Prologue

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« Ivanna » dit-elle froidement. « Son nom sera Ivanna ».

Quelques jours après la naissance de la jeune Ivanna, sa mère l'abandonna dans un orphelinat. Elle la laissa dans les bras d'Ode Gontrand, tourna les talons et s'en alla sans un regard. Ce fut la première et la dernière fois qu'elle vit cette femme. Ivanna grandit donc sans parents, et dû apprendre à vivre avec cette absence. Absence qu'Ode essayer a de combler au mieux, en lui racontant souvent leur première rencontre. Bien sûr, elle n'omettait jamais la froideur de sa mère, par souci de vérité, mais elle décida que tout au long de sa vie, la jeune fille devrait se concentrer sur le positif. Alors elle lui contait le premier regard qu'elles s'étaient échangé ce jour-là :

« Tu me regardais, avec tes deux petits yeux verts, les larmes coulant sur tes joues. Oh, tu savais très bien ce qui était en train de se passer. Mais tu ne criais pas, tu pleurais en silence. Et quand elle fut partie, tu tournas ta tête vers moi et me fit le plus beau sourire. »

Ode racontait toujours cette histoire avec beaucoup de passion et d'amour. Car elle comprit que la petite fille ne pleurait pas par peur de l'abandon, elle pleurait parce qu'elle était malheureuse dans les bras de sa mère. Mais comment un bébé de seulement 5 jours pouvait ressentir ça ? La réponse est assez simple. Ivanna avait un don. Voire même plusieurs. Ce qui aurait fait peur à n'importe qui, mais il faut croire qu'Ode n'était pas n'importe qui. Les pouvoirs dont la petite fille avait hérité lui donnait une bonté inégalable. Elle était dotée d'une grande empathie et sensibilité. Cela la rendait spéciale. Au début, elle ne montrait rien d'extraordinaire, mais peu à peu, ses pouvoirs prirent forme. Elle pouvait déplacer des objets avec son esprit, redonner vie à une fleur fanée, ou n'importe quel autre être vivant et surtout : créer. Créer était le plaisir de la petite fille. La directrice la revoyait encore jouer dans le grand jardin à créer des papillons multicolores, à gambader dans l'herbe qui lui arrivait aux genoux en essayant de les attraper, ses longs cheveux noirs et frisés dansant au rythme de ses sautillons. Les rayons de soleil venaient se déposer sur sa peau noisette et lui donnait une couleur dorée. On aurait dit un ange. Elle était si paisible et heureuse. Ode pensait souvent qu'elle avait réussi à rendre la vie de cette petite fille meilleure.

***

Elle se souvînt d'un jour, à l'aube de ses 6 ans, où une nouvelle fille arriva dans l'orphelinat. Ivanna était dans sa chambre, jouant avec la poupée qu'elle venait de créer, quand la cloche retentit. Elle ouvrit sa porte, traversa le long couloir et atteignit le grand escalier en bois. En bas des marches se tenait une petite fille rousse, au cheveux frisés, elle aussi. Elle se souvînt être resté très longtemps en haut des marches, regardant la petite nouvelle dans le bleu de ses yeux. Puis elle les descendit lentement, comme pour imprimer ce moment dans sa mémoire. Quand elle arrivât à la hauteur de sa nouvelle camarade, Ode prit la main d'Ivanna et lui dit, tout enjouée :

« - J'te présente Rosaria !

- Bonjour, chuchota Ivanna »

La petite fille n'était pas timide, non, elle se concentrait. Elle se concentrait sur Rosaria, essayait de savoir ce qu'elle aimait le plus au monde. Au bout de dix minutes à ne pas la lâcher du regard, ce qui mit tout le monde autour d'elles dans l'embarras, Ivanna eut un éclair de génie : l'espace. Elle leva donc sa petite main vers le plafond, tendit l'autre à Rosaria qui la prit avec incompréhension, et d'un geste peu assuré, fit apparaître l'espace. La petite rousse fut émerveillée. Elle porta son regard sur les étoiles qui l'entourait, puis sur Ivanna, puis sur les planètes colorée, avant de reposer ses yeux sur Ivanna. Les deux petites finirent par se lâcher la main, la tête toujours dans les étoiles :

« - Tu peux m'appeler Rosy si tu préfères. Et toi, tu t'appelles comment ? demanda la rouquine.

- Moi c'est Ivanna.

- Enchantée Ivanna ! »

Lorsque qu'Ode pris la main de Rosy pour lui montrer sa chambre, Ivanna resta dans le hall, attendant que toutes les filles s'en aillent. Quand elle fut enfin seule, elle regarda au-dessus d'elle, et eu une idée. Cet espace-là qu'elle venait de créer, serait désormais leur espace rien qu'à elles. Cela lui permettrait d'archiver et de matérialiser tous leurs plus beaux souvenirs. Et tout naturellement, le premier fut leur rencontre, à laquelle elle donna la forme de leur de mains entrelacées. Elle referma le poing, pour l'ouvrir à nouveau d'un geste sec et fit apparaître leurs deux mains. Elle les regarda, puis les envoya dans leur espace. Une larme coula sur sa joue, puis elle fit disparaître sa nouvelle création.

***

Les jours, les semaines, les mois passèrent, et les deux petites filles, devenues les meilleures amies du monde, continuaient de remplir de joie et de rire leur espace. Ode aimait les regarder jouer. Pour elle, c'était l'amour à l'état pur. Elle qui, passée quarante ans, n'avait jamais vraiment vécu un tel amour avec un homme. C'est sûrement pour ça qu'elle s'était lancée à corps perdu dans cet orphelinat, pour trouver l'amour, et donner de l'amour. Son aventure avait commencé à la fin des années 80, lorsque son dernier conjoint, avec qui elle espérait avoir des enfants, l'avait quitté. Désespérée, elle avait trouvé le moyen de se vider la tête en retapant une vieille maison bourgeoise. Cette maison était sur trois étages, très longue et toute en pierre. Avec du recul, elle ressemblait plus à un château, car elle avait quand même une capacité d'accueil d'une trentaine de personne. Ode décida alors de le dédier à des orphelines, car si aucun homme n'avait voulu avoir d'enfants avec elle, elle, en voulait plus que tout au monde. Evidemment elle dû faire beaucoup de papiers à l'Etat français pour déclarer ce projet un peu fou, car les orphelinats ayant disparu en France, il n'était pas chose aisée de trouver le bon interlocuteur. En 1991, plus précisément le 25 janvier, Ode accueilli sa première pensionnaire, qu'elle installa dans l'une des nombreuses chambres, toutes plus uniques les unes que les autres. La jeune femme pensait que les orphelinats avaient disparus car il n'y avait plus d'orphelin.e.s. Imaginez donc sa surprise quand, dans les semaines qui suivirent, une dizaine de petites filles arrivèrent pour loger chez elle. Mais elle était prête. Prête à prendre soin de ces enfants, peu importe les sacrifices. A partir de là, sa vie fut rythmée par les rires, les pleurs et les cris des jeunes filles qu'elle accueillait. Elle adorait sa vie. Elle vécue une vie heureuse et tranquille, jusqu'au 14 octobre 2002, où sa vie prit un virage serré : l'arrivée d'Ivanna, son petit prodige. Était-elle si prête que ça au final ?

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 29, 2021 ⏰

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