L'après-midi qui suivit, nous étions allés au cinéma et j'étais rentrée directement après. J'avais promis à Tony une partie de Wii et il me harcelait pour que je rentre tôt. Entre temps, j'avais passé mon numéro à Sacha, qui s'était mise à me harceler dès l'instant où j'étais partie. Elle voulait faire une journée shopping demain après-midi. Lorsque mon frère s'était lassé de jouer, je lui avais répondu qu'il fallait que je vois avec ma mère si je pouvais continuer à sortir. Pourtant, quoi qu'elle ne me dise, j'en aurai certainement fait qu'à ma tête. Je ne voulais pas me l'avouer non plus, mais j'avais aussi l'impression de découvrir la vie. Tout ce qui semblait normal pour eux était nouveau pour moi. C'était comme si j'appartenais à une autre culture, dans laquelle les sorties se limitaient au stricte nécessaire. En réalité, c'était parce que je n'avais personne avec qui être dehors que je passais le plus clair de mon temps à la maison. Quelque part, j'avais peur qu'il y ait des codes dont je n'avais pas connaissance et qu'il aurait fallu suivre avec les autres humains. J'étais sur le hamac, dans le jardin derrière la maison et profitais des derniers rayons du soleil d'octobre, un livre sur les genoux, lorsque ma mère vint me rejoindre. Elle tira une chaise en bois et s'assit à côté de moi.
- Nous les menteurs ? Je ne connais pas. Fit-elle.
- Depuis quand tu t'intéresses à mes lectures ? Demandais-je.
Elle ne répondit pas.
- En fait, je suis venue te voir pour savoir si ça ne t'ennuyait pas de rester seule vendredi midi ? On est invité au repas de famille de Abbygaëlle, la sœur de Matt.
- Et moi, je suis donc la voisine de palier ?
- Référence à Harry Potter, bravo, je ne savais même pas que tu les avais lus.
- Il y a beaucoup de choses que tu ne sais pas maman, lui répondis-je amèrement.
- C'est Matt qui ne veut pas.
- Et tu te plie à ses envies.
- Ne t'aventure pas sur ce terrain, me menaça-t-elle.
- Au fait, je change complètement de sujet, mais est-ce que tu peux me donner des sous s'il te plaît ? Sacha veut qu'on passe l'après-midi vers Oxford Street demain.
- Sacha ?
- C'est une fille du groupe avec qui je passe du temps.
- C'est dingue, Tony m'a dit que tu ne t'étais pas fait d'amis en deux ans, et ici tu passes à peine quelques jours et tu as déjà une bande d'amis.
- Je ne suis pas sûre qu'on soit amis, mais j'aime être avec eux, même si ce n'est que pour deux semaines.
- Je mettrais des sous sur la table demain en partant. Mais j'aimerais que demain avant de partir tu fasses un peu de ménage et que tu t'occupes du repas, pour toi et pour Tony.
- Merci, pas de problème.
J'avais demandé en pensant qu'elle refuserait, puisque j'avais des économies. Lorsque je lui avouais, elle me regarda, réellement surprise.
- Enfin, Clélie. Même si c'est compliqué entre nous, tu reste ma fille. Tu ne m'as jamais rien demandé depuis que tu es partie. J'ai bien conscience que l'argent ne peut pas tout acheter et que ça ne changera pas nos relations. Mais ça serait mentir de dire que tu ne fais pas d'efforts : tu évites les conflits, tu te lèves le matin, mange aux mêmes heures que nous – quand tu manges à la maison. Alors je veux en faire aussi.
Non en effet, l'argent ne pouvais pas tout acheter. Même si j'étais contente qu'elle accepte, ça n'effacerait jamais toutes les mauvaises paroles qu'elle avait eu envers moi.
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19 Days
RomantikDepuis des mois, Clélie déménage de foyers en familles d'accueils, après avoir fuit le domicile maternel. Ne sachant plus quoi faire, l'assistante sociale chargée de son dossier lui demande de retourner passer deux semaines chez sa mère, à Londres...