Je descendis les marches de la bouche de métro à toute vitesse, je passais les portiques avant d'arriver sur le quai et attendre. Nous étions en fin de journée, la fatigue, l'impatience et l'envie de retrouver son domicile se ressentaient. Les personnes sur le quai ont toutes une vie heureuse, mouvementée ou bien tristement banale que sais-je. Ce fut une journée calme, semblable à bien d'autres. La tiédeur de la vie coulait en mes veines, il s'agissait d'un ressenti encré en moi, une sorte d'accoutumance au gris. La nuit glaçante d'hiver était déjà tombée, chacune de mes expirations se transformait en une brouée éphémère qui se disséminait dans l'air. Un jour, j'aimerais juste pouvoir ressentir à nouveau le monde, comme auparavant. En ce qui me concerne, mon passé me consumait de l'intérieur, il me rongeait. Les souvenirs s'effaçaient, ils s'estompaient et j'aimerais tellement obtenir cette capacité à oublier les moindres détails qui flétrissaient mes sentiments. Lorsque le métro arriva enfin, une foule de personne se précipita à l'intérieur, je réussis à obtenir une place assise. Ce soir, je me rendais à mon quatrième rendez-vous chez le psychiatre. J'appréhendais cette séance car j'avais passé les précédentes à ne rien dire, juste à réfléchir à ce que je souhaitais exprimer. Il m'était impossible de poser le moindre mot sur ce que je ressentais. Je ne suis plus vivante, je suis juste une spectatrice de ma vie.
Je fermai les yeux, m'allongeai confortablement et je pris une grande inspiration avant de faire le vide dans ma tête pendant quelques secondes, je commençai à raconter mon histoire avec nostalgie :
« De toutes les personnes que j'ai connu, ce garçon a laissé son empreinte. Plusieurs fois j'ai pensé que je pouvais me relever, oublier et continuer d'avancer mais il revient toujours.
- Qui était ce garçon ? dit le psychiatre en griffonnant sur son bloc notes.
- Je me souviendrais toujours du sentiment de légèreté qu'il y avait, de l'innocence de nos paroles et de nos actes. Son nom était... il s'appelait..., fondais-je en larmes.
Le psychiatre, me regardait silencieusement et me proposa un mouchoir. Je restais muette pendant un court instant avant de regarder le ciel par la fenêtre et de reprendre.
- C'est difficile, de se remémorer de telles choses, d'affronter ce qui me ronge depuis des années mais j'en ai besoin.
- Ce n'est pas la première fois que je reçois des patients qui peinent à mettre des mots sur ce qu'ils vivent.
- Je veux juste sortir de ce tourbillon infernal, tout tombe en même temps, sans prévenir.
- Dans votre dossier une caractéristique revient souvent chez vous, c'est le fait que vous soyez très axée sur les questions du passé.
- Pourtant je n'ai pas l'impression d'être aussi obsédée par celui-ci ! m'exclamai-je.
- Le passé est ma spécialité, je pense qu'un thérapie s'impose pour vous. Madame Muller, fermez et les yeux et écoutez seulement le son de ma voix. Que feriez-vous si vous retourniez dans le passé ? »
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La Rose des Vents
Genç KurguA peine entrée dans la vie active, Lune est une jeune femme à qui tout réussit dans la vie. Pourtant derrière ce beau sourire se cache une vie remplie de drames et un passé tragique qui ressurgit sans cesse. La mystérieuse disparition de son ami re...