« Et si nous acceptions de nous entendre? »

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Un vent glacial ballaya le monde vide dans lequel je me trouvais, entouré de panels de codes comme à mon habitude, cherchant une trace des bêtises de mon contraire. Cela faisait quarante-huit heures très exactement, que je n'avais plus acun signe de vie de sa part. Et sauf erreur de la mienne, c'était anormal. J'avais eu beau demander à Ink la veille, il n'avait pas su me répondre, et cela me faisait d'autant plus grincer des dents que l'accès à sa facette de ce monde m'avait opossé sérieuse résistance.
- Ça va sérieusement commencer à m'énerver si je ne te met pas la main dessus Eraser, crois-moi...
Grognais-je finalement en faisant disparaître les surfaces bleutées, mes phalanges tapotant le sol de rage tandis que je soupirais faiblement.
- Et si tu ne me trouve pas? Tu fais quoi l'abruti? Susurra une voix que je ne connaissais que trop bien.
Quand bien même j'aurai voulu lui faire croire que son arrivée surprise me laissait indifférent, je ne pus retenir mon sursaut, ni même mon exclamation de surprise. Faisant volte-face, mon regard se heurta au sien, comme à l'accoutumé tandis qu'il ne se retenait pas pour éclater de rire, en s'accoudant à sa gomme géante.
- Pauvre Shorty... Il a eut peur... Siffla-t-il en se rapprocheant, me faisant reculer par automatisme, jusqu'à ce que ma colonne heurte un mur... Depuis quand il y a des murs dans le Swap-Void?! Tiens, tiens... J'ai comme l'impression que tu ne cherches pas vraiment à reculer aujourd'hui...
- Tu n'as aucune impression! Tais-toi! Ne commence pas! Grondais-je, peu d'humeur à subir ses vannes déplacées à cet instant.
M'éloignant d'un bon avant qu'il ne réussisse à me toucher, je finis par me planter au milieu du vide, les bras croisés devant ma cage thoracique tandis que mon écharpe s'envollait encore, sans raison apparante.
- T'étais où encore? Qu'est-ce que tu prépares comme mauvais coup? Feulais-je, suspicieux autant que permis par les lois de l'univers.
- Oh ça va... C'est pas parce que je disparaît deux jours qu'il va forcément y avoir une catastrophe mondiale... Laissa-t-il entendre, une seconde avant qu'une détonation violente ne secoue le monde dans lequel nous étions.
L'assassinant du regard, il me fallut tout le calme du monde pour comprendre qu'il était blasé à cet instant, et que cela ne venait pas de lui... Pour une fois qu'il n'était pas en tort... Soupirant je pris la direction de ce qui semblait être une explosion, arrivant finalement à la séparation claire et précise de nos deux parties. Séparation qui se trouvait désormais dotée d'un énorme trou tandis qu'elle se fissurait.
- T'es vraiment sûr que tu n'y es pour rien? Parce que là, ça m'arrangerais en réalité... Finis par articuler, d'une voix pâle tandis qu'il s'arrêtait à mes côtés.
- J'aimerai bien te rassurer... Mais si je voulais être chiant, j'irai pas faire sauter la séparation de nos deux mondes... Rétorqua-t-il en croisant les bras.

Un instant passa avant que je ne sorte de ma léthargie et ne bondisse en avant, n'hésitant pas à passer de l'autre côté en essayant d'arrêter le problème, en vain semblait-il. Tout à ma concentration, j'entendis trop tard ce que me disait mon contraire, et quand il bondit en ma direction, couplant son mouvement d'une téléportation à l'instant même où sa main avait atteint et enserrer mon poignet, je cru frôler l'arrêt âmediaque, de très près.
- Mais ça va pas la tête?! Commençais en me retrouvant au sol, sous lui, avant d'entendre la séparation s'effondrer. Le fracas au son métallique me faisant me figer tandis que je fermais les orbites par automatisme.
- Mieux que toi en tout cas! Qu'est-ce que tu foutais en dessous?! T'es pas malade?? T'aurais finit en poussière si tu y étais resté! Et t'avais pas l'air de vouloir en bouger en prime! Grogna-t-il, furieux en me fusillant du regard.
Je n'avais pas besoin de le voir, puisque la brûlure de ce dernier me donnait l'impression de prendre feu, tandis que sur le côté de mon crâne, la ligne de code virait peu à peu au rouge. Il était trop proche, bien trop proche. Incapable de répondre quoi que ce soit, ni même de bouger, j'eus quand même un éclair de lucidité pour prendre conscience que sa main était posée sur mon épaule, et que les miennes ensserraient sa veste.
- Allô? Y a quelqu'un là-dedans? Murmura-t-il en me secouant légèrement, me faisant ouvrir une orbite, avant de la refermer aussi sec. Eh... Ça va? Tu commences à buguer Shorty... Si c'est la chute de la séparation qui te met dans cet état, y a juste à en refaire une, hein...
- M-Mais j'en ai rien à faire de ce truc! Réussis-je à articuler silencieusement en m'agitant légèrement, ne réussissant qu'à me rapprocher de lui alors qu'il fallait que je m'en éloigne.
Il dû le comprendre puisqu'il se redressa et s'écarta légèrement, après avoir défait l'emprise de mes mains sur sa veste. Un profond soupir de soulagement m'échappa alors que je m'enroulais dans mon écharpe. J'avais eu particulièrement chaud à l'instant, ce n'était pas le moment que les choses se sachent. Comme si mon ratio chance n'était pas déjà assez mauvais, une douce chaleur diffuse se propagea dans mon corps, provenant de mon bassin, me faisant couiner et me relever d'un bond, paniqué.
- Je... On verra plus tard pour la barrière! J'ai des trucs à faire! Laissais-je entendre avant de m'enfuir en courant, maudissant l'univers entier pour ce détail qui tombait au mauvais moment.
Ce fut au bout de plusieurs longues minutes de course que je pus me téléporter. M'assurant de brouiller les pistes en réapparaissant à une dizaine d'endroits différents avant de finalement me téléporter chez moi. Un lieu qu'Eraser ne connaissait pas, et que je réussissais à lui cacher depuis plusieurs années. Une fois dans l'entrée, je finis par me laisser glisser contre la porte, la verrouillant d'un éclat magique, haletant.
- C-Comme si c'était le moment! Hurlais-je en me prenant le crâne entre les mains, ayant vaguement l'impression de fondre de l'intérieur.
C'était peut-être un coup du sort, mais je préférais me dire que le surplus d'émotions était en cause, et non le contact trop rapprocher de mon contraire... Que j'avais laissé en plan comme à mon habitude. Ce n'était pas la première fois en réalité que je réagissais comme ça face à sa présence, ou à son contact. Cette pensée me fit gémir faiblement alors que je me redressais, chancelant, prenant la direction de l'étage.

« Et si nous acceptions de nous entendre? »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant