La Flamme du coeur - Cadeau D'anniversaire (Réécriture)

Chapitre 4

Désormais nous voyions le monstre jusqu'à coude. Il était hideux, sa peau était verte couverte de verrues. C'était un ogre ? En tout cas il était dégoûtant et surement pas là pour jouer aux cartes. Sous mes doigts ma chaîne commençait à trembler, il fallait que je me mette à l'abri des regards. Les toilettes ! Je n'aurais jamais pensé dire ça un jour mais ce bâtiment malodorant allait me sauver la mise. Je m'élançai dans sa direction quand une main se referma sur mon poignet. Je me retournai et tombai nez à nez face au regard inquiet d'Eliona :

- Où vas-tu ? Demanda-t-elle la voix tremblante.

- Vérifier qu'il n'y a personne dans les toilettes.

- Je viens avec toi !

Je la regardai quelques secondes surprise, elle était morte de trouille mais malgré ça ne voulait pas me laisser seule. Je lui dis que tout se passerait bien, qu'il fallait qu'elle se mette à l'abri et que je la rejoindrais rapidement. Elle acquiesça à contre cœur et partit rejoindre Triss dans la cage d'escalier. Quant à moi je me précipitai vers les toilettes, mon collier brillait de plus en plus, je vérifiai qu'il n'y avait plus personnes puis me mis dans un coin. Peu à peu la lumière s'intensifia jusqu'à m'entourer complètement. Quand la vive lumière se dissipa j'avais disparu. Enfin disparu, j'étais toujours là mais pas dans mon corps. Je m'étais métamorphosée. J'avais de long cheveux argentés et des yeux verts émeraudes, mes lèvres étaient pulpeuses et roses, mes dents parfaitement blanches. J'étais légèrement plus grande et plus mince. Je portais une robe rouge pourpre, beaucoup trop courte, cintrée à la taille par une ceinture tressée. Une couronne de fleurs était posée sur ma chevelure. J'étais pieds nues et mes ongles, des mains et des pieds, étaient vernis en argent. Une liane était entourée autour de ma cheville et remontait jusqu'à ma cuisse, quelques fleurs étaient accrochées à la plante. Une autre était enroulée autour de mon second pied et de mon mollet. Mais le plus étrange était les deux ailes de papillons qui étaient collées dans mon dos. Elles étaient transparentes, brillantes et laissaient échapper des particules magiques, que je qualifierais de poudre de fée.

- Ho mon Dieu ! M'étranglai-je face à mon reflet.

J'étais devenue une fée ! Deux yeux verts me fixait dans le reflet, j'étais complètement pétrifiée d'étonnement. C'était ça le pouvoir de la gardienne ? Pouvoir changer de corps ? Un bruit sourd me sortit de mes pensées. Le toit des toilettes se fissurait. Un morceau se détacha et je me jetai sur le côté pour l'éviter. Je me relevai en jurant, avant de remarquer que les débris bloquaient la sortie. Je soupirai puis poussai un cri quand je vis, par le trou au plafond, un énorme œil noir me fixer. Le monstre se recula et passa ses gigantesques doigts par l'ouverture. Je glapis de peur en me baissant pour esquiver ses longs ongles qui auraient bien besoin d'une petite manucure. L'ogre émit un étrange bruit de frustration avant de se remettre à taper sur le toit pour agrandir la fente. La poussière tombait sur moi, je mis une main au-dessus de mes yeux pour les protéger et me mis à réfléchir à toute allure. La fenêtre ! Je me précipitai dans cette direction et attrapai le rebord à deux mains avant de m'hisser. Je passai la tête mais fut coincée aux épaules. Fichues ailes ! Je fermai les yeux pour me concentrer et portai toute mon attention sur cette nouvelle partie de moi. Je réussis en les recroqueviller et à passer dans la petite fenêtre. Je me laissai tomber lourdement hors du bâtiment. Le monstre était toujours occupé à casser les toilettes, il ne s'était pas encore rendu compte que je n'y étais plus. Tant mieux. Je me redressai et battis des ailes. Je me sentis décoller et ignorait le vertige qui me serrait le ventre. Ce n'était pas très pratique de voler quand on avait peur du vide. Je me reconcentrai sur l'ogre et m'élançai vers sa tête. Je vis alors pour la première fois son visage. Il était difforme et monstrueux. Sa mâchoire était en avant et de longues dents jaunes pointés de ses lèvres sombres. Il avait deux petits yeux noirs, totalement noirs. Je ralentis prise de nausée, il dégageait une odeur abominable.