-> Retrouvez ce one shot dans le recueil Spectres de lenghosted
« Vous avez un talent inouï pour la peinture jeune homme. » fit une dame tenant un éventail qui arpentait les rues d’un petit village à l’est du pays.
« C’est trop de flatteries, Madame. »
Une lueur singulière s’était installée dans l’atelier de Jeongguk, jeune peintre de la classe inférieure. Seules les quelques bougies éclairaient l’étroite pièce qui lui servait d’échappatoire. Il était âgé de vingt trois printemps lorsqu’il rencontra l’Empereur sadique, aux milliers de bijoux d’or et d’argent, de perles et de parures indécentes. Taehyung était le fils aîné du précédent Empereur Taejon le Guerrier. Son père était perçu comme un guerrier, à contrario de ce dernier que l’on surnommait le charmant dévergondé. Oui, l’Empereur faisait rougir toutes les femmes et tous les hommes de la Cour, il était si beau, magnifique, si élégant que personne ne pouvait rivaliser. On disait que la femme qu’il allait bientôt épouser se verrait être chanceuse à un point inimaginable. Quel contraste entre les deux personnages, l’un est si pauvre, négligé, réaliste et montrant d’un œil sordide la triste réalité. Et l’autre, il respire la noblesse, la richesse, les étoffes si coûteuses et les festins à foison. Jeongguk avait entendu parler de l’Empereur. Tout le village est à sa merci, ils travaillent et triment tous pour lui et son confort. La classe inférieure doit travailler pour la classe impériale si elle ne veut pas être exécutée de sang froid par la lame de l’épée du grand et honorable bâtisseur de cet Empire. D’innombrables gaze de soies vertes étaient importées ici, les habits de luxe couvraient largement la garde robe de cet homme à l’ego surdimensionné. L’impérialisme est traduit par la couleur Pourpre dit-on. Mais l’Empereur Charmant Dévergondé met en lumière plutôt cette teinte vert amande, celle qui semble bien se marier aux multitudes de fauteuils et lits ornés du palais. L’empereur connaissait le jeune peintre, effet du bouche à oreilles, alors il lui envoya une lettre recommandée.
Jeongguk, jeune peintre.
Je vous fais une commande ; un portrait de ma personne, habillé de ces gazes de couleur verte amande. Venez au palais demain soir, dès l’apparition du croissant de lune. Un pièce de confection sera mise à votre disposition.
C’était un envoyé de l’empereur qui lisait la lettre devant la porte de l’atelier. Jeongguk ne savait pas lire, et c’était plus que dommage. Il allait faire encore plus preuve de pauvreté aux pieds vernis de sa majesté. Quand on disait que l’empereur était orné de bijoux ça n’était pas que des mensonges : ils portaient quelques bracelets sur chacun de ses poignets, et des chaînes incrustées de joyaux à sa cheville gauche. Trois belles bagues en argent, surmontées d’émeraude ou de petit diamant pour ne pas dire chevalières entières. Il avait cette sorte d’habit traditionnel vert, et ce manteau en velours foncé presque noire sur le dos. Et quand il sortait dans les rues populaires où les paysans et roturiers étaient majoritaires, il portait toujours une espèce de capuche pour ne pas qu’on le reconnaisse. Bien évidemment la plèbe se disait que cet individu appartenait aux rangs des nobles et des aristocrates mais jamais ils ne pensaient à son Altesse Suprême en personne. Taehyung aimait regarder les ouvriers qui se tuaient à la tâche pour lui, pour faire fonctionner son Empire cette économie si gigantesque qu’il avait mis au point une fois qu’il eut accédé au pouvoir. Son père avait conquis de nombreuses terres mais pour lui ça n’était pas assez. Alors il fit soumettre à lui seul des nations entières. Son sadisme était reconnu de tous, son autorité intransigeante. On l’admirait autant qu’on le craignait. Pour les plus démunis c’était une vie infernale mais à l’inverse pour ceux qui avaient des moyens abordables, la vie n’était pas si terrible. Elle semblait convenable, voire même idéale. De strictes règles étaient établies au sein de l’immense royaume et quiconque s’opposait à L’empereur devait s’attendre à une punition des plus sévères : la pratique terrifiante du pal, certains se retrouvaient écartelés ou bien leurs têtes étaient à la vue de tous, au sommet d’un piquet sur la place publique. Une grande dictature dont le chef n’est autre que Taehyung.
Cette fois c’était le moment de partir, le jeune homme aux cheveux châtains pris la route et direction du palais quelques minutes avant que le croissant de lune décide de se montrer dans le ciel obscur et vaste. Elle illuminait les chemins de terre et les jardins du palais. Il faisait nuit mais ça n’empêchait pas aux nobles gens de la cour de s’aventurer près des palissades et des étangs remplis de lotus et de fleurs aquatiques. Les enfants des riches se permettaient de sortir dehors pendant la nuit, lors des heures tardives mais Jeongguk savait très bien que les enfants de bas rangs, ceux qu’il voyait le plus souvent entrain de mendier dans les rues du village, se faisaient interdire le droit de sortie tant qu’ils n’avaient pas récolté ou vendu ce qu’ils avaient à vendre pour aider leur ménage et leur famille. Le jeune homme s’interrogeant alors : pourquoi l’appeler lui, ce peintre au salaire minuscule et pourquoi ne pas demander à d’autres peintres aisés et célèbres ? Etait-ce la rumeur populaire qui disait que Jeongguk était un des jeunes hommes les plus beaux et les plus séduisants de l’Est ? L’empereur avait sûrement entendu de telles choses et il s’était intéressé de plus près à cette pauvre âme, dans cette maison qui ressemblait plus à un taudis qu’à un logement ordinaire qui soit dans les normes du royaume. Il avait longtemps pensé que les gens riches et surtout Taehyung ne comprenaient pas ce qu’était la vraie pauvreté, ils n’avaient pas la même vision des choses, les mêmes valeurs. Que jamais cette autorité funeste régie par un seul homme ne comprendrait la pauvre plèbe qui s’adonnait corps et âmes à l’apogée de l’empereur. Jeongguk avait su de la bouche d’un ami aussi précaire que lui que Taehyung n’était aucunement intéressé par les femmes et qu’il préférait les jeunes garçons de son âge. Lui, ne s’était jamais penché sur la question de son orientation sexuelle, cependant il s’était toujours dit que coucher avec des hommes, ne le dérangerait pas plus que cela. Peut être avait il une très grande tolérance. Il allait voir son empereur, faiblement vêtu et il allait devoir en faire un portrait des plus resplendissants pour ne pas se faire tuer ou torturer par les gardes qui accompagnaient Taehyung.
La salle du trône était extravagante, large, démesurée et une flopée de servants et servantes étaient alignés non loin du mur garni de pierre précieuse. Déjà à la seconde où leurs regards se croisèrent, Jeongguk ne put soutenir le sien. L’empereur était si charismatique et sa prestance envahissait tous ses sujets. Rien qu’un regard subtile et déjà les deux hommes savaient à quelles possibilités ils allaient faire face dans une pièce close. Ils ne serait que tous les deux, la tension serait sans doute présente. Le peintre mordit sa lèvre inférieure quand il sentait les yeux couleur émeraude de Taehyung parcourir tout son être. C’était sûrement une question de fantasme inassouvi, un désir qu’ils ne pouvaient réfréner aussi bien Jeongguk que Taehyung. Le plus jeune s’approcha, devant le trône impérial où le souverain de vingt-sept ans s’avachissait, les mirettes plongées dans celles du châtain. L’empereur avait beaux cheveux noirs et la fine soie verte amande qui recouvrait son corps ressortait si bien.
« Je suis enchanté de vous accueillir dans mon palais, » démarra t-il d’une voix puissante et rauque. Jeongguk sursauta, il ne s’attendait pas à un tel timbre.
« C’est un honneur votre Souveraineté. Je mettrai toute mon âme et mon dévouement à la confession de ce tableau. » assura le cadet, les jours rougissantes.« Es-tu déjà promis à quelqu’un Jeongguk ?
« Non mon bon seigneur. Si je devais être promis à quelqu’un ce serait à vous mon Seigneur. »
« Quel garçon intéressant. Je te trouve vraiment mignon Jeongguk. Sais tu ce que l’on dit de toi ? »
« Non votre Altesse Suprême. »
« On dit que tu es l’un des garçons les plus beaux de tous le pays. Il sourit enfin. Et cela ne m’étonne guère. »
Après avoir dit cela, il emmena Jeongguk dans la chambre qu’il verrouilla.
Comme demandé, l’empereur pria le peintre de préparer ses couleurs et ses toiles. Il s’allongea sur le matelas moelleux et les draps presque transparents. Jeongguk commença à peindre ; il trouvait ces traits exquis à dessiner, les détails ressemblaient beaucoup à des orgasmes visuels, et Taehyung le savait. Il voyait le visage du jeune homme s’empourprer de désir lorsqu’il retouchait la toile. Les draps étaient d’un vert-amande éthéré et si soyeux. L’empereur s’approcha de son peintre et lui chuchota d’une douce voix mélodieuse :
« Que dirais-tu d’être mon amant ? »« Que diront les gens ? » s’inquiétait le châtain.
« Les gens penseront ce qu’il voudront tant qu’ils ne le disent pas à voix haute. Car je peux très bien ordonner à leur exécution. » expliqua L’Empereur dévergondé.
« Vous n’êtes pas intéressé par un bel homme de la cour ? » demanda t-il.« Tu m’intéresses plus que quiconque, Jeongguk. Alors qu’en dis-tu ? »
« Vous me traiterez comme vous traitez les gens de plaisir ? Ceux qui vous accompagnent aux maisons closes. »
« Non, tu ne seras rien qu’à moi. » Il lui mordit le lobe. « Tu occuperas une place spéciale dans mon cœur. » termina t-il en apposant ses délicates mains sur le torse du jeune homme.
À cet instant, L’Empereur lui fit un léger baiser sur les lèvres et Jeongguk lui répondit par un autre un peu plus langoureux. Il était chose facile d’être amant de ce tyran, mais le châtain ne pouvait pas s’empêcher de se dire que puisque c’était de lui dont il s’agissait c’était différent. En plus d’être charmant et séducteur Taehyung était d’un strict maladif et pourtant à en croire ses paroles, il était complètement changé rien qu’à la compagnie du jeune peintre. Est-ce que ce dernier le changeait ? Est-ce qu’il changeait son cœur de pierre en cœur d’or ? Ou bien était ce une illusion des plus biens ficelées ? Tout compte fait, il avait peut être simplement été attiré par les travaux de ce jeune homme, tous ces dires à travers la contrée l’a fait se rendre en personne devant Jeongguk qui n’hésita pas un seul instant à accepter sa requête. L’avait-il fait parce qu’il était tombé sous le charme du maître ou bien parce qu’il avait peur des représailles et de la possibilité de se faire exécuter sur la place publique ? Un peu des deux, nous supposons.
Après tout c’était normal, ce scénario ressemblait un peu à l’histoire de Barbe-Bleue. À une exception près, il n’y avait pas d’acte défendu ou de pièce secrète. Mais puisqu’on disait que Taehyung aimait les pratiques particulières, on pouvait imaginer toutes sortes de choses. C’est ainsi que Jeongguk élevé dans un milieu précaire et désarmé, devint l’amant de L’Empereur.
Mais parce que sa toile une fois terminée avait omis le détail de faire l’étoffe d’une couleur vert-amande, il fut pendu, à cause de l’insatisfaction du Souverain inégalable.
Fin.
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ALMOND KISSES ᴠᴋ OS
Fanfictiontaehyung est un empereur sans pitié. Os présent dans le recueil SPECTRES de lenghosted. ©luliwoon.