ... Je ne comprends pas comment des personnes peuvent se permettre de critiquer les autres, personne n'est parfait et certainement pas les gens qui n'ont pas d'autres buts dans la vie que celui de pourrir celle des autres. À croire que leur vie est vraiment ennuyante...

Mais Bambi ne s'arrête pas là...Oh non, c'est bien le contraire et les mots qu'elles prononcent à la suite ne semblent pas avoir d'importance pour elle, elle les dit sans réfléchir, sans réfléchir à leur impact. Elle ne se rend pas compte que sur une personne mentalement plus fragile que moi, ces mots peuvent détruire, briser à jamais un individu.

Pas de chance pour elle, je suis loin d'être quelqu'un qui n'a plus la force de répondre lorsqu'on s'en prend à lui.

— Toi et ta bande de cons, vous n'êtes pas mieux que nous, vous le pensez juste. Ton frère est idiot, il a quand même redoublé. Toi, tes amies, vous êtes moches et puis vous êtes connes et vous ne savez pas vous habiller, et vous êtes des putes qui sucent tout ce bouge. Et toi Léa, tu ne mérites qu'une seule chose, c'est de mourir, personne ne t'aime et ne t'aimera jamais, en même temps vu ta gueule ça ne m'étonne pas, tu me donnes envie de vomir, tu es énorme, tu bouffes tout le temps, à croire que tu ne te rends même pas compte que tu ressembles à une baleine échouée sur une plage. Tu te crois intelligente, mais tu es loin de l'être. Nan, mais regardes toi Léa, tu fais peur à voir, elle m'enfonce sous mon regard ahuri.

Je ne sais pas qui elle est, mais je sais une chose : elle n'a aucune gentillesse en elle. Elle semble être le démon en personne à cet instant.

Alors que je ne réponds rien, incrédule, son sourire s'agrandit et le regard de Matthieu s'assombrit, il semble furieux. Il pourrait me faire peur si je ne savais pas que ce n'est pas vers moi que ses yeux flamboyants sont tournés. Il avance d'un pas et pose son bras sur mon abdomen et me fait passer derrière lui en se plaçant devant, me bloquant ainsi la vue, comme pour me protéger. Je me décale légèrement pour apercevoir la scène se dérouler sous mes yeux, comme au cinéma. Une aura dangereuse émane de lui, et vous pouvez me croire, il me terrifie à cet instant, mais je sais qu'il ne me veut pas de mal. Je m'appuie sur ses épaules pour mieux voir et le sens se détendre légèrement sous mes doigts.

Mais une chose est certaine, Bambi, tu ne vas pas rester gagnante pour longtemps, ma belle...

— Tu peux répéter ?, il demande en s'adressant à elle tandis qu'elle reste là sans bouger. J'ai demandé si tu pouvais me répéter mot pour mot les insultes que tu viens d'énumérer à Léa. Es-tu mieux qu'elle ? Es-tu mieux que qui que ce soit sur cette Terre ? Je ne crois pas non, donc j'aimerais bien savoir pourquoi tu t'en prends à elle, elle ne t'a rien fait, n'est-ce pas ?, elle ne répond rien et reste stoïque telle une statue. C'est bien ce que je me disais, alors ouvres grand tes oreilles et écoutes moi bien, car je vais te donner des conseils et je ne me répéterai pas : cesse de venir me parler car je n'ai nullement envie de faire des cauchemars de ton visage superficiel et je te conseille aussi d'arrêter d'insulter Léa ou tu risques et très rapidement de comprendre pourquoi il ne faut, jamais, au grand jamais, manquer de respect aux personnes qui comptent pour moi !

Ses yeux s'ouvrent en grand, comme s'il était lui-même surpris des mots qui sont sortis de sa magnifique bouche, tandis que Bambi part en courant, dévastée... 

B.O.M.I. - Boyfriend Of My ImaginationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant