CURSE

900 86 21
                                    

Maudite.
Je suis maudite et je ne sais même pas ce que j'ai fais pour mériter ça.

Depuis petite, toutes les personnes auxquelles je m'attache meurt les unes après les autres. Ça aura commencé par mes parents, puis ma meilleure amie, mon premier amour, mon deuxième époux et finalement mon dernier amant deux mois après notre mariage...

Les gens pensent que je suis une croqueuse d'argent et que je ne cherche que la richesse. Après tout, les hommes avec qui j'ai été mariée étaient tous riches et à leur mort j'ai alors hérité de leur fortune. Tout le monde a alors commencé à croire que je les avais tués ou que j'avais causé leurs accidents. Tout le monde me déteste. Moi aussi je me déteste. Parce qu'au final ils n'ont pas vraiment tort. Ils sont tous morts par ma faute.

Pourquoi la mort les frappe-t-ils eux mais pas moi ? Pourquoi je suis obligée de souffrir autant. Je n'arrive même plus à pleurer tellement j'ai versé de larmes pour mes êtres bien-aimés. Ils ne méritaient pas ça. Ils me chérissaient, je les chérissais également et on me les a arrachés à chaque fois.

Ça fait un an maintenant depuis la mort de mon dernier mari. Je ne sors plus de chez moi. Je vis dans un manoir en haut d'une falaise, personne ne monte jamais par ici à part le facteur ou mes livreurs. Je ne quitte plus ce manoir car je suis une malédiction. Et si je croise le regard de quelqu'un et que cette personne quelque jours plus tard ne meurt d'un accident ? Je ne veux plus jamais infliger ça à personne. Je ne veux plus jamais m'attacher à personne. Quitte à mourir, vieille et seule ainsi je les rejoindrais tous finalement. Je pourrais m'excuser auprès d'eux, leur dire que je suis désolée de leur avoir apporter la mort.

Aujourd'hui je fête mes 29 ans. Seule comme d'habitude. Je n'ai plus rien, plus de famille, aucun amis — comment le pourrais-je — je n'ai que pour compagnie les cadres grisants de tous mes défunts accrochés dans les couloirs. Chaque jour, je sens le poids lourd de leurs regards sur moi. Chaque jour, j'ai toujours plus de remords qu'avant. Chaque jour, je perds l'appétit et je passe ma journée entière à m'agenouiller devant eux en demandant pardon. Je me tue à petits feux. Je ne mange même plus. Mais finalement n'est-ce pas pour le mieux ?

J'ai peur de la mort, j'en ai toujours eu peur. Pourtant aujourd'hui, je n'attends seulement qu'elle vienne enfin me chercher, qu'elle me libère de ce poids, de cette solitude, de ce monde. Je veux respirer.

La sonnette du manoir se fait entendre alors que je descends à peine les escaliers. Ce doit être le facteur...

D'un pas lent j'arrive jusqu'à la porte d'entrée, j'enfile mes lunettes de soleil noir ainsi que mes gants puis ouvre grand la porte. Je fronce légèrement les sourcils quand je vois devant moi, un jeune homme aux cheveux roses éclatants et à la carrure légèrement imposante. Il a un petit mouvement de recul en me voyant mais il se reprend bien vite en se tenant bien droit devant moi.

— Madame Eregion ? il demande d'abord avec incertitude.

— C'est de nouveau Heartfillia, à présent. je réponds simplement et il hoche la tête, l'air légèrement mal à l'aise.

— Je... Je suis le nouveau médecin qui prendra soin de vous à partir de maintenant, je viendrais tous les mercredis ainsi que les samedis.

— Qu'est-il arrivé au docteur Cobra ? j'ose demande même si je connais déjà la réponse.

— Eh bien... C'est assez délicat mais... il se mord la lèvre.

— Il est mort. j'achève sa phrase d'une voix neutre alors qu'il relève des yeux surpris vers moi.

CURSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant