Chapitre 50. La prudence des guerriers

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Chapitre 50.  

La prudence des guerriers

Lorsqu'elle parvint à leur lieu de rendez vous, la Reine l'ayant chargé d'espionner discrètement les rondes des gardes, elle la trouva en compagnie d'un jeune homme qui paraissait très mal à l'aise, il avait été ligoté très serré et quelqu'un lui avait enfoncé ce qui ressemblait à un mouchoir sale dans la bouche.

- Je l'avais oublié celui là avec Caricia qui se battait comme une fillette ! Il a essayé de me tomber dessus au moment où je m'y attendais le moins ! déclara fièrement Darkshadow.

- Comme si ça expliquait tout ! s'agaça Faliaka. D'ailleurs comment...

- J'ai trouvé une vieille corde par terre près du mur Nord, apparemment, une personne a risqué le tout pour le tout pour s'enfuir du château. Enfin je la comprends... Quand au bâillon, je l'ai déniché dans une des poches de ce manteau, il faisait trop de bruit alors...

- Une minute l'interrompit la fée, tu es en train de dire que tu as volé un manteau ?  Elle n'arrivait pas à y croire ! Elle ne pouvait pas s'absenter quelques minutes à peine sans que la Reine ne les mettent tous en danger et tout ça pour quoi ?

- J'avais froid d'accord ! Un des gardes l'a déposé là, comme s'il voulait me le donner ! se défendit Darkshadow.

- Et que va t-on faire s'il revient et constate sa disparition ?

Comme elle ne répondait pas, Faliaka poursuivit : il va donner l'alerte et nos plans tomberont à l'eau.

- J'ai compris ça suffit ! Mais de toute façon il croira que c'est un mendiant qui l'a pris ! grogna Darkshadow en s'éloignant, longeant les murs gigantesques qui constituaient le château.

- Où vas-tu ? s'énerva la fée en se précipitant sur ses talons, tu ne vas quand même pas abandonner le garde ici ! protesta t-elle.

La Reine fit volte face si brutalement que Faliaka fit un pas de côté pour éviter que leurs fronts ne se percutent.

- Si mes manières ne te plaisent pas, tu n'as qu'à t'en aller, à ta guise ! siffla t-elle. De toute façon je connais bien Andrew, moins nous l'avons dans les pattes mieux ce sera, je l'avais toujours soupçonné d'agir en secret pour le Maître, il a bien mérité de passer quelques heures dans le froid ! assura t-elle en se retournant.

Après un long soupir, Faliaka se décida à la suivre prudemment, cette femme était décidément exécrable ! Comment pouvait-on passer ne serait-ce qu'une journée en sa compagnie ? se demanda t-elle.

Comme elle tournait au coin du mur, elle se hâta de la rejoindre, elle ne vit donc pas l'énorme créature ailée qui se posait non loin de là.

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Laurental descendit avec souplesse de la selle du phénix, il caressa au passage sa grosse tête emplumée et Crocs Etincelants émit un bruit de contentement.

Il fixa ensuite ses gros yeux inquiets sur le guerrier, il voyait presque le courage battre au rythme du coeur de l'homme, une bravoure qui pouvait néanmoins lui coûter la vie.

Au loin, dans les ténèbres des plaines de Calangandi, on entendait des êtres hurler à la mort et des bruits de succion parvenaient jusqu'à eux.

Il ne faisait pas bon de parcourir les plaines à pieds, depuis que le Maître avait pris le pouvoir ici, plus rien n'était comme avant.

Laurental repensa à son si beau manoir, hérité de ses ancêtres, il avait d'ailleurs affiché des cadres qui les représentaient au deuxième étage.

Tous s'était battus pour leur peuple, tous étaient devenus des héros dont on contait les exploits dans les légendes.

Il avait même découvert que les grands parents de sa mère avait été des pirates à la recherche de trésors et d'aventures,voguant librement à travers les flots.

Enfant, il s'était imaginé des coffres entiers remplis de pièces d'or et de joyaux scintillants. Malheureusement, il n'en avait jamais trouvé au grenier.

Ses grands-parents s'invitaient parfois dans ses rêves. Un pistolet braqué sur lui, l'homme souriait, une boucle dorée pendant à son oreille. La femme quant à elle, regardait l'horizon avec une gigantesque longue vue.

Le moment était venu de les imiter, depuis son adolescence, on l'avait formé pour partir au combat.

Il s'apprêtait à venger sa soeur et celle dont il était tombé amoureux bien malgré lui : Angélica !

Le guerrier leva la tête sur le château environné de ténèbres, la neige qui s'était mise à tomber dès son arrivée dans les plaines de Calangandi, recouvrait l'ensemble du paysage d'un voile d'une blancheur pure.

Même la demeure du Maître semblait en attente de ce qui se préparait, tout était calme, les créatures qui hantaient les plaines s'étaient soudain tues, à l'affût...

Une larme perla au coin de son oeil, glissant sur sa joue pour atterrir dans le manteau neigeux.

- Angélica ! souffla t-il avec douleur, le regard rivé sur la plus haute tour du château. Il se promit de la retrouver, il donnerait sa vie pour elle, et si elle ne voulait pas de son amour...il ne verrait jamais plus les Royaumes !

Plutôt mourir que de vivre sans elle...songea-t-il.

Il se tourna lentement vers Crocs Etincelants qui l'observait avec compassion.

- Je ne peux plus vivre loin d'elle ! confia t-il au phénix.

Ce dernier baissa sa grosse tête. Il semblait comprendre plus que n'importe qui ce que le guerrier éprouvait.

Peut être avait-il lui aussi été forcé de laisser une belle compagne dans des contrées lointaines pour accompagner Faliaka dans sa mission ? se demanda Laurental. De toute manière, il avait pris sa décision, il était trop tard pour reculer.

Il contourna le château pour s'avancer vers la place principale à présent bondée de monde.

Personne ne sembla le remarquer, il se rappela alors avoir remarqué que les deux tours de guet étaient désertes tandis qu'il les survolaient du haut de CrocsEtincelants.

On dirait qu'ils ont tous été appelés ailleurs ! songea t-il en se courbant néanmoins pour qu'on le prenne pour un pauvre mendiant.

C'est une chance ! se dit-il.

Il ignorait qu'au contraire, la disparition des gardes était à craindre et que ceux-ci, répondant aux ordres du Maître fracassaient déjà la porte du forgeron, l'obligeant à produire épées, arcs, flèches et haches de guerre...

La Princesse des Monts VertigineuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant