Chapitre 6

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A la bonne date, la bonne heure moins deux d'avance, les trois jeunes filles était présentes. A cheval, lesquels supportaient également provisions, armes et affaires de rechange. On les orienta vers celui qui dirigerait le groupe. Il les prévint immédiatement qu'elles étaient là en tant que voyageuses. Prendre les armes ou désobéir leur était interdit. Elles voyageraient dans une charrette et leurs chevaux seraient utilisés pour permettre une rotation. Elles se plièrent de mauvaise grâce à ces exigences, surtout Lauwe qui, en tant que Frontalière, s'estimait au même niveau que ces hommes. Mais elles n'avaient pas le choix et étaient tout de même bien contente de poursuivre leur chemin.

Le voyage commença. L'avantage d'être dans la charrette était qu'elles purent admirer Al-Jeit et ses merveilles de tout leur soûl. Puis l'Arche. Le Pollimage. Le lac Chen. Ils retraçaient le chemin qu'elles avaient parcouru dans un sens. Mais au lieu de traverser le Pollimage en amont du lac Chen, ce fut le Gour qu'ils traversèrent. Le chef des Frontaliers les prévint qu'ils pénétraient en terre hostile et les filles sentirent une tension s'installer au sein du groupe. Une routine s'était organisée au début du voyage. Elles servaient d'aide pour les menues tâches, principalement au moment du dîner. Mais lors des rares soirées où tout le monde se rassemblait autour des flammes, elles étaient exclues des discussions. Lauwe boudait. Elle n'avait pas encore pu discuter avec des Frontaliers comme elle l'avait espéré. Elle n'avait pas pu utiliser Aneko. Et elle s'ennuyait. Leurs occupations se résumaient à observer le paysage, observer les Frontaliers, discuter entre elles et tendre l'oreille lorsqu'ils croisaient des voyageurs.

Mais puisqu'ils étaient désormais dans une partie hostile de Gwendalavir, leur quotidien se modifia. Afin d'alléger la charrette, elles tournèrent sur le dos d'un cheval blessé qui ne pouvait supporter une lourde charge. Monter leur procurait à toutes une sensation de liberté qu'elles savouraient pleinement. Et il se passa une chose, durant la troisième semaine de la traversée, qui changea tout. Ils étaient alors à mi-chemin entre le lac Chen et la Citadelle.

- Loups !

Toutes les têtes se tournèrent vers celui qui avait parlé, puis suivirent la direction indiquée. La silhouette très reconnaissable du canidé se détachait sur le ciel. Et il n'était pas seul comme l'attestèrent les ombres qui apparurent à ses côtés. Le chef des Frontaliers réunit un groupe de combattants et ils s'élancèrent à l'assaut. L'autre moitié restait autour de la charrette. Les loups étaient nombreux. Il s'agissait de Loups du Nord. Ils n'auraient pas dû se trouver si bas en principe, mais cela pouvait arriver. Ils se déplaçaient toujours en meute. Et celle-ci était particulièrement impressionnante. Les Frontaliers ralentirent pour éviter de laisser trop de distance entre ceux qu'ils tentaient de protéger et les attaquants. Ils firent bien.

La bataille s'engagea entre les fiers combattants armés de leurs sabres, qu'ils maniaient comme s'ils étaient nés avec – ce qui était presque le cas – et les loups, aussi agressifs que bien équipés question crocs et griffes. Leur masse impressionnante, comparé à leurs cousins des plaines était un atout qu'ils utilisaient fort bien. Les Frontaliers furent vite débordés. Et une partie des canidés s'élança vers leur objectif initial : le cœur du groupe. Mais ce dernier n'était pas moins bien protégé. Les Frontaliers qui étaient restés remplirent fort bien leur tâche. Mais cela n'aurait pas suffi sans l'intervention des trois voyageuses, incapables de rester immobiles devant un tel combat.

C'était Lauwe qui était à cheval, mais ceux qui étaient encore disponibles n'étaient pas loin et dès que les combattants furent occupés, Elléa et Hanæ sautèrent en selle et rejoignirent le combat. Elléa restait en retrait mais ses dessins eux, dévastaient le champ de bataille. Lauwe s'en donnait à cœur joie, ravie de constater que ses réflexes ne dépendaient pas de ses maigres souvenirs. Et Hanæ, telle une ombre aussi silencieuse qu'efficace, jouait du poignard. Elle virevoltait au milieu des loups, plantant une dague dans une œil, fouettant une patte et esquivant un coup de crocs. Des murs de flammes apparaissaient au gré de l'imagination d'Elléa, des pièges se refermaient sur leurs pattes, des casques leur occultait la vue. Elle savait finalement bien mieux dessiner que ce qu'avaient estimé ses professeurs ! Et Lauwe, plus heureuse que jamais de manier Aneko faisait des ravages. Son sabre fendait l'air en sifflant, s'enfonçait dans un flanc, estropiait une tête, tranchait tendons et muscles.

On ne peut admirer en même temps la lune, la neige et les fleurs [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant