La station de St John's Wood est bondée de touristes. Je devais retrouver les autres ici et je n'eus aucun mal à les repérer : un géant ténébreux, une chevelure flamboyante, une petite blondasse, des yeux qui sortent de l'ordinaire et deux beaux gosses qui chahutent. Non mais ! A quoi je pensais ? Je les détaillais d'où j'étais, et m'attardais sur Adam. Jean noir, t-shirt, moulant, pour le plaisir des yeux, noir aussi, et une veste en jean foncé, à manches courtes. Il ne faisait pas froid cet automne, le soleil vint même caresser ma nuque lorsque je sorti de la station, mais il n'avait rien d'autre pour se couvrir. Je les rejoignis en sautant, mon sac balançant contre ma hanche. Ils sourirent en me voyant arriver de bonne humeur. Ce qui me fit plaisir. On ne m'avait jamais souri comme ça avant, juste en me voyant. Je me sentis un peu plus à ma place. Après avoir marché quelques minutes, nous étions arrivés devant les studios d'Abbey Road. Un bâtiment blanc, des escaliers et une porte d'entrée noire. La simplicité. Devant, les murets de l'enceinte étaient couverts de messages à l'intention des Beatles, ou en hommage à John Lennon. Certains étaient attentionnés a Pink Floyd, puisqu'ils y avaient aussi enregistré un album. Je décidais de faire la touriste – après tout, c'était ce que j'étais -, voulant prendre une photo sur le passage piéton, comme la pochette de l'album du même nom que les studios. J'entraînais les jumeaux et Adam dans mon délire, ravie qu'ils me suivent. Je retirais mes chaussures pendant que Charly se positionnait, mon appareil photo en main. Sacha nous regardait amusée, sur le trottoir. Après avoir traversé, prit notre photo et retraversé dans l'autre sens, je m'appuyais contre le muret, de l'autre côté de la route pour me rechausser, et Adam s'assit par terre.
- Ce serait le rêve d'enregistrer ici.
- A parce qu'en plus, t'es musicien ?
Il rit à ma remarque.
- Je joue un peu, du clavier.
- C'est bien, ça change des beaux gosses leader qui jouent de la guitare électrique ou de la basse.
Il arqua un sourcil, levant son regard vers moi.
- C'est comme ça que tu me vois ?
- Euh... Disons que je ne t'imaginais pas trop au clavier, et oui je te vois comme un peu le leader. Tu dis, les autres suivent. Pas tout le temps, mais t'es quand même à l'initiative de la plupart de nos déplacements non ?
- Et pour le beau gosse ?
Je lui souris innocemment, détournant le regard. Il ne pensait quand même pas que j'allais lui dire si j'étais sérieuse ou non ?
Je m'étais ensuite portée volontaire pour rester avec Ella chez le coiffeur. Peut-être qu'elle ne m'aimait pas, mais je voulais lui montrer qu'elle avait tort. Contre toute attente, je passais un bon moment avec elle. Je ne dirais pas qu'on deviendrait les meilleures amies du monde, mais c'était sympa. Pendant qu'elle se faisait décolorer les cheveux, j'appris qu'elle avait eu du mal s'intégrer parce qu'elle était née et avait passé une grande partie de son enfance en France, avant d'aller en Afrique, contrairement aux autres qui, même s'ils y allaient régulièrement, avaient toute leur vie ici. Elle s'était séparée de ses copains et s'était retrouvée seule à Londres. Jusqu'à tomber sur la bande.
- Bref, c'est grâce à Jimmy que je suis ici, on était dans la même classe. Et toi ? Raconte-moi ta vie un petit peu ?
J'évitais la question en lui disant que sa nouvelle coupe lui allait bien. Ce qui était vrai : elle s'était fait un carré et avait décoloré ses cheveux, qui étaient maintenant blancs. Elle le remarqua, fronça les sourcils, mais ne dit rien. Je ne pouvais pas savoir ce qu'elle en pensa, j'espérai juste qu'elle ne se mépris pas.
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19 Days
RomanceDepuis des mois, Clélie déménage de foyers en familles d'accueils, après avoir fuit le domicile maternel. Ne sachant plus quoi faire, l'assistante sociale chargée de son dossier lui demande de retourner passer deux semaines chez sa mère, à Londres...