Chapitre 5

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Réveillées tôt, elles prirent peu de temps à se préparer et retournèrent à l'Académie. Interrogeant une élève qui passait, elles purent rejoindre le secrétariat et y exposer leur requête. La dame au sourire jovial ne se fit pas prier pour rechercher « Elléa Nil'Urgiel ». Elle leur confirma qu'elle était bien élève ici et avait près de trois semaines d'absences non justifiées à son effectif. La jeune fille en fut très gênée et expliqua son histoire rapidement. Elle ne se souvenait plus de grand-chose et justifier cette aventure ne fut pas aisée. La secrétaire était d'ailleurs toujours sceptique mais accepta de les diriger vers un professeur qui pourrait les aider. Celui-ci ayant cours actuellement, elles devraient attendre la pause de midi pour lui parler.

Encore une attente. Celle-ci fut plus supportable. Elles firent le tour de l'Académie, admirant les plantes merveilleuses. Elléa leur fit une démonstration de son talent en créant une magnifique fleur de cristal, qu'elle déposa au pied d'un massif. La fleur ne serait pas éternelle, mais sa délicate beauté était renforcée par son aspect éphémère. La jeune fille leur confia qu'elle adorait dessiner des fleurs, dont elle adorait la fragilité. Lauwe fixait la marque sous son œil puis, n'y tenant plus, elle demanda :

- Des fleurs, comme ce symbole sous ton œil ?

- Quel symbole ? demanda-t-elle, intriguée.

- La fleur sous ton œil gauche.

- Je n'ai aucun symbole. Mais vous oui.

Elles ne comprenaient pas. Aucune n'avait de symbole. Si leurs souvenirs étaient flous, elles savaient avec certitude ne pas avoir de marque. Elléa dessina un miroir – elles ignoraient où en trouver dans cette ville – et elles purent constater qu'une marque était apparue durant leur emprisonnement. Un motif floral pour Elléa. Une lune stylisée pour Hanæ. Un flocon de neige pour Lauwe. Elles durent se rendre à l'évidence et ajouter un mystère à leur liste qui ne cessait de s'allonger.

Vint finalement l'heure du repas. A la sortie des cours, trois jeunes filles patientaient. Elles appelèrent le professeur lorsque tous furent sortis et il se montra agréablement surpris et soulagé de voir Elléa.

- Elléa ! Merci de ton retour à l'Académie, que faisais-tu ces dernières semaines ?

- Je suis désolée monsieur, j'ai eu beaucoup de problèmes et parmi eux, j'ai perdu une partie de ma mémoire. Je ne me rappelle que de détails. Êtes-vous l'un de mes professeurs ? Pourriez-vous nous aider ?

- Je suis ton professeur, oui, mais je ne vois pas en quoi pourrais-je t'aider.

- Un rêveur nous a expliqué qu'il était possible à un dessinateur de haut niveau de bloquer les souvenirs de quelqu'un. Bien que je ne voie pas pourquoi il le ferait, pourriez-vous nous indiquer si cela a effectivement été utilisé sur nous ?

Il accepta, intrigué. Il demanda simplement à ce que l'histoire lui soit racontée et elles se plièrent avec grâce à cette exigence. Tandis qu'il installait du matériel dans une petite pièce, les trois se relayèrent pour raconter leur étrange aventure. Lorsqu'elles eurent fini, le professeur invita Elléa à prendre place et s'installa face à elle. Il lui donna diverses consignes et lança le test.

Des lumières apparurent, Elléa grimaça, des sons explosèrent, Elléa gémit, des symboles apparurent, Elléa recula. Ce geste rompit l'expérience et le professeur afficha une mine inquiète. Il consulta un papier sur lequel semblait être affichés les résultats et se gratta la joue d'un air inspiré. Finalement, il dévisagea longuement son élève et déclara :

- Je ne sais pas ce que vous avez pu faire, mais tes souvenirs sont effectivement bloqués. Seul un très bon dessinateur pourrait accomplir cela. Il va falloir tirer cela au clair. En attendant, tu reprends les cours à l'Académie dès demain.

On ne peut admirer en même temps la lune, la neige et les fleurs [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant