Chapitre 7

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   Trois semaines s'étaient écoulées depuis, et je n'avais toujours pas eu de nouvelle de quiconque. Mon père, ma mère, ma sœur... Seul Dieu savait si ils étaient encore en vie. Plus personne parlait, même les plus bavardes. On était toutes épuisées physiquement et moralement. Les bombes tombaient de plus belle sur nos villes et les pertes s'accroissaient. Presque tout les jours, des alertes aériennes retentissaient. Des fois, même en pleine nuit, nous devions nous précipiter vers les abris anti-aériens.
Mais sérieusement, à quoi cela servait ? Un jour ou l'autre ces bombes allaient nous avoir. Nul pensait à lui-même. Nos pensées étaient vers notre famille. Un sentiment amer fusionné d'angoisse et de peur nous avait possédées. 


Mon pays brûlait sous mes yeux, et moi aussi. La tristesse m'enflammait, et je ne pouvais pas me sauver. Seul le Seigneur pouvait m'épargnait de ces fardeaux, qui chaque jour, devenaient encore plus lourds et plus douloureux à supporter.




Depuis ces semaines, je n'étais pas allée à la ferme, puisque la Kameradschaftsälteste m'avait envoyée avec Luise dans des familles où l'on devait garder les enfants et aider aux tâches ménagères. Apparemment, le silence suscitait aussi au sein de ces familles. Même les mômes qui autrefois, se lamentaient pour pouvoir sortir à l'extérieur, pleuraient en ces moments pour rester dans leur demeure, près de leur mère.

Je gardais des jumelles, Liselotte et Beata. Elles étaient âgées de huit ans, mais semblaient en avoir beaucoup plus. J'avais l'impression que la guerre nous vieillissait tous, ou peut-être que ce n'était pas qu'une impression et bien la triste réalité. J'étais avec elles dans la salle de séjour, pendant que Luise et leur mère étaient dans la cuisine. Les petites filles étaient assises autour d'une table en bois en train de dessiner.
Il faisait si froid dans la demeure, que je n'avais pas trouvé le courage d'enlever mon manteau. Je me demandais comment les petites brunes faisaient pour supporter un tel froid à leur âge. Elles avaient probablement l'habitude. Il faisait déjà presque nuit à l'extérieur. Ma camarade et moi allions pas tarder à rentrer. 


- Qu'est-ce que vous dessinez ? Demandai-je.

- Un dessin pour papa. Répondit la petite Beata.


- Oh ! Il sera ravi de les voir à son retour. Les yeux gris de la brune quitta la feuille qui était à l'origine une page d'un livre, pour se poser sur les miens. Elle commença à agiter le crayon rouge entre son index et son majeur sans me lâcher du regard.


- Papa est mort il y a deux ans. Déclara soudainement sa sœur jumelle sans lever ses yeux. Je fus subitement déconcertée. Je me sentais si mal d'avoir dit cela.

- Je suis désolée...


- Et toi, ton papa ? Revendiqua Beata toujours en me fixant.


- Et bien...Mon père est soldat. Il est au front. Il se bat pour nous, pour le Reich.


- Mon papa aussi était un soldat, mais il a été tué. Maman dit que tout les soldats finiront par mourir bientôt. Toi aussi ton papa va mourir.  Ses yeux me firent brusquement peur, et mon sang se glaça.
Je me figeai d'épouvante, et aucun son ne sortit de ma bouche. Je ne sais pas ce qui me choquait le plus à cet instant. Les propos affligeants ? Ou que de tels propos sortaient de la bouche d'une petite fillette ?

- Hilda on y va. M'appela Luise. Mais le choc m'empêcha de réagir rapidement. Pourquoi est-ce que tout le monde était devenu ainsi ? Était-ce moi qui avait changé ? Hilda !

L'Ange de l'Enfer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant